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Secosud : Anthony Jamet justifie son choix


Voici un tableau comparatif des propositions qui ont été faites par les deux sociétés en course.
Voici un tableau comparatif des propositions qui ont été faites par les deux sociétés en course.
PAPEETE, le 24/02/2017 - Le président de Secosud a convié la presse hier en fin de journée, afin d'apporter des éclairages quant à son choix sur le concessionnaire qui se chargera de la fourniture électrique sur le Sud de l'île de Tahiti. Ce qui est certain, pour Anthony Jamet, EDT-Engie serait moins cher que Teva Rua Nui.

Après plusieurs mois de négociation, Anthony Jamet sort enfin de son silence. Hier en fin de journée, c'est entouré de ses avocats et du directeur du bureau d'études Speed, que le président de Secosud a reçu la presse.

Le but pour Anthony Jamet était d'apporter des précisions quant à son choix en faveur d'EDT-Engie, alors que ses adversaires dénoncent cette décision.

Retrouvez son interview ci-dessous.

Anthony Jamet
Maire de Taiarapu-Est et président du Secosud

" Il y avait un différentiel de l'ordre d'environ 2,3 à 2,4 milliards de plus pour Teva Rua Nui"


Est-ce que l'usager va payer moins cher l'électricité ?
"i[C'est sûr qu'aujourd'hui tout le monde se pose des questions. Mais en tout cas, demain [aujourd'hui, NDLR], on se met au travail pour qu'une décision soit prise au plus tôt, au début de la semaine prochaine.]i"

Donc, aujourd'hui, on ne sait pas encore si les usagers vont payer moins cher leur électricité ?
"On va dans ce sens, mais il nous faut laisser du temps pour travailler là-dessus".

On va avoir une baisse de combien ?
"Je ne peux pas vous dire cela aujourd'hui".

Pourquoi avez-vous choisi EDT ?
"Si on avait retenu Teva Rua Nui, on se serait peut-être engagés dans des relations où, il aura été difficile pour nous de nous maintenir. Pour nous permettre de fixer notre choix, un tableau comparatif a été mis en place, et à raison de plus de 100 millions de francs par an, étalés sur 17 ans, il y avait un différentiel de l'ordre d'environ 2,3 à 2,4 milliards de plus pour Teva Rua Nui."

Ça veut dire quoi ?
"Il y a ce qu'on appelle le revenu autorisé, c'est un revenu qui contractuellement, est dû au concessionnaire. C'est ce qui lui permet de faire fonctionner son entreprise. Et c'est ce revenu autorisé que l'on doit payer chaque année. Normalement, ce revenu autorisé doit être au mieux égal au chiffre d'affaire produit par les usagers dans l'année. Et dans les deux cas, il y en a 1 qui est en-dessous de ce chiffre d'affaire, tandis que l'autre est largement au-dessus."

Donc le prix sera vu à la baisse pour les familles très modestes et la différence sera payée par les autres consommateurs ?
"Ce n'est pas tout à fait comme cela. Ce qu'il faudrait dire, c'est qu'effectivement, on peut influer sur les tarifs. Mais de toute façon, ce qui est pris dans une catégorie sera reporté dans les autres catégories."

Vous parliez de l'écart de 2 milliards, mais quels sont les autres critères qui ont fait que votre choix se soit porté sur EDT-Engie ?
"Il y a un point qui était prévu dans le cahier des charges. C'est que pour pouvoir participer, il y avait ce qu'on appelait, une espèce de ticket d'entrée qui correspondait à l'indemnité de fin de concession qui est évaluée aujourd'hui à 898 millions de francs. Et pour ce ticket d'entrée, il y avait une entreprise qui nous garantissait cela, on appelle cela une garantie à main levée. Donc, c'était une somme qui était placée dans une caisse ou dans une banque éventuellement, et qu'on pouvait prélever à tout moment. L'autre entreprise ne garantissait qu'un peu plus de la moitié. Il faut savoir qu'aujourd'hui, on doit à IFC Nord 898 millions de francs, et dans les 6 mois à compter du 1er mars, on doit lui verser cette somme. Donc, aujourd'hui, dans le cas où EDT-Engie ne nous verse pas cette somme, on pourra prélever et encaisser directement auprès de la banque.
C'est un des points positifs qui a fait pencher la balance pour EDT-Engie. À côté de cela, comme je l'ai toujours dit, c'est qu'on a tenté au travers de notre réflexion de préserver le bien qui est entre nos mains, et qui est évalué en actifs actuellement de l'ordre de 4,3 milliards de francs. Sur cet argent, on doit rembourser 898 millions de francs, n'empêche que ça une valeur aujourd'hui. Je rappelle aussi qu'à l'époque en 1989, quand Secosud s'est créé et qu'il y a eu cette concession avec EDT. On a remis un bien qui a été évalué à 700 millions de francs et qui représente 4,3 milliards de francs. Et avec le travail qui a été fait, d'abord il fallait conserver ce bien pour qu'il résiste au temps. Et là, avec le GER, on peut remplacer les biens obsolètes et les réparer à nouveau, et ça apparait dans un compte de charges. Avec les extensions, les améliorants, etc. nous augmentons la valeur de ce bien. On va passer de 4,3 milliards à 6 milliards. C'est déjà pas mal, on va laisser à nos enfants, dans 17 ans, des biens en bon état et facile à gérer.
"

D'autant plus que Secosud a pris des précautions notamment par rapport à la fluctuation du prix du pétrole.
"Là, vous parlez du revenu autorisé. Je rappelle que ce revenu est le chiffre d'affaire du concessionnaire. Ce revenu autorisé doit être, pour que ça marche bien, inférieur au chiffre d'affaire produit par les usagers. Dans ce cas-là, il y a plusieurs solutions qui se dessinent. La première solution c'est soit une influence directe sur les tarifs revus à la baisse par rapport à cette différence, ou sinon approvisionner un compte de stabilisation qui permettra de lisser un peu dans le temps, les tarifs."

La population est aujourd'hui remontée après la décision que Secosud a prise. Il y a de quoi, des tarifs leur ont été présentés par vos adversaires. Malgré cela, à aucun moment vous n'aviez cherché à rectifier le tir. Finalement, vous êtes responsable de tout cela. Pourquoi tant de mystères à ce sujet ?
"Je sais, on me reproche ce comportement. Mais cela fait plusieurs fois que je le dit, j'ai été soumis au secret de l'affaire. Aucune information ne devait sortir des discussions, et cela ne devait pas servir à d'autres pour revoir, éventuellement, la situation. Mais toujours est-il, en ce qui me concerne, j'ai tenu cette règle du début jusqu'à la fin. Je sais que les gens sont inquiets, mais peut-être pas aussi inquiets qu'on le suppose, parce que s'ils nous ont élu c'est peut-être parce qu'ils nous ont donné leur confiance, qui est peut-être ébranlée aujourd'hui. Mais je pense qu'il faut mener une campagne de sensibilisation aussi pour expliquer, ou peut-être que la loi n'est pas adaptée chez nous, c'est peut-être quelque chose qu'il faut revoir. Et, si cette loi est maintenue dans le temps, il faut se plier aux règles. Malheureusement, c'est tombé sur nous, il fallait le faire jusqu'au bout, mais ne vous inquiétez pas, je vais continuer à sensibiliser et à informer pour que les gens comprennent mieux pourquoi on s'est tus, pourquoi on a choisi l'entreprise EDT-Engie, qui est contestée aujourd'hui et qui est peut-être en situation monopolistique. Et peut-être aussi qu'en face, on n'était pas suffisamment préparé. (...) On a 17 ans, devant nous. Il faut savoir préparer nos enfants, il faut les former et leur apprendre comment se comporter dans ce genre de situation, pour arriver à la fin."

Comment expliquez-vous le renversement de décision de certains tāvana ?
"Je pense qu'il y a eu une prise de conscience, et peut-être que progressivement ces personnes ont compris et ils ont mieux appréhendé l'analyse qui leur été proposée, et ils ont réagi par rapport aux résultats aussi. Les chiffres sont parlants. Si on avait changé notre position, c'était une influence directe sur les tarifs. C'est bien beau d'agiter des tarifs mirobolants, à condition qu'on puisse les garantir, d'abord dans l'immédiat et deuxièmement dans le temps."

D'autres tāvana menacent de déposer des recours au tribunal.
"C'est une nouvelle affaire et ce n'est pas si évident que cela. S'il y a des recours, cela permettra peut-être d'éclaircir au mieux la situation. Chacun est en droit de revendiquer ce qu'il veut."

Finalement à voir les tableaux que vous nous avez présentés. Teva Rua Nui revenait plus cher qu'EDT ?
"Vous l'avez vu. Ces tableaux ont déjà été présentés aux différents membres du comité, plusieurs fois même. Vous savez quand on a commencé à travailler, j'ai joué la transparence en ce qui concerne les membres du comité. J'aurai pu engager tout seul les négociations avec les impétrants, mais j'ai associé un élu par commune. Donc nous étions quatre à discuter, du début jusqu'à la fin. Il y a eu certains qui ont interprété comme il le faut ou d'autres pas. Mais toujours est-il, j'ai joué la transparence du début jusqu'à la fin."

Justement, le fait d'avoir demandé à changer les représentants de Hitiaa o te Ra, en remplaçant Drollet et Teihotu par Domingo et Flohr. C'est pour vous que la balance se penche en votre faveur ?
"Je crois que c'est au maire de Hitiaa o te Ra qu'il faudra poser la question."

Jonas Tahuaitu menace de déposer un recours. N'avez-vous pas peur que la décision de Secosud soit remise en cause ?
"Nous n'étions pas à l'abri de recours et on s'y attendait. Quand on avait démarré, je me suis entouré d'experts dans tous les domaines et un en particulier au niveau juridique. J'ai pris l'attache d'un avocat pour nous suivre du début à la fin. Maintenant, il faut prouver qu'on est dans l'erreur."




le Vendredi 24 Février 2017 à 08:48 | Lu 4644 fois