Agnie avec son chiot Black
PAPEETE, le 12 aout 2019 - Une jeune femme sans-abris de Papeete a vu ses trois chiens envoyés à la fourrière municipale puis euthanasiés, sans avoir l'occasion de les revoir ou de les libérer. Elle était en plein stage de réinsertion quand les événements se sont produits. La mairie de Papeete affirme de son côté que les chiens n'ont jamais été réclamés.
"Ça fait 7 ans que j'ai ces chiens avec moi, depuis que je vis dans la rue. Je les considère comme mes enfants. J'ai un semi bull-terrier noir et blanc, elle s'appelle Blanchette. Une chienne malinois marron-clair qui s'appelle Kenya, et un petit chiot de deux ou trois ans, le fils de Blanchette, qui s'appelle Black." nous a expliqué Agnie, une jeune femme sans-abris vivant à Papeete, dans une cabane improvisée en bord de mer.
Elle était en larmes lorsque nous l'avons rencontrée au presbytère de Papeete, à l'invitation de père Christophe… Son histoire : "Pour commencer, j'ai suivi une préformation de commerciale en vente du SEFI qui a durée 3 mois. J'ai donc laissé mes affaires et mes animaux avec mon ami Heiarii. Ça c'est bien passé, sauf durant mon stage de deux semaines. La police municipale a commencé par prendre mes affaires pendant la première semaine. Ils les ont amenés à l'Assemblée, et j'ai pu les récupérer, même si certaines affaires étaient cassées. Mais à la deuxième semaine, ils ont pris mes animaux et les ont amenés à la fourrière. Quand ils les ont pris, mon collègue Heiarii leur a répondu qu'il allait voir la propriétaire pour les lui ramener, mais ils l'ont forcé à revenir en arrière et de mettre les chiens dans la voiture. Il a paniqué, et il est venu tout de suite me voir. Le jour même où on a pris les animaux, le jeudi 25 juillet, je me suis déplacée à la fourrière, mais ils ne voulaient pas me les rendre. J'ai fini ma formation le 26 juillet, donc je suis allé voir Père Christophe pour lui demander son aide. Je suis retournée à la fourrière samedi, j'ai vu mes animaux. Mais ils ne voulaient toujours pas me les donner ! Donc père m'a conseillé d'aller voir une avocate, maître Annabelle…"
Avec l'aide de cette avocate bénévole, les choses semblent avancer dans la bonne direction : "La mairie m'a demandé de passer vers eux pour que je puisse verser les 15 000 francs par chien pour pouvoir les nourrir et les garder. Donc ils m'ont dit que je dois je les payer avant de récupérer mes chiens. Du coup j'avais préparé des sous pour les récupérer, mais Père Christophe m'a conseillé de d'abord aller voir les chiens pour m'assurer qu'ils allaient bien. Mais ils n'ont pas voulu me les montrer, donc je n'ai pas payé. Et quand j'ai appelé la fourrière ce matin, ils m'ont dit que ce n'était plus la peine, 'ça y est tes chiens sont partis.' Ça m'a fait mal d'entendre des choses comme ça. Moi je leur en veux beaucoup, parce qu'il y a des chiens errants qui n'ont pas de famille. Mais ils ont pris mes chiens alors qu'ils avaient à boire, à manger, qu'ils étaient avec leurs laisses… Je ne comprends pas pourquoi ils prennent des animaux comme ça qui ne font pas de mal aux gens !" nous raconte Agnie, en pleurs.
Pour elle, c'est un drame. "Je regrettes vraiment d'avoir fait cette formation. J'avais l'espoir que ça me permettrait de trouver un travail et améliorer ma situation. Mais maintenant j'ai plus du tout la tête à ça."
La version de la police municipale
L'association d'aide aux sans-abris Te Torea a demandé des explications officielles, qu'elle a reçu à travers un courrier du directeur de la Police municipale de Papeete, M. Lamy. Dans sa missive, le policier donne la version des autorités, notez que les dates et les détails ne concordent pas avec le témoignage d'Agnie, chacun se fera donc son opinion : "le 10 juillet, nous recevons un signalement du responsable de la sécurité de la Présidence informant la présence de 3 chiens abandonnés par des SDF sur la Place Vaiete. En effet, le 5 juillet ses agents ont retiré toutes les affaires de la place Vaiete et informé les propriétaires de ces chiens, car ils avaient constaté que ces 3 chiens étaient laissés à l’abandon tous les jours sur le site.
Le 11 juillet 2017 à 08h30, je reçois un appel du même responsable me confirmant que ces chiens sont toujours sur place et qu'aucun propriétaire n'est aux alentours. A cet effet, nous avons dépêché le prestataire pour capturer ces 3 chiens en la présence de nos mutoï et des agents de sécurité de la Présidence. Ces derniers confirment que les propriétaires n’étaient pas sur place, donc en divagation. Ces 3 chiens n’avaient aucun procédé d’identification.
Le lendemain, un couple est venu nous rencontrer au poste pour se déclarer être les propriétaires. Nous les avons informés de la procédure pour récupérer leurs animaux, à savoir le paiement des frais de capture, de nourrissage et de gardiennage. Nous leur avons dit qu'après 8 jours, ils seront euthanasiés. Ils sont repartis et plus aucune nouvelle. Ce matin, je reçois un appel nous demandant des informations à ce sujet. Je l'informe que ces chiens ont été malheureusement euthanasiés comme le stipule l’arrêté municipal."
Une avocate bénévole pointe le flou administratif de cette affaire
Elle était en larmes lorsque nous l'avons rencontrée au presbytère de Papeete, à l'invitation de père Christophe… Son histoire : "Pour commencer, j'ai suivi une préformation de commerciale en vente du SEFI qui a durée 3 mois. J'ai donc laissé mes affaires et mes animaux avec mon ami Heiarii. Ça c'est bien passé, sauf durant mon stage de deux semaines. La police municipale a commencé par prendre mes affaires pendant la première semaine. Ils les ont amenés à l'Assemblée, et j'ai pu les récupérer, même si certaines affaires étaient cassées. Mais à la deuxième semaine, ils ont pris mes animaux et les ont amenés à la fourrière. Quand ils les ont pris, mon collègue Heiarii leur a répondu qu'il allait voir la propriétaire pour les lui ramener, mais ils l'ont forcé à revenir en arrière et de mettre les chiens dans la voiture. Il a paniqué, et il est venu tout de suite me voir. Le jour même où on a pris les animaux, le jeudi 25 juillet, je me suis déplacée à la fourrière, mais ils ne voulaient pas me les rendre. J'ai fini ma formation le 26 juillet, donc je suis allé voir Père Christophe pour lui demander son aide. Je suis retournée à la fourrière samedi, j'ai vu mes animaux. Mais ils ne voulaient toujours pas me les donner ! Donc père m'a conseillé d'aller voir une avocate, maître Annabelle…"
Avec l'aide de cette avocate bénévole, les choses semblent avancer dans la bonne direction : "La mairie m'a demandé de passer vers eux pour que je puisse verser les 15 000 francs par chien pour pouvoir les nourrir et les garder. Donc ils m'ont dit que je dois je les payer avant de récupérer mes chiens. Du coup j'avais préparé des sous pour les récupérer, mais Père Christophe m'a conseillé de d'abord aller voir les chiens pour m'assurer qu'ils allaient bien. Mais ils n'ont pas voulu me les montrer, donc je n'ai pas payé. Et quand j'ai appelé la fourrière ce matin, ils m'ont dit que ce n'était plus la peine, 'ça y est tes chiens sont partis.' Ça m'a fait mal d'entendre des choses comme ça. Moi je leur en veux beaucoup, parce qu'il y a des chiens errants qui n'ont pas de famille. Mais ils ont pris mes chiens alors qu'ils avaient à boire, à manger, qu'ils étaient avec leurs laisses… Je ne comprends pas pourquoi ils prennent des animaux comme ça qui ne font pas de mal aux gens !" nous raconte Agnie, en pleurs.
Pour elle, c'est un drame. "Je regrettes vraiment d'avoir fait cette formation. J'avais l'espoir que ça me permettrait de trouver un travail et améliorer ma situation. Mais maintenant j'ai plus du tout la tête à ça."
La version de la police municipale
L'association d'aide aux sans-abris Te Torea a demandé des explications officielles, qu'elle a reçu à travers un courrier du directeur de la Police municipale de Papeete, M. Lamy. Dans sa missive, le policier donne la version des autorités, notez que les dates et les détails ne concordent pas avec le témoignage d'Agnie, chacun se fera donc son opinion : "le 10 juillet, nous recevons un signalement du responsable de la sécurité de la Présidence informant la présence de 3 chiens abandonnés par des SDF sur la Place Vaiete. En effet, le 5 juillet ses agents ont retiré toutes les affaires de la place Vaiete et informé les propriétaires de ces chiens, car ils avaient constaté que ces 3 chiens étaient laissés à l’abandon tous les jours sur le site.
Le 11 juillet 2017 à 08h30, je reçois un appel du même responsable me confirmant que ces chiens sont toujours sur place et qu'aucun propriétaire n'est aux alentours. A cet effet, nous avons dépêché le prestataire pour capturer ces 3 chiens en la présence de nos mutoï et des agents de sécurité de la Présidence. Ces derniers confirment que les propriétaires n’étaient pas sur place, donc en divagation. Ces 3 chiens n’avaient aucun procédé d’identification.
Le lendemain, un couple est venu nous rencontrer au poste pour se déclarer être les propriétaires. Nous les avons informés de la procédure pour récupérer leurs animaux, à savoir le paiement des frais de capture, de nourrissage et de gardiennage. Nous leur avons dit qu'après 8 jours, ils seront euthanasiés. Ils sont repartis et plus aucune nouvelle. Ce matin, je reçois un appel nous demandant des informations à ce sujet. Je l'informe que ces chiens ont été malheureusement euthanasiés comme le stipule l’arrêté municipal."
Une avocate bénévole pointe le flou administratif de cette affaire
Agnie avec Père Christophe. Le vicaire a fait son possible pour l'aider à récupérer ses chiens, en vain.
A noter que contrairement à ce qu'affirme la police municipale, maître Annabelle Roy nous confirme qu'Agnie a bien contacté les autorités avant la mort de ses chiens. "Dans cette affaire, les détails ne collent pas. C'est vrai qu'Agnie a attendu 8 jours pour réagir, parce que personne ne lui disait comment récupérer les chiens, mais quand elle a commencé les démarches, les chiens étaient encore vivants. Agnie est allé plusieurs fois à la mairie et à la fourrière, et moi-même je les ai contactés sans résultat. Cette dernière semaine, on m'a systématiquement raccroché au nez sans vouloir me parler… J'ai essayé d'avoir la fourrière, les services de la police municipale, la mairie… On ne m'a jamais rappelée, ça prouve leur mépris des SDF."
Pour l'avocate, ce dossier est particulièrement frustrant : "Ce qui m'étonne dans ce dossier c'est qu'on nous dise que l'on n'ait rien fait pour récupérer les chiens, alors qu'on était tout le temps en contact. Il y a des flottements dérangeants dans la chronologie, Agnie a vu son chien le samedi alors qu'il était censé être déjà mort selon les factures, il y a une opacité complète sur les circonstances dans lesquelles les chiens ont été arrêtés et euthanasiés. On peut craindre que les procédures n'aient pas été respectées… On a encore la possibilité d'aller au tribunal administratif pour essayer d'avoir des explications plus cohérentes." En attendant, c'est le flou administratif qui règne sur la mort de ces chiens.
Pour Père Christophe, cette affaire est un symptôme parmi d'autres sur la mauvaise opinion que le grand public et les autorités se font des personnes sans-abris, sans réaliser que ces personnes sont déjà les principales victimes de leur situation : "L'une des raison pour laquelle les personnes sans-abris ont des chiens c'est que quand on est à la rue, dormir la nuit c'est très difficile, parce que tu es exposé aux agressions, aux vols, au froid etc. Et c'est devenu plus dur aujourd'hui, parce qu'il y a cette insécurité. C'est aussi pour ça qu'ils se regroupent ici, on en a trente ou quarante autour de la cathédrale, la nuit on ouvre le bâtiment pour qu'ils aient un toit, on met aussi des WC et des douches à leur disposition. C'est un minimum tant qu'il n'y a pas de centre d'accueil."
Pour l'avocate, ce dossier est particulièrement frustrant : "Ce qui m'étonne dans ce dossier c'est qu'on nous dise que l'on n'ait rien fait pour récupérer les chiens, alors qu'on était tout le temps en contact. Il y a des flottements dérangeants dans la chronologie, Agnie a vu son chien le samedi alors qu'il était censé être déjà mort selon les factures, il y a une opacité complète sur les circonstances dans lesquelles les chiens ont été arrêtés et euthanasiés. On peut craindre que les procédures n'aient pas été respectées… On a encore la possibilité d'aller au tribunal administratif pour essayer d'avoir des explications plus cohérentes." En attendant, c'est le flou administratif qui règne sur la mort de ces chiens.
Pour Père Christophe, cette affaire est un symptôme parmi d'autres sur la mauvaise opinion que le grand public et les autorités se font des personnes sans-abris, sans réaliser que ces personnes sont déjà les principales victimes de leur situation : "L'une des raison pour laquelle les personnes sans-abris ont des chiens c'est que quand on est à la rue, dormir la nuit c'est très difficile, parce que tu es exposé aux agressions, aux vols, au froid etc. Et c'est devenu plus dur aujourd'hui, parce qu'il y a cette insécurité. C'est aussi pour ça qu'ils se regroupent ici, on en a trente ou quarante autour de la cathédrale, la nuit on ouvre le bâtiment pour qu'ils aient un toit, on met aussi des WC et des douches à leur disposition. C'est un minimum tant qu'il n'y a pas de centre d'accueil."