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Shark Feeding : Un moniteur de plongée se fait mordre par un requin


une image de hand feeding récupérée sur la page facebook d'un club de plongée local
une image de hand feeding récupérée sur la page facebook d'un club de plongée local
PAPEETE, le 03 mai 2017 - Lundi, un moniteur s'est fait mordre la main par un requin lors d'une sortie sur le site de la vallée blanche à Faa'a. L'homme a dû être opéré.

Lundi matin, lors d'une sortie "exploration en plongées successives sur le site de la vallée blanche", un moniteur de plongée s'est fait mordre la main par un requin. Le site est connu pour être un lieu où se pratique le shark feeding.

"Le requin a voulu lui arracher le gant"

L'homme a dû être opéré. Selon nos informations, ce n'est pas la première fois que ce moniteur a des incidents avec un requin. Connu pour faire du shark feeding, le plongeur serait descendu sans nourriture, mais avec le mauvais gant. Le club en question nous donne sa version des faits : "Il s'est trompé de gant et est descendu avec celui en laine, dont on se sert pour toucher le poisson. Le gant était imbibé de sang. Ce n'est pas une attaque, mais plutôt un accident. Le requin a été attiré par le sang du gant et il a voulu arracher le gant." Notre interlocuteur ajoute : "Ce sont des plongées particulières, il faut faire attention. On n'a pas le droit à l'erreur. C'est un malencontreux accident. Il a du se faire opérer et s'en sort avec une dizaine de points de sutures"

Nicolas Buray, du club de plongée Tahiti Shark Expeditions, indique : "Cette pratique a également des limites à ne pas franchir, au risque de tomber dans des dérives n'assurant plus une sécurité optimale des plongeurs. Ces derniers mois, quelques requins-tigres sont venus au contact des plongeurs avec plus d'aisance que d'habitude. Ne voyez pas là une envie de la part du requin de venir "mordre du plongeur", mais plus la conséquence de l'une de ces dérives : le nourrissage à la main." Concernant l'accident, le spécialiste des requins ajoute : "Heureusement, ce feeding à la main ne concerne qu'un seul moniteur irresponsable, et ne remet pas en cause la volonté des autres centres de vouloir pratiquer cette activité de manière raisonnée." Pour de nombreux moniteurs interrogés, cet accident n'est pas une surprise, "c'était sûr que ça allait arriver", indique l'un d'eux. Un gérant de club de plongée s'agace : "J'ai peur que ça ne finisse avec un accident sur un chasseur ou un baigneur. Si par malheur cela devait arriver, ce sera forcément la faute des requins et non pas de gens qui les nourrissent. Ce n'est pas normal que des requins s'approchent autant de l'homme sans en avoir peur !" Chez Sea Shepherd, les avis vont dans le même sens :"Si on tolère le shark feeding, il faut au moins le réglementer. Aujourd'hui, les pratiques ne sont pas contrôlées en dehors du lagon. Si on attend qu'il y ait un accident grave, ce sera trop tard. Il faut faire la réglementation avant."

"Le shark feeding n'est pas complètement condamnable, il présente des avantages. Mais il y a des pratiques qui, elles, sont dangereuses et pour faire simple le hand feeding, le nourrissage à la main, est problématique", explique Éric Cluat, directeur d'étude au sein du Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement (Criobe), spécialiste des requins. "Par rapport au nombre d'interactions qu'il y a en Polynésie entre hommes et requins, il y a très très peu d'accidents. Il ne faut donc pas jeter l'opprobre sur le shark feeding en général, ce n'est pas mérité, il y a des gens qui travaillent très bien."

En Polynésie le shark feeding est interdit dans le lagon et à un kilomètre des passes. Au-delà, il est autorisé et il n'est pas réglementé. "Actuellement, il y a un groupe de travail sur l'écotourisme animalier qui étudie la question de la réglementation du shark feeding afin de mieux cadrer les pratiques. Aujourd'hui, il y a très peu d'accidents en Polynésie et les quelques accidents qu'il y a sont liés à de mauvaises pratiques qu'on aimerait mieux gérer, voire interdire", conclut le chercheur.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mercredi 3 Mai 2017 à 17:31 | Lu 51159 fois