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Retour controversé à l'Assemblée d'Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales


JULIEN DE ROSA / AFP
JULIEN DE ROSA / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 11/01/2023 - Le retour à l'Assemblée nationale du député insoumis Adrien Quatennens, suspendu par son groupe jusqu'en avril après sa condamnation pour violences conjugales, scandalise la majorité et divise les rangs de la Nupes, qui vient de se lancer dans la bataille contre la réforme des retraites.

Le député du Nord, absent depuis septembre, est arrivé "autour de 11 heures" à la commission des Affaires étrangères pour l'examen d'un rapport d'information sur la réforme du corps diplomatique, selon des sources parlementaires confirmant une information de LCP.

Visage fermé, il a siégé au bout d'une table, à côté du député du groupe GDR Tematai Le Gayic, a également constaté un journaliste de l'AFP sur place. "Rien de particulier à déclarer, je fais mon travail parlementaire", a-t-il déclaré en fin de séance, accompagné par l'Insoumis Carlos Martens Bilongo.

Condamné en décembre à quatre mois de prison avec sursis pour des "violences" sur son épouse, le député du Nord avait exclu de démissionner, dénonçant un "lynchage médiatique". 

Il a été suspendu pour une durée de quatre mois du groupe des députés LFI, jusqu'au 13 avril, et siège à ce stade en tant que député non inscrit.

La majorité est vent debout contre ce retour. "Il ne peut pas être passé sous silence, il n'a rien de naturel, de banal, de normal", a réagi la patronne des députés Renaissance Aurore Bergé. Elle a annoncé le dépôt mercredi d'une proposition de loi visant à "créer une peine d'inéligibilité" des personnes condamnées pour violences conjugales ou intrafamiliales.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a pour sa part observé qu'Adrien Quatennens "aurait pu faire le choix de démissionner, de se représenter devant ses électeurs pour garder de la légitimité, ce n'est pas le choix qu'il a fait, ça lui appartient".

Preuve de l'embarras qui touche tous les bancs, le président Modem de la commission des Affaires étrangères, Jean-Louis Bourlanges, a recadré le député Renaissance Sylvain Maillard, qui s'est "étonné", pendant les débats, du retour "en catimini" de l'ancien lieutenant de Jean-Luc Mélenchon. "Hors sujet... Pas la peine d'avoir un dérapage", a rétorqué M. Bourlanges.

Exclusion

La présidente du groupe RN Marine Le Pen a ironisé, devant l'Association des journalistes parlementaires, sur "l'hypocrisie totale de LFI". "Voilà des gens qui se présentent comme des défenseurs des droits des femmes (...) et là ils sont en train de justifier qu'il va être en réalité mis à l'écart pendant quatre mois du groupe, c'est-à-dire condamné à faire le tour du bureau de Mme Panot (présidente du groupe, NDLR) à cloche-pieds".

Des voix se sont élevées dès décembre, parmi les Insoumis, pour réclamer plus que les quatre mois d'exclusion de leur groupe, au regard d'un interview télévisé donné le lendemain de la décision de suspension par l'intéressé. Une nouvelle discussion devrait avoir lieu dans les prochains jours, selon plusieurs députés LFI.

"L’interview change beaucoup de choses parce qu'au lieu de faire profil bas, il nous explique sa version", commente pour l'AFP l'un d'entre eux, pour qui "laisser sous-entendre que sa femme est la manipulatrice de l’histoire est désastreux pour les combats contre les violences faites aux femmes".

A la sortie de sa propre commission mercredi, Clémentine Autain s'est bornée à rappeler qu'"il est en non inscrit, chacun appréciera".

Fin décembre, plus d'un millier de militants insoumis et de la Nupes avait signé une tribune dans Le Monde, pour dénoncer la décision du mouvement de ne l'exclure que temporairement. Des groupes d'action locaux avaient annoncé une inactivité temporaire en protestation.

Et les partisans et détracteurs de M. Quatennens se sont invectivés sur les réseaux sociaux, divisant profondément LFI.

Le mouvement a aussi subi la pression de ses partenaires de la Nupes, la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain réclamant clairement la démission du député du Nord, comme plusieurs socialistes.

Jugé en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC ou "plaider-coupable"), M. Quatennens a été condamné pour "violences sans incapacité commises par conjoint" entre octobre et décembre 2021, ainsi que pour "envoi régulier et malveillant de messages" à son épouse entre août et septembre 2022.

le Mercredi 11 Janvier 2023 à 04:23 | Lu 364 fois