PAPEETE, le 5 septembre 2017 - Roger Yane, de son nom d'artiste Ryane, a appris le 'ukulele en bringue et avec ses cousins. Et un jour il a découvert un artiste hawaiien qui manipulait l'instrument avec une facilité déconcertante, l'utilisant pour des solos de rocks, jazz ou blues incroyable. Avec le reste de sa génération des ukuleleistes, il s'est plongé à corps perdu dans l'instrument à quatre cordes.
Ryane participera au Festival International de 'Ukukeke organisé la semaine prochaine à la Maison de la culture. Il jouera en particulier lors du grand concert du 15 septembre. Il avait également participé au premier Festival International de 'Ukulele en 2014, ainsi qu'au précédent record du monde.
[Démonstration de Maruarii Ateni et Roger Yane lors de la conférence de presse annonçant le Festival :]url:https://www.facebook.com/Tahitiinfos/videos/1514071498685520/
Ryane participera au Festival International de 'Ukukeke organisé la semaine prochaine à la Maison de la culture. Il jouera en particulier lors du grand concert du 15 septembre. Il avait également participé au premier Festival International de 'Ukulele en 2014, ainsi qu'au précédent record du monde.
[Démonstration de Maruarii Ateni et Roger Yane lors de la conférence de presse annonçant le Festival :]url:https://www.facebook.com/Tahitiinfos/videos/1514071498685520/
Le profil de Ryane répond en écho à celui du joueur de 'ukulele hawaiien Andrew Molina, (lire notre portrait). Le Tahitien, comme le Hawaiien, a plongé dans le 'ukulele après avoir entendu Jake Shimabukuro en jouer. Ils ont été parmi les premiers convertis à cette nouvelle vague, que l'on ressent encore à travers le monde : le 'ukulele avait gagné ses lettres de noblesses dans le jazz et le rock et sortait du simple rôle d'instrument "local". Jake Shimabukuro a inspiré toute une génération de futurs maestros du petit instrument à quatre cordes. Mais il n'y avait encore aucune école ou professeur de ce nouveau style, et ils ont tous appris en autodidacte, en écoutant obsessivement les albums de leur précurseur. Mais aucun des deux ne renie leur plaisir, et on les retrouvera souvent à jouer en bringue ou en "lū'au" avec leurs proches.
La rencontre des deux artistes la semaine prochaine au festival devrait, justement, être détonante. Un morceau de choix pour tous les fans de 'ukulele de Polynésie.
Roger Yane, dit "Ryane", professionnel du 'ukulele à Tahiti
"J'ai essayé de travailler dans un bureau et ça me rend dingue. Je ne peux plus vivre sans musique !"
Comment as-tu commencé le 'ukulele ?
J'ai commencé le 'ukulele à 14 ans, donc ça fait maintenant 13 ans que j'en joue, presque la moitié de ma vie ! C'est une vrai passion, qui est venue avec l'orchestre Te Ava Piti. J'écoutais beaucoup de musique locale quand j'étais jeune, puis de voir les copains jouer à l'école ça m'a donné l'envie de m'y mettre, j'ai appris comme ça. Et un jour j'ai vu à la télévision un concert avec beaucoup d'artistes hawaiiens qui m'a beaucoup influencé. Il y avait en particulier Jake Shimabukuro qui était invité avec le groupe Makaha Sons pour jouer Noho Pai Pai… Quand je l'ai vu jouer, je me suis dit 'waou, c'est carrément autre chose que ce que je connais du 'ukulele'… Ca m'a montré que le 'ukulele n'a pas de limite, on peut en faire beaucoup plus que ce qu'on imagine, ça m'a vraiment influencé…
La rencontre des deux artistes la semaine prochaine au festival devrait, justement, être détonante. Un morceau de choix pour tous les fans de 'ukulele de Polynésie.
Roger Yane, dit "Ryane", professionnel du 'ukulele à Tahiti
"J'ai essayé de travailler dans un bureau et ça me rend dingue. Je ne peux plus vivre sans musique !"
Comment as-tu commencé le 'ukulele ?
J'ai commencé le 'ukulele à 14 ans, donc ça fait maintenant 13 ans que j'en joue, presque la moitié de ma vie ! C'est une vrai passion, qui est venue avec l'orchestre Te Ava Piti. J'écoutais beaucoup de musique locale quand j'étais jeune, puis de voir les copains jouer à l'école ça m'a donné l'envie de m'y mettre, j'ai appris comme ça. Et un jour j'ai vu à la télévision un concert avec beaucoup d'artistes hawaiiens qui m'a beaucoup influencé. Il y avait en particulier Jake Shimabukuro qui était invité avec le groupe Makaha Sons pour jouer Noho Pai Pai… Quand je l'ai vu jouer, je me suis dit 'waou, c'est carrément autre chose que ce que je connais du 'ukulele'… Ca m'a montré que le 'ukulele n'a pas de limite, on peut en faire beaucoup plus que ce qu'on imagine, ça m'a vraiment influencé…
(en vidéo : Noho Paipai par Makaha Sons et Jake Shimabukuro)
Et comment fait-on pour apprendre le 'ukulele à ce niveau, tout seul, sans école ou prof ?
En fait je suis autodidacte. Au début j'avais un cousin dans le quartier qui m'a montré les premiers accords, même si les noms d'accord qu'il m'avait donné étaient faux ! Ensuite j'ai regardé les copains jouer, en écoutant la radio j'ai développé mon oreille, et ensuite 90 % de mon apprentissage s'est poursuivi dans ma chambre, d'abord avec les CD, surtout ceux de Jake Shimabukuro, puis avec l'arrivée d'internet c'est devenu plus facile.
Malgré le fait que tu n’as jamais eu de prof, aujourd'hui tu enseignes…
Oui c'est ça qui est marrant, je n'ai jamais pris de cours mais j'en donne. Et ça marche, mes élèves ont été invités en 2014 pour le Festival 'ukulele à Hitia'a, ils étaient 6 et le soliste était un petit de 12 ans ! Ça a très bien marché, le public était heureux, donc on nous a invités l'année suivante à un concert de Patrick Noble à Paea, ça s'est bien passé aussi, et depuis ça continue.
Et depuis 2016 on tourne régulièrement avec le groupe de Eto, le gagnant du Festival Guitare, et on fait les bars, restaurants, hôtels, la tournée classique des groupes locaux. Prochainement on aura un concert à Bora Bora.
A quel moment as-tu décidé que le 'ukulele deviendrait ta vie ?
En fait… Depuis la 6ème je voulais déjà faire prof de musique. Tout ce qui était piano, guitare, flûte, ça m'attirait beaucoup. Tout ce qui était partitions, je trouvais ça bizarre mais merveilleux : avec quelques notations comme ça on pouvais faire de la musique, sortir le bon son d'un instrument. Donc j'ai aussi continué d'apprendre le solfège en autodidacte avec des livres et sur internet.
Mais quand j'ai commencé le 'ukulele l'année d'après, je n'ai jamais pensé à faire prof de 'ukulele… Du coup j'ai fini par faire deux ans de Droit à l'université. Ça ne m'a pas plu, alors j'ai essayé de trouver du boulot… Et finalement je me suis lancé dans les cours de 'ukulele. Pour ça j'ai dû étudier d'autres aspects de l'instrument. J'ai commandé beaucoup de livres sur la théorie musicale, la construction des accords, l'histoire du 'ukulele, j'a beaucoup lu sur internet, et avec ce que je savais déjà faire en technique ça a bien complété.
Tu penses que d'avoir appris seul te donne une perspective différente ?
On dit que l'école de la rue est souvent la meilleure… En tout cas je n'ai jamais été timide pour jouer devant un public ! Mais il y a aussi des faiblesses. Quelqu'un qui apprend dans la rue ne saura pas forcément lire une partition, alors que celui qui sait lire une partition ne saura pas forcément jouer avec le "feeling", avec d'autres musiciens, un chanteur, ou même improviser. Donc il faut un peu des deux, et c'est comme ça que je fonctionne avec mes élèves : je leur apprend avec des feuilles, des partitions, et j'essaie de leur faire ressentir la musique, écouter où placer ses accords, chanter au bon moment, respecter le tempo… Ça a l'air difficile comme ça, mais à force de persévérer les gens qui arrivent.
Aujourd'hui j'ai 27 ans, et je ne pense pas pouvoir faire autre chose, c'est la musique qui me rend heureux. J'ai essayé de travailler dans un bureau et ça me rend dingue. Je ne peux plus vivre sans musique !
As-tu un conseil pratique pour ceux qui sont en ce moment même en train d'apprendre avec leurs amis, leurs tontons ou seuls sur internet ?
Oui, il faut vraiment persévérer et jouer tous les jours. Moi aussi quand j'ai appris j'ai eu envie d'abandonner au moins quatre fois. Pendant deux ans j'ai stagné, mais après il faut persévérer et s'ouvrir. Il faut regarder ce qu'il se passe ailleurs qu'en Polynésie, ce que les gens font autour du globe, et là tu vas progresser, c'est sûr ! C'est en apprenant des autres qu'on progresse. Ça permet d'être plus créatif, et quand on a maîtrisé la technique, la musique ça devient vraiment de la création.
Et comment fait-on pour apprendre le 'ukulele à ce niveau, tout seul, sans école ou prof ?
En fait je suis autodidacte. Au début j'avais un cousin dans le quartier qui m'a montré les premiers accords, même si les noms d'accord qu'il m'avait donné étaient faux ! Ensuite j'ai regardé les copains jouer, en écoutant la radio j'ai développé mon oreille, et ensuite 90 % de mon apprentissage s'est poursuivi dans ma chambre, d'abord avec les CD, surtout ceux de Jake Shimabukuro, puis avec l'arrivée d'internet c'est devenu plus facile.
Malgré le fait que tu n’as jamais eu de prof, aujourd'hui tu enseignes…
Oui c'est ça qui est marrant, je n'ai jamais pris de cours mais j'en donne. Et ça marche, mes élèves ont été invités en 2014 pour le Festival 'ukulele à Hitia'a, ils étaient 6 et le soliste était un petit de 12 ans ! Ça a très bien marché, le public était heureux, donc on nous a invités l'année suivante à un concert de Patrick Noble à Paea, ça s'est bien passé aussi, et depuis ça continue.
Et depuis 2016 on tourne régulièrement avec le groupe de Eto, le gagnant du Festival Guitare, et on fait les bars, restaurants, hôtels, la tournée classique des groupes locaux. Prochainement on aura un concert à Bora Bora.
A quel moment as-tu décidé que le 'ukulele deviendrait ta vie ?
En fait… Depuis la 6ème je voulais déjà faire prof de musique. Tout ce qui était piano, guitare, flûte, ça m'attirait beaucoup. Tout ce qui était partitions, je trouvais ça bizarre mais merveilleux : avec quelques notations comme ça on pouvais faire de la musique, sortir le bon son d'un instrument. Donc j'ai aussi continué d'apprendre le solfège en autodidacte avec des livres et sur internet.
Mais quand j'ai commencé le 'ukulele l'année d'après, je n'ai jamais pensé à faire prof de 'ukulele… Du coup j'ai fini par faire deux ans de Droit à l'université. Ça ne m'a pas plu, alors j'ai essayé de trouver du boulot… Et finalement je me suis lancé dans les cours de 'ukulele. Pour ça j'ai dû étudier d'autres aspects de l'instrument. J'ai commandé beaucoup de livres sur la théorie musicale, la construction des accords, l'histoire du 'ukulele, j'a beaucoup lu sur internet, et avec ce que je savais déjà faire en technique ça a bien complété.
Tu penses que d'avoir appris seul te donne une perspective différente ?
On dit que l'école de la rue est souvent la meilleure… En tout cas je n'ai jamais été timide pour jouer devant un public ! Mais il y a aussi des faiblesses. Quelqu'un qui apprend dans la rue ne saura pas forcément lire une partition, alors que celui qui sait lire une partition ne saura pas forcément jouer avec le "feeling", avec d'autres musiciens, un chanteur, ou même improviser. Donc il faut un peu des deux, et c'est comme ça que je fonctionne avec mes élèves : je leur apprend avec des feuilles, des partitions, et j'essaie de leur faire ressentir la musique, écouter où placer ses accords, chanter au bon moment, respecter le tempo… Ça a l'air difficile comme ça, mais à force de persévérer les gens qui arrivent.
Aujourd'hui j'ai 27 ans, et je ne pense pas pouvoir faire autre chose, c'est la musique qui me rend heureux. J'ai essayé de travailler dans un bureau et ça me rend dingue. Je ne peux plus vivre sans musique !
As-tu un conseil pratique pour ceux qui sont en ce moment même en train d'apprendre avec leurs amis, leurs tontons ou seuls sur internet ?
Oui, il faut vraiment persévérer et jouer tous les jours. Moi aussi quand j'ai appris j'ai eu envie d'abandonner au moins quatre fois. Pendant deux ans j'ai stagné, mais après il faut persévérer et s'ouvrir. Il faut regarder ce qu'il se passe ailleurs qu'en Polynésie, ce que les gens font autour du globe, et là tu vas progresser, c'est sûr ! C'est en apprenant des autres qu'on progresse. Ça permet d'être plus créatif, et quand on a maîtrisé la technique, la musique ça devient vraiment de la création.