Paris, France | AFP | lundi 10/04/2017 - Des gymnastes américaines aux footballeurs anglais, les récents scandales ont montré que le sport pouvait être un terrain propice aux abus sexuels. Des abus favorisés par l'emprise psychologique qui pèse sur de jeunes victimes qui n'ont qu'une crainte, voir leur rêve se briser.
Depuis quatre ans, Sébastien Boueilh, ancien rugbyman, s'est fixé pour mission de sensibiliser les clubs et les jeunes joueurs face aux abus sexuels avec son association "Colosse aux pieds d'argile". Un problème qu'il a connu dans sa chair, ayant été lui-même victime lorsqu'il était adolescent.
"On voit de plus en plus d'affaires dans le sport, chose que les gens ne voulaient pas voir avant car le sport, ce n'est pas ça", raconte-t-il à l'AFP.
Et pourtant, "le sport est un univers surreprésenté dans les violences sexuelles", assure la psychiatre Muriel Salmona, spécialiste des violences sexuelles.
"Car il y a un lien très fort avec les coaches, quasi parental. L'enfant ou l'adolescent est totalement dépendant des décisions de son entraîneur, qui a tout pouvoir de faire avancer ou de briser une carrière", poursuit-elle.
"Et le sport est par ailleurs dissociant, anesthésiant dans le sens où il amène les athlètes dans un état émotionnel second qui rend beaucoup plus facile l'emprise. Il est du coup très difficile de pouvoir s'opposer", dit-elle encore, "d'autant plus que l'entraîneur a une importance primordiale pour l'équipe. Une dénonciation devient donc écrasante pour l'enfant et c'est aussi pour les autres qu'il se tait".
- Toute puissance -
Médaillée de bronze par équipes aux JO de Sydney en 2000, l'Américaine Jamie Dantzscher est restée murée dans le silence durant plus de 20 ans. Jusqu'à son témoignage fin février dans une émission de CBS où elle a accusé avec deux autres anciennes gymnastes un médecin de l'équipe américaine d'abus sexuels.
Un long silence expliqué par ces athlètes par la compétition acharnée, la terreur que faisaient régner les entraîneurs et l'aveuglement de l'entourage. L'une des victimes, la championne olympique Dominique Moceanu, évoquait ainsi dans une interview au journal le Star "la culture tacite de l'acceptation des abus sexuels sur mineurs, facilitée par l'ignorance" volontaire des responsables fédéraux.
Cette affaire fait partie d'un vaste scandale dans la gym américaine: plus de 350 anciennes gymnastes, certaines très jeunes au moment des faits, ont affirmé avoir été agressées sexuellement par des médecins et entraîneurs ces vingt dernières années. Accusé d'avoir alerté trop tardivement les autorités, le président de la Fédération, Steve Penny, a démissionné le 16 mars.
L'ancienne championne de tennis française Isabelle Demongeot, victime de viols de la part de son entraîneur Régis de Camaret, a elle aussi mis des années à parler. Si les faits la concernant étaient prescrits, l'entraîneur a été condamné en 2014 à 10 ans de prison en appel pour le viol de deux autres joueuses.
"Le discours, c'était +faut que tu restes avec moi car je suis le seul à pouvoir t'emmener au plus haut+. Et moi je voulais aller au plus haut et je gagnais. Alors…", témoigne-t-elle auprès de l'AFP.
Alors, la toute puissance du coach s'installe. Telle une chape de plomb. "C'est de la dépendance et pour s'en délivrer, c'est fou", ajoute-t-elle.
- 'Faire-valoir' -
Fait aggravant, comme la victime, les proches ont parfois tendance à fermer eux aussi les yeux pour ne pas briser leur rêve d'une carrière de haut niveau pour leur enfant.
"Il y a toute une instrumentalisation de l'enfant par rapport à son résultat, sa performance. L'enfant devient un faire-valoir, un +investissement+ pour les parents. Du coup, ils ne veulent pas savoir, de peur que cela ne casse leur rêve", dénonce Muriel Salmona.
"On est prêts à fermer les yeux pour des médailles. C'est horrible", abonde Sébastien Boueilh.
Du coup, le silence dure. Sébastien Boueilh raconte lui qu'il "était parti pour mourir avec ce secret douloureux" avant qu'"un copain ne parle et du coup j'ai parlé à mon tour".
Comme en Angleterre où le vaste scandale de pédophilie dans le football a éclaté à la mi-novembre après les révélations d'Andy Woodward, un ancien joueur du club de Crewe Alexandra aujourd'hui âgé de 43 ans, et libéré la parole.
Depuis, plus de vingt joueurs, parmi lesquels des anciens internationaux, ont raconté qu'ils avaient été agressés sexuellement par un entraîneur ou un recruteur. Et le nombre de victimes pourrait s'élever à plus de 500 dans une affaire où la Fédération anglaise (FA) et les clubs sont accusés d'avoir couvert pendant des décennies ces actes de pédophilie.
Depuis quatre ans, Sébastien Boueilh, ancien rugbyman, s'est fixé pour mission de sensibiliser les clubs et les jeunes joueurs face aux abus sexuels avec son association "Colosse aux pieds d'argile". Un problème qu'il a connu dans sa chair, ayant été lui-même victime lorsqu'il était adolescent.
"On voit de plus en plus d'affaires dans le sport, chose que les gens ne voulaient pas voir avant car le sport, ce n'est pas ça", raconte-t-il à l'AFP.
Et pourtant, "le sport est un univers surreprésenté dans les violences sexuelles", assure la psychiatre Muriel Salmona, spécialiste des violences sexuelles.
"Car il y a un lien très fort avec les coaches, quasi parental. L'enfant ou l'adolescent est totalement dépendant des décisions de son entraîneur, qui a tout pouvoir de faire avancer ou de briser une carrière", poursuit-elle.
"Et le sport est par ailleurs dissociant, anesthésiant dans le sens où il amène les athlètes dans un état émotionnel second qui rend beaucoup plus facile l'emprise. Il est du coup très difficile de pouvoir s'opposer", dit-elle encore, "d'autant plus que l'entraîneur a une importance primordiale pour l'équipe. Une dénonciation devient donc écrasante pour l'enfant et c'est aussi pour les autres qu'il se tait".
- Toute puissance -
Médaillée de bronze par équipes aux JO de Sydney en 2000, l'Américaine Jamie Dantzscher est restée murée dans le silence durant plus de 20 ans. Jusqu'à son témoignage fin février dans une émission de CBS où elle a accusé avec deux autres anciennes gymnastes un médecin de l'équipe américaine d'abus sexuels.
Un long silence expliqué par ces athlètes par la compétition acharnée, la terreur que faisaient régner les entraîneurs et l'aveuglement de l'entourage. L'une des victimes, la championne olympique Dominique Moceanu, évoquait ainsi dans une interview au journal le Star "la culture tacite de l'acceptation des abus sexuels sur mineurs, facilitée par l'ignorance" volontaire des responsables fédéraux.
Cette affaire fait partie d'un vaste scandale dans la gym américaine: plus de 350 anciennes gymnastes, certaines très jeunes au moment des faits, ont affirmé avoir été agressées sexuellement par des médecins et entraîneurs ces vingt dernières années. Accusé d'avoir alerté trop tardivement les autorités, le président de la Fédération, Steve Penny, a démissionné le 16 mars.
L'ancienne championne de tennis française Isabelle Demongeot, victime de viols de la part de son entraîneur Régis de Camaret, a elle aussi mis des années à parler. Si les faits la concernant étaient prescrits, l'entraîneur a été condamné en 2014 à 10 ans de prison en appel pour le viol de deux autres joueuses.
"Le discours, c'était +faut que tu restes avec moi car je suis le seul à pouvoir t'emmener au plus haut+. Et moi je voulais aller au plus haut et je gagnais. Alors…", témoigne-t-elle auprès de l'AFP.
Alors, la toute puissance du coach s'installe. Telle une chape de plomb. "C'est de la dépendance et pour s'en délivrer, c'est fou", ajoute-t-elle.
- 'Faire-valoir' -
Fait aggravant, comme la victime, les proches ont parfois tendance à fermer eux aussi les yeux pour ne pas briser leur rêve d'une carrière de haut niveau pour leur enfant.
"Il y a toute une instrumentalisation de l'enfant par rapport à son résultat, sa performance. L'enfant devient un faire-valoir, un +investissement+ pour les parents. Du coup, ils ne veulent pas savoir, de peur que cela ne casse leur rêve", dénonce Muriel Salmona.
"On est prêts à fermer les yeux pour des médailles. C'est horrible", abonde Sébastien Boueilh.
Du coup, le silence dure. Sébastien Boueilh raconte lui qu'il "était parti pour mourir avec ce secret douloureux" avant qu'"un copain ne parle et du coup j'ai parlé à mon tour".
Comme en Angleterre où le vaste scandale de pédophilie dans le football a éclaté à la mi-novembre après les révélations d'Andy Woodward, un ancien joueur du club de Crewe Alexandra aujourd'hui âgé de 43 ans, et libéré la parole.
Depuis, plus de vingt joueurs, parmi lesquels des anciens internationaux, ont raconté qu'ils avaient été agressés sexuellement par un entraîneur ou un recruteur. Et le nombre de victimes pourrait s'élever à plus de 500 dans une affaire où la Fédération anglaise (FA) et les clubs sont accusés d'avoir couvert pendant des décennies ces actes de pédophilie.