PAPEETE, le 3 février 2015 - La biodiversité en Polynésie est menacée, malgré les efforts des bénévoles pour sauver des dernières espèces endémiques encore en vie. Car la préservation en Polynésie est gravement sous-financée, tant au niveau européen, métropolitain que local.
L'association SOP-Manu a publié la semaine dernière un "Plaidoyer pour les oiseaux et le milieu terrestre de Polynésie française". Les ornithologues rappellent que 20 espèces d'oiseaux polynésiens sont menacées d'extinctions, dont 6 sont à un stade critique (moins de 250 adultes selon les définitions internationales). L'association assure que "si rien n’est fait, leur probabilité de disparaître dans les cinq ans à venir est de 50%."
Outre les oiseaux, ce sont aussi 294 des 612 plantes endémiques du fenua qui sont menacées d’extinction, entrainant avec eux les animaux qui dépendent de leurs fruits ou graines pour se nourrir.
Pour ceux qui suivent les aventures de Tifo, l'adorable monarque de Tahiti parrainé par Tahiti Infos, les causes de ce déclin sont bien connues : "ces oiseaux ont vécu plusieurs milliers voire millions d’années sans prédateur, ce qui explique leur comportement étonnamment confiant et leur situation alarmante : admirateurs ou prédateurs, ils se laissent approcher voire viennent à votre rencontre."
Comment sauver notre diversité
La SOP-Manu avance quatre principes simples qui, selon elle, permettront de sauver nos espèces endémiques :
1) Préserver les îles indemnes possédant encore une avifaune riche des espèces envahissantes qui la menacent en impliquant la population. Contre le rat noir, il ne reste que deux îles habitées indemnes, Rimatara et Ua Huka. En 2014 deux associations locales ont été créées par les habitants pour la préservation de leur nature. Une douzaine d'îles inhabitées sont également encore protégées.
2) Contrôler chaque année la prolifération des espèces envahissantes dans les îles infestées lorsqu’elle menace la survie des oiseaux endémiques qui y vivent. C’est le cas pour les Monarques de Tahiti et de Fatu Hiva, "qui appartiennent au club très peu envié des 30 oiseaux les plus menacés de la planète (sur les 10 000 espèces d’oiseaux répertoriées)."
3) Éradiquer les espèces envahissantes dans certaines îles clefs pour la survie d’espèces menacées lorsque c’est possible techniquement. Ainsi la Gallicolombe érythroptère, presque éteinte sur 4 des 5 dernières îles des Tuamotu où elle vit, va bénéficier d’une opération de restauration de six îles des Tuamotu-Gambier, "pour l’instant exclusivement financée par des fonds extérieurs (BirdLife International, l’Union européenne, la Fondation Packard, Island Conservation et Bell Laboratories)."
4) Communiquer pour faire sortir ces espèces de l’oubli "afin que les Polynésiens se réapproprient peu à peu leur patrimoine terrestre, mais également pour inciter les touristes à découvrir cette richesse."
A la recherche de financements durables
Mais comme souvent, l'argent reste le nerf de la guerre. L'association rappelle que sa petite équipe (4 salariés et 11 bénévoles dans le bureau) "s'épuise à la recherche permanente des co-financements et par l’ampleur de la tâche". La SOP a de nombreux donateurs, mais toujours pour des petites sommes, ce qui oblige à en chercher toujours plus : "autant de temps perdu que nous voudrions passer sur le terrain" nous confie un membre de Manu.
Dans son plaidoyer l'association reconnait les efforts consentis par la DirEn et le ministère de l'Environnement, mais souligne qu'elles "disposent de peu de moyens". Elle a aussi pu compter sur les fonds européens de BEST (un programme pour la biodiversité Outre-mer terminé en 2013, qui devrait être bientôt relancé), du Haut-commissariat, de fondations, associations et entreprises privées (comme Air Tahiti) et surtout de BirdLife International, qui avait lancé un appel international aux dons en faveur de Manu qui a récolté 5 millions de Fcfp en 2014.
Mais il s'agit à chaque fois de subventions versées une fois, dont il faut renouveler la demander et les dossiers. Le souhait de l'association : "des financements pluriannuels pour les espèces les plus menacées".
> LE CHIFFRE : 48 espèces ou sous-espèces d’oiseaux endémiques ont déjà disparu de Polynésie, il en reste encore 31 dont 20 sont menacées (la métropole entière ne compte qu'un seul oiseau endémique).
L'association SOP-Manu a publié la semaine dernière un "Plaidoyer pour les oiseaux et le milieu terrestre de Polynésie française". Les ornithologues rappellent que 20 espèces d'oiseaux polynésiens sont menacées d'extinctions, dont 6 sont à un stade critique (moins de 250 adultes selon les définitions internationales). L'association assure que "si rien n’est fait, leur probabilité de disparaître dans les cinq ans à venir est de 50%."
Outre les oiseaux, ce sont aussi 294 des 612 plantes endémiques du fenua qui sont menacées d’extinction, entrainant avec eux les animaux qui dépendent de leurs fruits ou graines pour se nourrir.
Pour ceux qui suivent les aventures de Tifo, l'adorable monarque de Tahiti parrainé par Tahiti Infos, les causes de ce déclin sont bien connues : "ces oiseaux ont vécu plusieurs milliers voire millions d’années sans prédateur, ce qui explique leur comportement étonnamment confiant et leur situation alarmante : admirateurs ou prédateurs, ils se laissent approcher voire viennent à votre rencontre."
Comment sauver notre diversité
La SOP-Manu avance quatre principes simples qui, selon elle, permettront de sauver nos espèces endémiques :
1) Préserver les îles indemnes possédant encore une avifaune riche des espèces envahissantes qui la menacent en impliquant la population. Contre le rat noir, il ne reste que deux îles habitées indemnes, Rimatara et Ua Huka. En 2014 deux associations locales ont été créées par les habitants pour la préservation de leur nature. Une douzaine d'îles inhabitées sont également encore protégées.
2) Contrôler chaque année la prolifération des espèces envahissantes dans les îles infestées lorsqu’elle menace la survie des oiseaux endémiques qui y vivent. C’est le cas pour les Monarques de Tahiti et de Fatu Hiva, "qui appartiennent au club très peu envié des 30 oiseaux les plus menacés de la planète (sur les 10 000 espèces d’oiseaux répertoriées)."
3) Éradiquer les espèces envahissantes dans certaines îles clefs pour la survie d’espèces menacées lorsque c’est possible techniquement. Ainsi la Gallicolombe érythroptère, presque éteinte sur 4 des 5 dernières îles des Tuamotu où elle vit, va bénéficier d’une opération de restauration de six îles des Tuamotu-Gambier, "pour l’instant exclusivement financée par des fonds extérieurs (BirdLife International, l’Union européenne, la Fondation Packard, Island Conservation et Bell Laboratories)."
4) Communiquer pour faire sortir ces espèces de l’oubli "afin que les Polynésiens se réapproprient peu à peu leur patrimoine terrestre, mais également pour inciter les touristes à découvrir cette richesse."
A la recherche de financements durables
Mais comme souvent, l'argent reste le nerf de la guerre. L'association rappelle que sa petite équipe (4 salariés et 11 bénévoles dans le bureau) "s'épuise à la recherche permanente des co-financements et par l’ampleur de la tâche". La SOP a de nombreux donateurs, mais toujours pour des petites sommes, ce qui oblige à en chercher toujours plus : "autant de temps perdu que nous voudrions passer sur le terrain" nous confie un membre de Manu.
Dans son plaidoyer l'association reconnait les efforts consentis par la DirEn et le ministère de l'Environnement, mais souligne qu'elles "disposent de peu de moyens". Elle a aussi pu compter sur les fonds européens de BEST (un programme pour la biodiversité Outre-mer terminé en 2013, qui devrait être bientôt relancé), du Haut-commissariat, de fondations, associations et entreprises privées (comme Air Tahiti) et surtout de BirdLife International, qui avait lancé un appel international aux dons en faveur de Manu qui a récolté 5 millions de Fcfp en 2014.
Mais il s'agit à chaque fois de subventions versées une fois, dont il faut renouveler la demander et les dossiers. Le souhait de l'association : "des financements pluriannuels pour les espèces les plus menacées".
> LE CHIFFRE : 48 espèces ou sous-espèces d’oiseaux endémiques ont déjà disparu de Polynésie, il en reste encore 31 dont 20 sont menacées (la métropole entière ne compte qu'un seul oiseau endémique).
Les espèces introduites qui anéantissent nos oiseaux
Le trio d'oiseaux "merles, bulbuls et éperviers" entrent en compétition avec les espèces natives, ou les chassent. Merles et bulbuls sont parmi les 100 espèces les plus invasives de la planète. Il faut y ajouter les plantes introduites, les rats noirs, les cochons, les chats retournés à l’état sauvage et les petites fourmis de feu qui sont des prédateurs des oiseaux ou détruisent leur environnement.
La stratégie néozélandaise
La SOP-Manu rêve que la Polynésie adopte une stratégie "écotouristique" comme la Nouvelle-Zélande, pour préserver durablement notre biodiversité : "Cette diversité unique et fragile contribue à l’originalité et à la beauté du territoire. Nos voisins de Nouvelle-Zélande ont bien compris l’enjeu et créé un Département de conservation. Les randonnés dans les aires ou les îles sont de réelles attractions et les produits dérivés mettant en avant l’avifaune ou les plantes sont à l’origine de toute une industrie florissante. Un seul mot, kiwi, symbolise cette stratégie." La SOP estime que 10 000 touristes pourraient venir chaque année en Polynésie pour observer nos espèces endémiques.
Le trio d'oiseaux "merles, bulbuls et éperviers" entrent en compétition avec les espèces natives, ou les chassent. Merles et bulbuls sont parmi les 100 espèces les plus invasives de la planète. Il faut y ajouter les plantes introduites, les rats noirs, les cochons, les chats retournés à l’état sauvage et les petites fourmis de feu qui sont des prédateurs des oiseaux ou détruisent leur environnement.
La stratégie néozélandaise
La SOP-Manu rêve que la Polynésie adopte une stratégie "écotouristique" comme la Nouvelle-Zélande, pour préserver durablement notre biodiversité : "Cette diversité unique et fragile contribue à l’originalité et à la beauté du territoire. Nos voisins de Nouvelle-Zélande ont bien compris l’enjeu et créé un Département de conservation. Les randonnés dans les aires ou les îles sont de réelles attractions et les produits dérivés mettant en avant l’avifaune ou les plantes sont à l’origine de toute une industrie florissante. Un seul mot, kiwi, symbolise cette stratégie." La SOP estime que 10 000 touristes pourraient venir chaque année en Polynésie pour observer nos espèces endémiques.