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Sept ans ferme pour le tireur du Liberty


Tahiti, le 13 août – Les cinq hommes mis en examen dans le cadre de la fusillade survenue le 24 janvier 2022 aux abords du cinéma Liberty à Papeete, sur fond de transaction d’ice, ont été jugés mardi par le tribunal correctionnel. Le trentenaire qui avait tiré les coups de feu a été condamné à sept ans de prison ferme, ses quatre coprévenus ont écopé de peines comprises entre deux et six ans de prison ferme.
 
Après un premier renvoi, le procès de la fusillade du Liberty s’est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel en présence de cinq des six hommes initialement poursuivis dans cette affaire puisque l’un des suspects, mis en examen dans ce dossier, a été tué en septembre 2023 lors d’une transaction d’ice à Mataiea.
 
Tel que l’a rappelé le président du tribunal en début d’audience, cette affaire largement médiatisée avait pris racine dans une “arnaque” commise lors d’une “cession d’ice”. À l’époque et selon la version des intéressés, un homme évoluant dans le milieu du trafic de stupéfiants avait cotisé 1,2 million de francs avec plusieurs connaissances, leur faisant croire qu’il avait l’intention d’acheter de l’ice. En réalité, il entendait “détourner l’argent”.
 
Pour parachever son entreprise, il avait promis 30 000 francs à un autre individu si ce dernier faisait semblant de récupérer la somme pour la lui remettre ensuite en douce. Visiblement trop ébloui par ce petit pactole, ledit individu avait finalement décidé de s’enfuir avec le million qu’il avait dépensé en alcool, en location d’appartements et en s’offrant du bon temps avec des prostituées.
 
Équipée sauvage
 
Fou de rage, celui que le président du tribunal a qualifié d’“arnaqueur arnaqué” avait alors décidé de monter une expédition punitive pour laquelle il avait fait appel à plusieurs connaissances. Après avoir localisé sa cible non loin du Liberty, le petit groupe l’avait donc prise en chasse. L’équipée sauvage s’était conclue par deux coups de fusil à pompe tirés en plein centre-ville sur la voiture dans laquelle l’homme recherché tentait de prendre la fuite.  
 
Initialement ouverte sur des faits de nature criminelle, l’affaire avait finalement été requalifiée. C’est donc pour répondre de tentative d’extorsion par violence, menace ou contrainte, et, pour certains, de transport d’arme de catégorie B que les cinq prévenus de ce dossier ont comparu devant la justice mardi. À la barre, l’homme qui avait initialement tenté d’escroquer les autres a reconnu “avoir voulu arnaquer les copains” en assurant que cela avait “mal tourné”. “J’ai essayé de récupérer l’argent mais tout avait disparu”, a-t-il ainsi expliqué avant d’affirmer qu’il avait appelé des amis car il avait “peur d’y aller tout seul”.
 
Droit au silence
 
Interrogé à son tour, celui qui avait amené l’arme et qui en avait fait usage – un homme déjà bien connu de la justice dont le frère avait perdu la vie lors d’une rixe mortelle en 2024 à Papara – a pour sa part reconnu la matérialité des faits. Il a cependant fait usage de son droit au silence dès lors que les questions sur le contexte de cette fusillade se faisaient plus pressantes.
 
Avant de requérir contre les cinq prévenus, le vice-procureur de la République en charge de la lutte contre le trafic de stupéfiants, Yann Hausner, a entendu contextualiser cette affaire revêtant une “gravité certaine”. “Depuis l’explosion du trafic de méthamphétamines en Polynésie, il y a des phénomènes de violence jusqu’à l’usage des armes. Les gens agissent par appétit et convoitise. Nous faisons face à des individus de plus en plus violents et professionnalisés et à un phénomène qui gangrène toutes les couches de la Polynésie.”
 
Considérant que l’arnaqueur initial, “l’arroseur arrosé”, ainsi que le tireur étaient les prévenus les plus lourdement impliqués dans cette affaire, le représentant du ministère public a respectivement requis huit et neuf ans de prison ferme à leur encontre. Des peines de deux à quatre ans de prison ferme ont par ailleurs été requises contre les trois autres prévenus.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné celui qui avait tiré les coups de feu à sept ans de prison et l’ “arnaqueur arnaqué” à six ans. Les autres prévenus ont quant à eux écopé de peines comprises entre deux et quatre ans de prison ferme.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 13 Août 2024 à 20:41 | Lu 2797 fois