Tahiti, le 6 octobre 2024 - Trois autrices ont remporté les résidences d'écritures de l'Association des éditeurs de Tahiti et des iles cette année. Il s’agit de Hong-My Phong qui a décroché la résidence polynésienne. Isa Qala de Kanaky/Nouvelle-Calédonie et Terisa Siagatonu d’American Samoa ont remporté la résidence océanienne.
Hong-My Phong : “Avoir du temps est un luxe”
Hong-My Phong est autrice de deux romans : Pater Familias et Femmes Écorchées. Ce sont deux romans policiers qui suivent les aventures des enquêteurs Charlène Siu et Luc Savage en Polynésie. Elle a commencé la suite qu’elle espère pouvoir avancer pendant la résidence d’écriture. Elle hésite, encore, sur son lieu de résidence, mais qu’importe. Ce qui compte, c’est l’opportunité. “Avoir du temps est un luxe”, avoue-t-elle.
Elle a, tout au long de son deuxième tome, fait évoluer ses personnages. Elle aimerait à présent se concentrer sur l’intrigue. “Je fourmille d’idées”, indique-t-elle. “J’ai envie de parler de tellement de choses !” Elle évoque des problématiques de société qui lui tiennent à cœur comme la souffrance transgénérationnelle, les grossesses précoces, le suicide, la drogue… “Je ne sais pas encore si je pourrai tout traiter.” Elle compte sur la résidence d’écriture pour faire un point, se concentrer sur ses écrits et choisir la trame qu’elle développera dans ce troisième tome. Il faut “trouver des parades” pour que la rédaction et donc la lecture demeurent fluide.
Rencontre au Salon du Livre :
Jeudi 17 octobre :
11h30 - 12h10 > Rencontre et présentation d’ouvrage “Le polar à Tahiti : Femmes Écorchées et Pater Familias” avec Hong My Phong
Isa Qala, cap sur Ra’īatea
Isa Qala écrit, elle, depuis une dizaine d’années. Elle partage volontiers ses passions avec les jeunes : le théâtre, le chant, la danse, la littérature ou le cinéma. Elle contribue à la transmission du patrimoine culturel, notamment par son implication dans la troupe de danse du Wetr, bien connue dans le paysage calédonien. La culture, l’écriture et la littérature sont pour elle des terrains de jeu. Elle a déjà signé plusieurs romans.
Elle a jeté son dévolu sur l’île de Raiatea. Cette île est ancrée dans sa vie depuis toujours et elle aimerait en apprendre plus sur elle, mais aussi sur ses habitants. “Mon grand-père l’a choisi pour baptiser notre endroit, le lieu où l’on se retrouve”, explique-t-elle. Elle ne sait pas pourquoi ce choix, elle ne sait même pas si son aïeul a un jour posé les pieds en Polynésie. Cette résidence sera l’occasion d’y voir plus clair. Elle va prendre le temps de faire des rencontres, d’aller au-devant des habitants. Elle ira également dans les classes.
Elle s’engage avec un projet. Elle souhaite écrire un roman pour adulte qui parlera de Lifou. Elle annonce vouloir parler de sa terre “en profondeur”. Elle relayera la “manière de penser” de son île, si particulière. “Nos anciens nous apprennent à écouter avant tout chose pour nous imprégner des paroles prononcées puis nous dépasser.” Selon elle, un livre permet de comprendre “les courants de pensées”. Elle écrit le sien pour faire la lumière sur Lifou et lever les malentendus avec ce souci d’améliorer la communication entre les êtres.
Rencontre au Salon du Livre :
Jeudi 17 octobre :
15h30 - 16h10 RENCONTRE avec Isa Qala : “Parler de ma terre”
Terisa Siagatonu : “Je me sens chanceuse”
Terisa Siagatonu est une poétesse primée, artiste enseignante, une éducatrice en santé mentale. Sa voix dans le monde de la poésie en tant que femme queer samoane lui a donné l'occasion de se produire dans des lieux tels que la Maison Blanche, mais aussi à Paris lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, à Brisbane pour la Triennale Asie-Pacifique.
"Au cours des trois dernières années, je me suis plongée dans mes manuscrits et j'ai eu diverses occasions de recherches et de voyage, en particulier en Océanie puisque c'est le cadre de tous mes livres.” Elle s’intéresse à la Polynésie car, en tant qu’autrice polynésienne sensible à l'impact du changement climatique et à l'impérialisme sur le Pacifique, elle a jugé “nécessaire” de s’y rendre, d’écrire “en direct”. Il y a quelque chose de profond dans le fait de “créer et d'écrire sur les lieux dont vous parlez dans vos histoires”.
Elle a pu en faire l’expérience aux Samoa américaines, à Guam et à Hawaii l'année dernière. Une résidence est aussi une opportunité de pouvoir se concentrer uniquement sur ses projets créatifs. “Je me sens donc chanceuse.”
Elle a choisi Huahine et Mo'orea en raison des salons qui s’y tiendront, mais aussi en raison de ses liens avec ses propres histoires. Elle projette d’y écrire un roman pour jeunes adultes sur les coûts cachés de la crise climatique. Elle racontera la vie d'une adolescente samoano-américaine de Californie qui commence à faire le lien entre les thèmes liés au climat que sont le racisme environnemental, l'embourgeoisement, la colonisation, les droits fonciers et ce que cela signifie d'être un jeune Pasifika à l'ère du changement climatique aujourd'hui.
Dans son nouveau roman, il lui importe surtout de traiter du rôle joué par l’armée américaine, “un sujet qui est rarement pris en compte dans le discours plus large sur le climat”. Selon elle, l'armée américaine est l'un des principaux responsables de la crise climatique, tout en étant le plus grand extracteur de ressources et de personnes dans les îles du Pacifique.
Les Rendez-vous du Salon : :
Jeudi 17 octobre :
16 h 20 - 17 heures Rencontre avec Terisa Siagatonu :
“Le Pacifique au cœur des mots”