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Semaine mélanésienne à Fidji


Le Contre-amiral Premier ministre fidjien Franck Bainimarama et le Papou Sir Michael Somare lors des cérémonies de lundi à Suva. (Crédit photo : Ministère fidjien de l’information)
Le Contre-amiral Premier ministre fidjien Franck Bainimarama et le Papou Sir Michael Somare lors des cérémonies de lundi à Suva. (Crédit photo : Ministère fidjien de l’information)
SUVA, lundi 18 mars 2013 (Flash d’Océanie) – Le Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL, qui rassemble Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Fidji et le mouvement politique indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie) a poursuivi lundi une série de célébrations afin de marquer le 25ème anniversaire de son existence.

Lundi, sur le campus de l’Université du Pacifique Sud (USP, Université of the South Pacific), l’invité d’honneur, aux côtés du Premier ministre fidjien, le Contre-amiral Franck Bainimarama, était Sir Michael Somare, vétéran de la politique papoue et qui fut le premier chef de gouvernement lors de l’indépendance de ce pays, en 1975.
S’exprimant à cette occasion, M. Somare a estimé que Fidji était toujours un « membre-clé » du GMFL.
Les célébrations fidjiennes devrait se poursuivre jusqu’à vendredi.
Outre l’aspect officiel, elles devraient inclure des spectacles réalisés par les étudiants mélanésiens vivant à Fidji et étudiant pour la plupart à l’USP, la projection de documentaires consacrés à la Mélanésie et même un défilé de mode « mélanésienne ».


L’acte fondateur de ce groupement subrégional est intervenu le 14 mars 1988, dans la capitale vanuatuane Port-Vila.
Fin janvier 2013, les premières cérémonies avaient eu lieu à Port-Vila, qui abrite le Secrétariat Permanent du GMFL, inauguré en 2008 sur financement chinois.
Ces cérémonies avaient eu lieu en présence de nombreux dirigeants de Vanuatu, ainsi que le personnel du Secrétariat Général du GMFL, à commencer par son Directeur Général Peter Forau.
Après cette première salve de cérémonie et festivités à Port-Vila, chaque pays et territoire membre a prévu de donner à cet anniversaire une résonnance nationale, sous le signe de la solidarité et de la fraternité mélanésiennes.
Le format retenu a été de mener une semaine de festivités, dans chaque pays.
Ces célébrations devraient toutes avoir pour point commun les valeurs communes de solidarité et de croissance à l’échelle mélanésienne, pour un groupement de pays qui, rassemblés, représentent environ 80 pour cent de la population totale du Pacifique insulaire.

Ces semaines dédiées à la Mélanésie devraient avoir lieu successivement en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Vanuatu, aux îles Salomon, à Fidji et en juin en Nouvelle-Calédonie, où devrait aussi se dérouler cette année le sommet annuel des dirigeants de ce groupement.

Créé à l’origine, en 1988 (mi-mars), en soutien au mouvement indépendantiste en Nouvelle-Calédonie, le GMFL a ensuite évolué vers une coopération économique et commerciale (avec un programme d’abaissement des barrières douanières entre États membres), mais aussi politique, et même sécuritaire, avec un projet de création d’une force régionale de police permettant de répondre à d’éventuelles urgences humanitaires ou politiques dans les pays membres.
Plus récemment, un programme de mobilité des travailleurs des pays membres, leur permettant d’obtenir un emploi dans un pays du GMFL, a été mis en place.
Au plan politique, le GMFL a aussi, ces six dernières années, adopté une position décrite comme étant « compréhensive » vis-à-vis de la prise de pouvoir par voie de putsch à Fidji, le 5 décembre 2006, et de celui qui dirige depuis le gouvernement, le Contre-amiral Franck Bainimarama.
Sous l’impulsion de la présidence fidjienne ces dernières années, le GMFL a aussi tenté d’élargir ses horizons en accueillant de nombreux États, à la fois océaniens mais aussi plus distants (comme le Timor oriental, voire l’Indonésie), afin de représenter un contrepoids de fait à l’influence du Forum des Îles du Pacifique, jugé trop influencé par les points de vue de ses deux plus influents membres : l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Mi-janvier 2013, un autre financier est apparu : l’Allemagne, qui a octroyé une subvention de 200.000 euros au secrétariat du GMFL.
Cette enveloppe entre dans le cadre d’une coopération économique et de développement. Et est mobilisée par l’agence allemande pour la coopération internationale (GIZ), via le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS).
Elle est censée financer la création d’un poste au GMFL, qui sera dédié aux questions d’environnement et de changements climatiques.
Wulf Killmann, directeur du GIZ, a signé à Port-Vila la convention de financement avec Peter Forau, Directeur Général du GMFL, le 6 janvier 2013.


À l’occasion des premières cérémonies marquant ce « Jubilé d’Argent », à Port-Vila, fin janvier 2013, Peter Forau, Directeur Général du GMFL, avait estimé que si cette organisation subrégionale n’avait « pas perdu son chemin », elle entendait néanmoins, courant 2013, engager un processus d’auto-examen et de réformes afin de redéfinir, au besoin, ses orientations à venir.
Ce processus devrait se faire via un groupe de « personnes éminentes », qui devrait rendre son rapport et ses recommandations au terme de ses travaux.
Fidji a d’ores et déjà annoncé son choix en la personne de l’ancien ministre des affaires étrangères Kaliopate Tavola, fort d’une trentaine d’années d’expériences passées à des postes de chef de mission, notamment à Bruxelles.

Le GMFL, ainsi que plusieurs dirigeants de Vanuatu, ont aussi insisté sur l’importance à leurs yeux d’un renforcement de la solidarité mélanésienne vis-à-vis du processus de décolonisation en cours en Nouvelle-Calédonie.
Le bureau politique du FLNKS de Nouvelle-Calédonie était représenté sur place, fin janvier 2013, par l’ancien Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Roch Wamytan, ainsi que Victor Tutugoro.
M. Wamytan, devant l’assistance mélanésienne, a notamment rappelé les échéances à venir dans le processus d’émancipation de la Nouvelle-Calédonie(tracé par l’Accord de Nouméa, signé en 1998 entre partis indépendantistes, non-indépendantistes et le gouvernement français), à commencer par une fenêtre d’opportunité (2014-2018) pendant laquelle pourra avoir lieu un référendum d’autodétermination.
M. Wamytan a par ailleurs évoqué les enjeux géostratégiques et économiques (y compris miniers) représentés par la Nouvelle-Calédonie dans la grande région Pacifique.
« Nous avons atteint un point critique dans notre lutte pour l’indépendance, qui est maintenant à portée de main et nous avons maintenant besoin du GMFL pour nous soutenir », rapporte la presse locale, citant le dirigeant néo-calédonien lors de son intervention.

Ces appels ont notamment rencontré l’écho d’autres intervenants, proches du pasteur Walter Lini, premier chef de gouvernement de la République de Vanuatu à son accession à l’indépendance, en juillet 1980 : la sœur du dirigeant décédé en 1999, Hilda, a invité le GMFL à « ne pas détourner le regard de la lutte indépendantiste en Nouvelle-Calédonie ».
Un hommage appuyé a aussi été rendu au père Walter Lini, Premier ministre de Vanuatu (1980-1991) et qui fut l’artisan de la création du GMFL, en 1983, essentiellement en soutien à la cause indépendantiste en Nouvelle-Calédonie.

Une « cellule FLNKS » au siège du Groupe Mélanésien Fer de Lance


En marge de ces cérémonies de célébrations de ses vingt cinq ans, le Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL) a aussi inauguré une « cellule FLNKS », qui sera spécifiquement chargée des questions liées à la revendication indépendantiste des Kanak de Nouvelle-Calédonie.
Cette inauguration a eu lieu mardi 29 Janvier 2013 en présence de Victor Tutugoro, porte-parole du FLNKS au GMFL, de Roch Wamytan, 1er Vice-président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, et de Peter Forau, Directeur Général de cette organisation, à son siège de Port-Vila.
Les jalons de cette cellule FLNKS avaient été posés il y a quelques mois avec le recrutement, au sein du siège du GMFL, de deux Kanak de Nouvelle-Calédonie, Jimmy Naouna et Rose Wete, a rappelé M. Forau mardi.
Le Directeur Général e cette organisation a aussi rappelé que ce groupement, créé en mars 1988, l’avait été à l’origine en solidarité mélanésienne vis-à-vis du mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, qui venait alors de connaître de graves troubles civils.
Lors des cérémonies de commémoration de ce vingt-cinquième anniversaire du GMFL, un accent avait été une nouvelle fois porté sur un retour aux fondamentaux de cette organisation, et d’un renforcement de l’engagement envers la cause Kanak.

La décision d’ouvrir une « cellule FLNKS » au sein du GMFL fait suite à une résolution prise par les dirigeants de cette organisation, lors de leur dernier sommet à Suva (Fidji), en août 2012.

Selon M. Forau, les principales missions de cette cellule seront de « fournir des conseils stratégiques en termes de développements politiques en Kanaky/Nouvelle-Calédonie et évaluer la mise en œuvre de l'Accord de Nouméa, assurer la liaison avec le Bureau Politique du FLNKS sur les questions du GMFL, coordonner et gérer les réunions des organes directeurs du GMFL sur les questions du FLNKS, gérer les missions techniques de haut niveau et des missions ministérielles en Nouvelle-Calédonie, et travailler avec les gouvernements des pays membres pour élaborer des programmes de travail et autres activités nécessitant la participation des représentants du FLNKS.

Cette cellule se définit aussi comme « priorité immédiate » d'organiser « une mission conjointe des Nations Unies / GMLM en Nouvelle-Calédonie en 2013 et par le biais du FLNKS en associant les services du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie, animer une réunion avec les Agences Régionales de l'ONU basées dans la région ».

L’inauguration de cette cellule intervient aussi alors que le prochain sommet des dirigeants du GMFL est prévu pour avoir lieu en juin 2013, accueilli par le FLNKS en Nouvelle-Calédonie, sous une configuration diplomatique restant encore à définir.
À plusieurs reprises le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a exprimé le souhait de se substituer au FLNKS en tant que membre du GMFL.
Selon un communiqué du GMFL, cette cellule FLNKS « est entièrement financée par des contributions des pays membres, y compris une aide supplémentaire par le Gouvernement de l'État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) par le biais d'une convention en cours de finalisation par le Secrétariat et le Gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Cette assistance portera à 300.000 dollars australiens pour la Cellule ainsi que l’octroi de bourses pour les jeunes Kanak pour étudier en Papouasie-Nouvelle-Guinée, détachements et formation de jeunes Kanak dans la fonction publique PNG et dans le secteur des Mines ».


Rédigé par PAD le Lundi 18 Mars 2013 à 05:30 | Lu 468 fois