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S'unir pour chercher un job: le pari des "Entreprises éphémères"


Sameer Al-DOUMY / AFP
Sameer Al-DOUMY / AFP
Nanterre, France | AFP | mercredi 25/01/2022 - "Etre ensemble, c'est beaucoup plus motivant!": dans un grand open space à Nanterre, une cinquantaine de jeunes de 18 à 30 ans s'affairent au sein d'une "entreprise éphémère" dont la raison d'être est... de trouver un emploi à chacun. 

Encadrés par quatre coachs, ils sont réunis pour six semaines dans cette simili-entreprise, vers laquelle ils ont été adressés pour l'essentiel par Pôle emploi ou les missions locales.

Il y a Manuela, 24 ans, qui cherche un emploi dans la communication, Oubeid, 21 ans, une alternance dans l'informatique, Sofia, 18 ans, dans l'esthétique, Adrien, 30 ans, qui "papillonne un peu"... 

"Ca va du Bac-5 au Bac+5, on a toutes les populations", observe l'un des coachs, Sylvain Robert-Baby. Dans l'entreprise éphémère, "il n'y a pas de hiérarchie", souligne-t-il.

En ce lundi matin de janvier, la journée démarre par un briefing, lancé au son d'un klaxon, dans les locaux prêtés par la municipalité à "l'entreprise", baptisée par les jeunes "Unlocked jobs".

"Vous êtes prêts pour cette semaine? (...) Qui prend la main?", lance le coach.

Chaque service décline son programme. La "com'" doit finaliser le logo et préparer un "mur des talents" avec les photos des jeunes et le métier recherché. Le service "face à face" qui contient le gros des troupes, se prépare à démarcher les entreprises du secteur, le "call-center" à les appeler et les relancer. Le "web" va aider chacun à se familiariser avec la plateforme, tandis que les "RH" doivent entre autres plancher sur les CV.

Dans cette entité, ouverte de 9h à 17h30, personne n'est demandeur d'emploi: tous sont "associés".

Une formule revient à plusieurs reprises chez les jeunes: "ça nous remet dans le bain". C'est le cas de Raphaël, 28 ans, ingénieur au chômage depuis deux ans après une grosse opération, retardée par le Covid et qui l'a mis KO. "Au lieu que je sois seul à chercher un travail, on est 50 pour chercher un travail pour chaque personne".

"Rien faire, c'est non"

"Ca me rebooste parce que j'étais totalement déprimée", dit aussi Jamila, 24 ans. Après six ans dans la logistique, elle s'est retrouvée sans emploi en mai 2021 "à cause du Covid". Ayant des droits au chômage conséquents jusqu'en mai 2023, elle estime avoir à la fois "le temps et pas le temps" car "rien faire, c'est non".

Pendant que les jeunes échangent en petits groupes, arrive une responsable du Leclerc de Rueil-Malmaison contactée par un des coach et qui cherche à recruter. C'est le premier "open-job" de cette entreprise éphémère.

Après une visite menée par Clara, 30 ans, ex-enseignante qui veut se lancer dans les métiers du livre, un petit coup de klaxon rappelle les "associés".

La responsable de chez Leclerc leur explique que son entité cherche à recruter une dizaine de personnes dès à présent, et une centaine chaque année. 

"Vous voulez un emploi, vous ne trouvez pas et moi je veux du monde et je n'en trouve pas", dit-elle, en écho aux tensions de recrutement actuelles. Les jeunes l'interrogent sur les horaires (parfois décalés) ou les remises en magasin, mais personne ne s'intéresse d'emblée aux rémunérations.

Un bureau séparé est ensuite utilisé pour des entretiens professionnels avec ceux qui le souhaitent. 

Il s'agit de la 22e entreprise éphémère lancée en France, explique le coach Sylvain, et la première dédiée aux jeunes --financées à chaque fois par des aides publiques ou des groupes privés, Oracle dans le cas de Nanterre--. Et les résultats en terme de retour à l'emploi sont probants: "un tiers retrouvent du travail dans les 3 mois" et "65% dans les six mois".

le Mercredi 26 Janvier 2022 à 06:20 | Lu 202 fois