La manifestation contre la réforme des retraites a mobilisé 10 000 manifestants selon ses estimations syndicales et autour de 3000 selon les observations officielles.
PAPEETE, 15 février 2018 - Plusieurs milliers de manifestants se sont mobilisés jeudi matin à Tarahoi pour demander le retrait du projet de loi portant sur la réforme des retraites. La grève générale illimitée devait être levée à 17 heures.
Pour se caler avec le calendrier législatif de l'Assemblée, l’intersyndicale prévoit de déposer, ce vendredi, de nouveaux préavis pour une grève générale illimitée, en prévision d'un mouvement qui sera déclenché, sous quinzaine, lors de l'examen du projet de loi sur les retraites.
"On vient juste de battre le record du monde de ‘ukulele. C’est déjà ça", a ironisé Angélo Frébault, jeudi en fin de matinée, d’une voix puissamment amplifiée par quelques milliers de watts de sonorisation. Rassemblés autour du leader de l’intersyndicale de travailleurs CSTO/FO-CSIP-O Oe To Oe Rima-Otahi-COSAC, 10 000 manifestants, selon les estimations syndicales et autour de 3000 selon les officielles, venaient d’achever une marche de protestation en centre-ville autour des blocs Fare Tony et Vaima, pour revenir à la place Tarahoi. Les organisateurs attendaient entre 8000 et 10 000 personnes en marge de la première séance de la session extraordinaire de l’assemblée de la Polynésie française. L’objet : demander le retrait du projet de loi du Pays portant réforme du système polynésien de retraites par répartition.
Problème : le texte controversé n’était pas à l’ordre du jour de la séance tenante. Le projet de réforme du système de retraites qui magnétise cette contestation populaire n’a été transmis par le gouvernement que ce mardi à la chambre parlementaire polynésienne. Il sera certes inscrit à l’ordre du jour de la session extraordinaire qui s’est ouverte jeudi pour 30 jours. Mais compte tenu des délais imposés par le processus institutionnel, ce projet de réforme ne devrait être examiné qu’au plus tôt le 1er mars prochain en séance plénière, après examen préalable en commission législative, comme semble l’avoir confirmé aux leaders syndicaux, le président de l’APF, Marcel Tuihani, lors de l’entretien qu'il leur a accordé en début de matinée.
Pour se caler avec le calendrier législatif de l'Assemblée, l’intersyndicale prévoit de déposer, ce vendredi, de nouveaux préavis pour une grève générale illimitée, en prévision d'un mouvement qui sera déclenché, sous quinzaine, lors de l'examen du projet de loi sur les retraites.
"On vient juste de battre le record du monde de ‘ukulele. C’est déjà ça", a ironisé Angélo Frébault, jeudi en fin de matinée, d’une voix puissamment amplifiée par quelques milliers de watts de sonorisation. Rassemblés autour du leader de l’intersyndicale de travailleurs CSTO/FO-CSIP-O Oe To Oe Rima-Otahi-COSAC, 10 000 manifestants, selon les estimations syndicales et autour de 3000 selon les officielles, venaient d’achever une marche de protestation en centre-ville autour des blocs Fare Tony et Vaima, pour revenir à la place Tarahoi. Les organisateurs attendaient entre 8000 et 10 000 personnes en marge de la première séance de la session extraordinaire de l’assemblée de la Polynésie française. L’objet : demander le retrait du projet de loi du Pays portant réforme du système polynésien de retraites par répartition.
Problème : le texte controversé n’était pas à l’ordre du jour de la séance tenante. Le projet de réforme du système de retraites qui magnétise cette contestation populaire n’a été transmis par le gouvernement que ce mardi à la chambre parlementaire polynésienne. Il sera certes inscrit à l’ordre du jour de la session extraordinaire qui s’est ouverte jeudi pour 30 jours. Mais compte tenu des délais imposés par le processus institutionnel, ce projet de réforme ne devrait être examiné qu’au plus tôt le 1er mars prochain en séance plénière, après examen préalable en commission législative, comme semble l’avoir confirmé aux leaders syndicaux, le président de l’APF, Marcel Tuihani, lors de l’entretien qu'il leur a accordé en début de matinée.
Devant ce délai de 15 jours, difficile pour l’intersyndicale d'éviter un étiolement de son pouvoir de mobilisation. La grève générale déclenchée jeudi matin pour une durée illimitée a donc été levée dans la journée, à 17 heures. Un nouveau préavis devait être déposé vendredi matin, en vue d'une nouvelle mobilisation plus en phase avec ce calendrier parlementaire. "Aujourd’hui, c’est une journée de contestation. Mais préparez-vous à un nouveau rassemblement : je veux que les politiciens sachent combien vous êtes, pour défendre votre vérité. La prochaine fois, on sera le double", a prophétisé Angélo Frébault, en fin de matinée.
En attendant, la mobilisation de jeudi est jugée "extrêmement satisfaisante", par Patrick Galenon, secrétaire général de CSTP/FO. "Tous ces gens sont là parce qu’ils ont compris. Et leur famille avec. Je ne sais pas combien de milliers de personnes on rassemble aujourd’hui, mais s’ils sont là, c’est que derrière la population a compris. Maintenant, si dans sa grande intelligence le président retire ce projet de loi, il montrera qu’il a entendu la population".
A deux mois des élections territoriales, le gouvernement Fritch entend profiter d’une confortable majorité de représentants pour faire adopter son projet de réforme des retraites. En l’état, le texte prévoit que l’âge légal de départ à la retraite qui est actuellement de 60 ans sera porté à 61 ans en 2020, puis 62 ans en 2021. Parallèlement, la durée légale de cotisation, pour l'heure de 35 ans, sera portée à 36 ans en 2019, 37 ans en 2020 et 38 ans en 2021. L’âge minimum pour prendre une retraite anticipé, aujourd’hui à 55 ans, sera porté dès 2019 à 57 ans. Le taux de remplacement des pensions de retraite, qui demeure à 70 %, sera calculé sur la base du revenu mensuel moyen des 15 meilleures années sur les 20 dernières, alors qu’il est pour l'instant calculé sur une base de référence des 10 meilleures années sur les 15 dernières.
Surtout, il entend mettre un coup de frein dès 2019 à une hémorragie du système de retraites par répartition qui a produit un déficit cumulé de 36,5 milliards Fcfp entre 2009 et 2018 et qui, si rien n’est entrepris pour le réformer d’ici-là, pourrait enregistrer 27,6 milliards Fcfp de déficits supplémentaires d’ici 2023, pour la seule caisse de la tranche A.
L’intersyndicale demande pourtant le retrait de ce projet de réforme. Les syndicalistes estiment que le recalibrage du système de retraites n’apporte qu’une solution provisoire à cette problématique comptable. Ils préféreraient une réforme d’ampleur du système de Protection sociale généralisé (PSG), avec de nouvelles économies dans la caisse d’assurance maladie et la création de nouveaux emplois salariés. "La seule solution que l’on nous propose, c’est de faire encore payer les mêmes personnes", s’indigne Lucie Tiffenat, du syndicat Otahi. "Le gouvernement a-t-il tout mis en œuvre pour créer de nouveaux emplois ? Moi, à part les contrats aidés qui nous coûtent de l’argent, je n’ai rien vu". En 2017, l'indice de l'emploi a pourtant cru de 1,8 % alors que la variation moyenne annuelle observée par l’Institut polynésienne de la statistique de 2012 à 2016 est de - 0,1 %. Malgré ce rebond de l'emploi, le problème de fond du système polynésien de retraite est d’ordre démographique. Il trouve surtout son origine dans le vieillissement de la population : le rapport actifs/retraités est passé de 5,61 en 1995 à 1,95 en 2017. Et on sait déjà qu'il sera de 1,1 en 2025...
En attendant, la mobilisation de jeudi est jugée "extrêmement satisfaisante", par Patrick Galenon, secrétaire général de CSTP/FO. "Tous ces gens sont là parce qu’ils ont compris. Et leur famille avec. Je ne sais pas combien de milliers de personnes on rassemble aujourd’hui, mais s’ils sont là, c’est que derrière la population a compris. Maintenant, si dans sa grande intelligence le président retire ce projet de loi, il montrera qu’il a entendu la population".
A deux mois des élections territoriales, le gouvernement Fritch entend profiter d’une confortable majorité de représentants pour faire adopter son projet de réforme des retraites. En l’état, le texte prévoit que l’âge légal de départ à la retraite qui est actuellement de 60 ans sera porté à 61 ans en 2020, puis 62 ans en 2021. Parallèlement, la durée légale de cotisation, pour l'heure de 35 ans, sera portée à 36 ans en 2019, 37 ans en 2020 et 38 ans en 2021. L’âge minimum pour prendre une retraite anticipé, aujourd’hui à 55 ans, sera porté dès 2019 à 57 ans. Le taux de remplacement des pensions de retraite, qui demeure à 70 %, sera calculé sur la base du revenu mensuel moyen des 15 meilleures années sur les 20 dernières, alors qu’il est pour l'instant calculé sur une base de référence des 10 meilleures années sur les 15 dernières.
Surtout, il entend mettre un coup de frein dès 2019 à une hémorragie du système de retraites par répartition qui a produit un déficit cumulé de 36,5 milliards Fcfp entre 2009 et 2018 et qui, si rien n’est entrepris pour le réformer d’ici-là, pourrait enregistrer 27,6 milliards Fcfp de déficits supplémentaires d’ici 2023, pour la seule caisse de la tranche A.
L’intersyndicale demande pourtant le retrait de ce projet de réforme. Les syndicalistes estiment que le recalibrage du système de retraites n’apporte qu’une solution provisoire à cette problématique comptable. Ils préféreraient une réforme d’ampleur du système de Protection sociale généralisé (PSG), avec de nouvelles économies dans la caisse d’assurance maladie et la création de nouveaux emplois salariés. "La seule solution que l’on nous propose, c’est de faire encore payer les mêmes personnes", s’indigne Lucie Tiffenat, du syndicat Otahi. "Le gouvernement a-t-il tout mis en œuvre pour créer de nouveaux emplois ? Moi, à part les contrats aidés qui nous coûtent de l’argent, je n’ai rien vu". En 2017, l'indice de l'emploi a pourtant cru de 1,8 % alors que la variation moyenne annuelle observée par l’Institut polynésienne de la statistique de 2012 à 2016 est de - 0,1 %. Malgré ce rebond de l'emploi, le problème de fond du système polynésien de retraite est d’ordre démographique. Il trouve surtout son origine dans le vieillissement de la population : le rapport actifs/retraités est passé de 5,61 en 1995 à 1,95 en 2017. Et on sait déjà qu'il sera de 1,1 en 2025...