Tahiti Infos

Rétrospective 2023 : Economie


Tahiti, le 3 janvier 2023 - Que retenir de l'année écoulée ? Tahiti Infos livre une série de rétrospectives thématiques consacrées à l'actualité de l'année 2023 et vous propose aujourd'hui une sélection des événements qui auront marqué la vie économique du fenua.
 
 

Les grandes dates

27 janvier : La prime au pouvoir d'achat est instaurée pour compenser la hausse du coût de la vie, purgée de tout recours, est enfin applicable.
15 février : Le Dixit dévoile les 200 premières entreprises du Fenua avec en tête de liste EDT-Engie, Onati et la Brasserie de Tahiti.
22 mars : Le punu pua'atoro redevient PPN (produit de première nécessité).
20 avril : L'éviction de Jacques Mérot (ex-président de l'Autorité polynésienne de la concurrence) est confirmée par la cour administrative d'appel de Paris.
2 mai : Décès subit de l'ancien directeur général de la Socredo, Matahi Brothers, dans sa 62e année.
27 juin : Un séminaire pour plancher sur le coût de la vie est organisé par le ministre Tevaiti Pomare à la présidence avec une centaine d'acteurs économiques.
10 juillet : Les comptes déficitaires 2021 de l'OPT (-319 millions de francs) sont adoptés en commission de l'assemblée. Et en 2022, l'Office enregistre une perte record de deux milliards de francs.
3 septembre : Du 3 au 13 septembre, l'ancien Premier ministre et fin connaisseur de la Chine, Jean-Pierre Raffarin, est invité par la CCISM à livrer son analyse et son décryptage des sujets économiques.
25 octobre : La société d'économie mixte de gestion et de transport d'énergie en Polynésie (TEP) est passée à la loupe de la Chambre territoriale des comptes (CTC).
16 novembre : Pas de nouvelles élections à la CCISM. Le feuilleton est enfin fini. L'ancien président de la Chambre, Stéphane Chin Loy, est débouté en justice. Kelly Asin-Moux prend sa suite.
7 décembre : Le gouvernement prélève un milliard et demi de francs sur ses réserves pour compenser la suppression de sa taxe sur l'immobilier.
1er décembre : Le black-out Friday ! Hasard du calendrier, la Polynésie est plongée dans le noir une bonne partie de la journée du Black Friday !

C'était le 23 février 2023 : Le point d'indice des fonctionnaires bientôt relevé de 3%

Les représentants de l'assemblée votent une enveloppe de 720 millions de francs pour revaloriser le point d'indice des fonctionnaires de la Polynésie, qui doit augmenter de 3% à compter du 1er mars, ainsi que le barème des agents non-fonctionnaires de l'administration.

Lors du collectif budgétaire examiné ce jeudi 23 février, les élus à l'assemblée votent une enveloppe de 560 millions de francs en vue de réhausser la valeur du point d’indice des fonctionnaires de la Polynésie française de 3% à compter du 1er mars. Il passera ainsi de 1030 à 1060. La dernière revalorisation remonte au 1er mai dernier. Le point d'indice pour les fonctionnaires avait été relevé de 1,5%, après une augmentation de 2% en 2019. Toujours au titre des dépenses de personnel, une enveloppe de 160 millions de francs est également votée pour revaloriser le barème Anfa (agents non-fonctionnaires de l'administration), suite à la récente hausse de l’indice des prix à la consommation. Revaloriser en même temps l'ensemble des catégories était trop lourd à supporter pour les finances publiques. Lors de la séance à l'assemblée, la majorité justifie la budgétisation de cette nouvelle hausse par le fait que les difficultés liées au pouvoir d'achat touchent aussi les ménages intermédiaires.
 


C'était le 16 mars 2023 : Un terminal de gaz à 4 milliards à Hitia'a

La première pierre du projet de terminal gazier Mana Ito d'une capacité de 3 000 tonnes de stockage est posée ce 16 mars à Hitia'a. L'entrepreneur Albert Moux signe son retour dans le secteur du gaz 40 ans après sa première expérience.
 
Trois mille tonnes de stockage dans le deuxième terminal gazier de la Polynésie française installé sur la commune de Hitia'a. C'est le projet faramineux à 4 milliards de francs qui a été lancé officiellement le 16 mars dans la vallée appartenant à la famille Cowan, juste en face de la passe de Faatautia. Et le 15 décembre, les trois cuves de stockage de la société Mana Ito d'Albert Moux ont commencé à être déchargées à Hitia'a. À cette occasion, Albert Moux a salué un “aboutissement” après avoir passé plusieurs années à chercher un “terrain idéal” pour installer son terminal gazier. Rappelant notamment que la route de 350 mètres avait été aménagée, goudronnée et terrassée, l'homme d'affaires a salué le “travail remarquable” de l'ingénieur qui a géré le projet, Sébastien Millot : “Tout a été très bien fait et étudié au millimètre près, ce n'est pas évident de débarquer des cuves de 450 tonnes, c'est une prouesse technique”. “Ce projet n'est plus un rêve mais une réalité”, a conclu l'homme d'affaires. La mise en service du nouveau centre de stockage est prévue courant 2024.

C'était le 3 avril 2023 : Le Medef en campagne avec son livre blanc

Dans un “Livre blanc”, le Medef Polynésie dresse une liste de 26 actions et propositions qu'il entend soumettre aux candidats aux prochaines élections territoriales pour s'assurer que les entreprises soient un partenaire “écouté et entendu” par le prochain gouvernement. Protection sociale, droit social, fiscalité ou encore environnement sont évoqués.
 
À deux semaines du premier tour des territoriales, l'organisation patronale ne cache pas l'objectif de cette liste de 26 propositions réparties en cinq thèmes principaux : droit social et protection sociale généralisée, économie, emploi et formation, innovation et développement durable, ainsi que fiscalité. “C'est un livre blanc pour soumettre à l'ensemble des candidats aux prochaines élections le travail, de plus de deux ans, des groupes et séminaires du Medef qui sont arrivés à un certain nombre d'actions et de propositions. Pour qu'ils en débattent et pour qu'elles puissent être retenues”, explicite Frédéric Dock, le président du Medef Polynésie.

C'était le 1er août 2023 : 41 voix pour supprimer la TVA sociale

C'est fait. 41 des 57 représentants de l'assemblée votent la suppression de la “TVA sociale” dès le 1er octobre. Chacun reste droit dans ses bottes. La majorité et les élus Ahip ayant toujours été contre sa mise en place votent pour son abrogation, tandis que les 16 élus Tapura ayant instauré cette contribution pour la solidarité s’abstiennent.
 
Cette mesure répond ainsi aux engagements de campagne du Tavini et de Ahip, mais aussi aux attentes de la population qui ne voulait pas de cette taxe sociale. L'argument développé est le même : les recettes du Pays suffisent amplement à financer nos régimes sociaux et il n'était pas nécessaire de lever une nouvelle taxe. Le Tapura ne manque néanmoins pas de rappeler qu'au sein même du Tavini, il y a “deux tendances”, certains comme le président de Tarahoi, Antony Géros, y étant plutôt favorables, tandis que d'autres y étant farouchement opposés. L'opposition Tapura et Ahip se retrouvent en revanche sur l'avenir du financement de la Protection sociale généralisée (PSG), car la suppression de cette Contribution pour la solidarité va engendrer un manque à gagner de l'ordre de huit milliards de francs par an. Comment la compenser ? Un prélèvement du budget général du Pays a été choisi par le gouvernement pour combler les trois derniers mois de l'année, et même pour 2024 en tablant sur d'importantes recettes fiscales. Les uns et les autres se rejoignent en revanche tous sur un point : la suppression de cette TVA sociale ne fera pas forcément baisser les prix et ne se fera pas ressentir dans le portefeuille des Polynésiens.

C'était le 21 novembre 2023 : La réforme fiscale qui inquiète le patronat

Rétrospective 2023 : Economie
Tandis que la nouvelle réforme fiscale est examinée en commission à l'assemblée, le Medef, qui en a déjà eu vent, s'en inquiète, la jugeant “punitive” et “anxiogène”. Le syndicat patronal organise alors une conférence de presse en urgence pour manifester tout son mécontentement.
 
“Ce texte a eu l'effet d'une bombe pour nous”, reconnait Fréderic Dock, le président du Medef. “Il n'y a pas eu de concertation, le texte n'a pas du tout été discuté avec nous. Et tout texte non discuté est de nature anxiogène pour le monde économique, surtout quand on sort un projet comme celui-là.” Cependant, ce qui interroge ardemment le bureau du Medef, c'est le contexte économique particulièrement positif dans lequel intervient cette réforme, avec "une performance record, la meilleure de la décennie". Frédéric Dock, le gouvernement s'expose à un fort ralentissement, voire à un arrêt des investissements privés. “Le risque, c'est de passer de 150 milliards d'investissements à zéro.” “Il y a une absence totale de stratégie à court, moyen ou long terme”, regrette-t-il également. En résumé pour le syndicat patronal, la quasi-totalité de la réforme va à l'encontre de l'économie incitative en fermant ainsi les robinets. “C'est une fiscalité punitive”, s'indigne de son côté la vice-présidente du Medef Florence Darnon. “Aucun investisseur ne viendra dans un pays qui lui colle une reforme comme celle-là au mois de novembre pour l'année en cours. Pour les investisseurs locaux, le risque, c'est qu'ils posent le stylo”, ajoute le patron du Medef. “Ce n'est pas une crainte, mais une alerte.”

C'était le 13 décembre 2023 : Loi fiscale adoptée mais attaquée / Budget approuvé

Après moults rebondissements et deux passages en commission, la réforme fiscale du gouvernement est adoptée par les 38 élus de la majorité. Le Tapura et Ahip ont largement nourri les débats mais refusent de participer au vote dénonçant l'irrégularité de la procédure employée par Tony Géros, et annonçant déposer un recours devant le Conseil d'Etat. Dans la foulée, le budget du Pays est voté.
 
Le premier budget primitif du Pays de la mandature Brotherson n'aura pas été de tout repos. Du moins, la loi fiscale qui l'accompagne et qui est essentielle puisque c'est sur ces lois fiscales que le budget du Pays est bâti. Ce texte met en effet au jour les visions divergentes entre les deux présidents Brotherson et Géros sur des points précis comme la fiscalité sur l'immobilier ou les voitures hybrides et électriques. Résultat, si la majorité explique être arrivée à un “compromis” en supprimant et modifiant les articles qui fâchaient, l'opposition dénonce la manière de procéder, “irrégulière” et à la limite de la légalité selon elle. “Nous ne sommes définitivement pas de la même école”, plaide de son côté Moetai Brotherson. “Là où vous dites Tony 1, Moetai 0, j'ai envie de dire Démocratie 1, pensée unique 0”. Le Tapura et Ahip annoncent déposer un recours devant le Conseil d'État contre cette loi fiscale. En attendant, elle a bien été adoptée et il faudra attendre pour connaître la décision du Conseil d'état. Les élus ont ensuite étudié et également approuvé le tout premier projet de budget 2024 du gouvernement Brotherson après deux jours de débat.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 3 Janvier 2024 à 15:00 | Lu 2026 fois