Tahiti Infos

Sévrine Labelle : “Une organisation est comme un organisme vivant”


Sevrine Labelle - Crédit : Véronique St-Amant
Sevrine Labelle - Crédit : Véronique St-Amant
TAHITI, le 30 mai 2022 - Sévrine Labelle est P-dg d’Evol. Elle interviendra au Tahiti congrès le 1er juin pour faire part de son expérience. Pour elle, l’humain est au cœur de toute évolution, de tout changement et du fonctionnement de son organisation.

Sévrine Labelle a, sous sa direction, propulsé Femmessor, devenue Evol parmi les entreprises qui comptent pour le développement de l'entrepreneuriat féminin au Québec. La mission d’Evol est désormais de contribuer directement à la création, à la croissance et à l’acquisition d'entreprises à propriété diversifiée et inclusive qui ont un impact positif sur la société. Au cours de son intervention le 1er juin, elle partagera la révolution en cours qui touche les différentes dimensions de l’impact, dans le domaine financier et entrepreneurial, et aussi dans le domaine managérial avec la nécessité d’implanter d’autres modes de management, qui soutiennent à la fois l’épanouissement des personnes comme la performance économique, sociale et sociétale, pour avoir un réel impact positif sur les territoires. Cette session sera suivie d’un atelier de travail en co-création.


Vous êtes P-dg d’Evol, comment cette organisation évolue-t-elle ?
Evol est le 1er fond spécifique dédié à l’entreprenariat féminin. Je suis arrivée en 2017. Cette organisation connait une croissance fulgurante. Elle s’est ouverte depuis à d’autres publics. Elle est partie du constat que les femmes ne contribuaient pas à leur plein potentiel. Aussi nous avons réfléchi aux moyens pour aller plus loin, transformer l’économie afin qu’elle devienne plus inclusive. Nous nous sommes ouverts à d’autres catégories d’entrepreneurs qui connaissaient les mêmes difficultés, les personnes émigrées, les autochtones, les personnes handicapées, les LGBTQ 2+… toutes celles et tous ceux qui avaient besoin d’accompagnements financiers mais pas seulement.

Comment êtes-vous arrivée là ?
Lorsque l’on m’a contactée, j’étais déjà tombée dans la soupe de l’entreprenariat. Je travaillais dans une chambre de commerce et je côtoyais des entrepreneurs. C’était extrêmement stimulant. Je découvrais leur force. L’idée était d’avoir un impact positif sur la société. J’ai toujours choisi mes défis professionnels avec ce souci d’avoir un impact positif, en lien avec des valeurs. J’ai accepté de relever le défi de devenir P-dg de ce qui était alors Femmessor et qui est devenu Evol. Il y a avait alors 29 employés, nous sommes désormais 80. Depuis, il a fallu piloter de grands changements.”

Comment se sont faits ces changements ?
Il faut prendre soin des humains, s’assurer que les salariés sont heureux, épanouis pour qu’ils expriment leur plein potentiel. La transformation s’est faite à l’intérieur. Nous avons changé nos pratiques, transformé le mode de gestion en nous appuyant sur le principe de l’entreprise libérée.”

Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela passe par beaucoup d’autonomie, un minimum de hiérarchie, une intelligence collective. Il faut laisser plus de place aux salariés pour qu’ils puissent prendre des décisions importantes. Le travail doit être fait autour d’une grande raison d’être. Encore une fois, l’humain est notre priorité, l’empathie, la bienveillance, font partie de notre fonctionnement. Il faut bien s’entourer, reconnaître les compétences des collègues qui font mieux que nous dans leur domaine. Toute l’équipe d’Evol a participé au changement. Cela ne signifie pas qu’il y a toujours un consensus.”

Comment réagissez-vous ?
L’objectif n’est pas de rechercher le consensus mais de donner la possibilité à tout le monde de s’exprimer. Cela prend peut-être plus de temps en amont, mais une fois la décision prise, nous avançons tous dans la même direction, et nous gagnons du temps à ce moment-là.”

Avez-vous d’autres éléments de succès ?
Oui, il y a la raison d’être. Donner les moyens d’exister a été au cœur de notre transformation. Cela permet de faire adhérer chacun au changement.”

Concrètement comment fonctionnez-vous au sein d’Evol ?
Il y a une dizaine d’équipes qui désignent chacune leur porte-parole. Les avis de chacun sont sollicités au cours d’assemblées qui regroupent ces représentants. Nous avons des coachs au sein des équipes qui n’ont pas vocation à être des gestionnaires, mais des aides. Ils n’ont pas de rôle hiérarchique ou de mission de contrôle.”

Quels sont vos messages, en tant que P-dg d’Evol ?
L’économie doit changer, au niveau local mais aussi international. Je crois qu’il n’est pas utile de rappeler tout ce qui ne va pas ! La société doit être plus inclusive, et faire une place à tous quels que soient la couleur de peau, l’âge, le sexe, l’origine. D’autre part, si nous ne changeons rien, nous n’aurons plus de planète : il nous faut réviser en profondeur la manière de faire des affaires, nos contributions. Enfin, pour qu’une entreprise devienne un agent du changement, il faut permettre aux employés de devenir agent de changement.”

Quels sont vos projets ?

Une organisation est comme un organisme vivant. Elle est vivante, en changement permanent, cherchant à s’améliorer constamment. Pour avoir toujours plus d’impact, il faut changer. Nous avons vécu de grands changements récemment. Pourquoi ne pas, dans le temps, partager nos modèles ailleurs ?



Pratique

Le 1er et 2 juin de 8 heures à 16h30 au Tahiti Pearl Resort. Le 3 juin, une session dédiée aux clubber’s est prévue de 8 heures à 11h30.
Le 1er juin auront lieu les formations suivantes : "Impact ? De quoi parle-t-on ?", "RSE et impacts ?" et enfin, "Stress, santé mentale et impacts".
Le 2 juin auront lieu les formations suivantes : "Le leadership d’Impact", "Impact et frugalité" et "Et mon impact personnel ?"
Inscription des nouveaux membres : contact@club-ideo

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 30 Mai 2022 à 20:42 | Lu 1016 fois