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Route de Mahina : l'inquiétude s'immisce


L'entonnoir à la sortie du rond point du Tahara'a, côté mahina,  constitue une grande partie du problème.
L'entonnoir à la sortie du rond point du Tahara'a, côté mahina, constitue une grande partie du problème.
Tahiti, le 3 août 2023 - La nouvelle est tombée ce mercredi 2 août, à l'occasion du conseil des ministres délocalisé à la mairie de Mahina. Le gouvernement envisage d’élargir, de deux à trois voies, la portion de route allant du rond-point du Tahara'a à la montée de Supermahina. Mais si des solutions sont effectivement attendues afin de décongestionner les flux routiers dans la zone, la nouvelle ne fait pas pour autant l'unanimité du côté des habitants de la commune. 
 
Le sujet concerne toute l'agglomération de Papeete et ses bordures, la congestion des flux routiers aux heures de pointe est une problématique quotidienne pour des milliers de Polynésiens. Mercredi, à la mairie de Mahina, le ministre de l'Équipement, Jordy Chan, soutenu par le président Moetai Brotherson, exposait le projet d'élargir, de deux à trois voies, la route territoriale allant du rond-point du Tahara'a à la montée de Supermahina, avec un système de transposition, comme c’est le cas actuellement à Arue. Si une telle opération est aujourd'hui estimée à deux milliards de francs, la note devrait être plus salée que prévue. En raison notamment des travaux de réaménagement du pont de Muriavai qui ne laisse actuellement la place qu'à deux voies. De plus, si le président refuse de parler d'expropriation, c'est bien ce qui préoccupe aujourd’hui les administrés de la commune de Mahina.
 
“Lorsque j'ai lu l'annonce du projet, j'ai tout de suite pensé à nous, notre terrain, et au fait qu'ils viendront sûrement en saisir une partie”, confie Brenda, dont la maison se situe à seulement deux pas de la route qui devra être élargie. “Nous allons devoir réduire notre espace de vie ? Avoir la route à notre fenêtre ? Et tout ça, sans garantie que les choses vont changer ?” D'autant plus que pour cette habitante de Mahina, le problème est ailleurs : “Aujourd'hui, la circulation est un problème pour tout le monde, et pourtant, on continue à vendre toujours plus de voitures. Il n'y a pas de réglementation à ce niveau, et ce sont nous, les propriétaires terriens, qui devons accuser le coup ?”
 
“Encore de la circulation, malgré les trois voies”
 
Et si certains sont plus optimistes, ils n'en demeurent pas moins dubitatifs. Heimana, résident de la commune de Papeno’o, nuance : “Il faut le dire, c'est un bon projet. En revanche, je pense qu'il faut aller plus loin et pousser les travaux jusqu'à Papeno’o. En période scolaire, si je veux être en ville à 7 heures pour le travail, je dois quitter mon domicile à 5 heures. Passé 5h15, c'est fichu.” Un impératif dû à l'entonnoir créé par les arrivées simultanées des véhicules provenant de Papeno’o et des quartiers Supermahina et Mahinarama. “Il faudrait que les trois voies arrivent au moins jusqu'à Ahonu”, conclut Heimana.
 
Du côté de Arue, où depuis plusieurs années, les administrés profitent de ce système à trois voies, certains habitants tirent un bilan mitigé : “Aujourd'hui encore, il y a de la circulation, malgré les trois voies”, constate Mate, résident de Lafayette, nostalgique d'une époque révolue.  “Moi, ce que je regrette depuis tous ces grands travaux, c'est qu'il y a du béton partout. Avant, il y avait des arbres, des haies fleuries, maintenant, on ne trouve plus que des murs… C'est triste.”
 
À la mairie de Mahina, on rassure : “Il faut comprendre qu'il ne s'agit ici que d'une ébauche”, insiste Tamatea Degage, directeur général des services. “Le projet peut encore prendre plusieurs directions. En revanche, ce qui est sûr, c'est que rien ne sera fait sans consultation de la population.”

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 3 Août 2023 à 18:28 | Lu 3866 fois