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Retard dans l’arrivée des contractuels : le vice-rectorat explique


Jean-Claude Cirioni, vice-recteur de Polynésie.
Jean-Claude Cirioni, vice-recteur de Polynésie.
Jean-Claude Cirioni, vice-recteur de Polynésie française réagit aux retards constatés, depuis la rentrée scolaire 2012, des enseignants contractuels dans certains établissements. Trois semaines après la rentrée, 26 enseignants en CDD (contrats à durée déterminée) faisaient encore défaut dans certains établissements, au début de cette semaine. Et surprise, le vice-rectorat a reçu justement de la DES (direction de l’enseignement secondaire), 25 contrats de CDD à signer, le mardi 11 septembre. «C’est inadmissible, mais il faut bien que les parents d’élèves comprennent comment cette gestion des enseignants contractuels s’opère. Mon rôle de vice-recteur est de contrôler la qualité de l’enseignement dispensé et de payer les salaires des quelques 6 600 agents de l’éducation, aussi bien en premier degré qu’en second degré sur le territoire». Quant à la gestion des ressources humaines et notamment le recrutement, elle est, par application de la loi d’autonomie du territoire, une compétence pleine et entière du Pays. Au point que le vice-recteur n’a même pas la lisibilité du terrain et ignore, sauf si on l’en informe, qu’il manque des enseignants face aux élèves depuis la rentrée scolaire. «Je dénonce depuis 18 mois déjà, cette politique qui consiste à bloquer des postes d’enseignants pour des contractuels locaux (…) Je ne suis pas contre l’océanisation des cadres, bien au contraire, mais il faut qu’ils aient les diplômes requis pour enseigner les matières pour lesquels on les recrute». C’est pourquoi désormais, le vice-Rectorat ne signe plus en aveugle les contrats de CDD qui lui sont envoyés par la DES mais vérifie les compétences de chacun.

Autre critique, pointée du doigt à la fois par les parents et par les syndicats d’enseignants : le manque d’anticipation
des besoins des établissements. Là encore, le vice-recteur renvoie sur les dysfonctionnements de la DES. «La situation de Tubuai est exemplaire de ce point de vue-là. Le 14 août, on me demande un demi-poste d’espagnol, dont le contrat de CDD est signé dès le 16. Puis le 23 août, on me redemande de signer un CDD pour un autre demi-poste en espagnol, pour lequel il est proposé un enseignant titulaire d’une licence en créole, que je refuse deux fois. Il y a quatre jours, enfin, un candidat ayant les compétences requises m'est enfin présenté. Le contrat a été signé mardi. Je m’interroge sur ce qui justifie qu’un CDD à temps plein n’a pas été proposé pour le premier contractuel recruté en espagnol, mais je n’ai pas la main sur cela. Toujours à Tubuai, le 28 août ,12 jours après la rentrée, on me demande de signer le contrat d’un CDD à temps plein en anglais, c’est réglé. Mais je me demande encore pourquoi ce n’est pas un poste ouvert à un titulaire (…) Pour moi, la politique d’emploi bloqué pour des contractuels locaux est suicidaire à la qualité de l’enseignement, dont je suis le garant en tant que vice-recteur, responsable de l’argent de la République. D’autant que durant 15 jours, trois semaines et parfois plus, des élèves se retrouvent sans enseignant».
Autre exemple d’aberration de l’inefficacité du système de gestion des ressources humaines «Ce mercredi après-midi, j’ai reçu des parents de Tipaerui, ils m’informent qu’il manque un enseignant de français depuis la rentrée. Je me renseigne auprès des services et j’apprends que le professeur titulaire est absent pour cause de congé formation. Or, cette demande de l’enseignant a été formulée en mars dernier et validée, en mai 2012. Ce qui veut dire que depuis cette date, la DES savait qu’il faudrait un remplaçant, ce qui n’a pas été fait en temps voulu». Juste avant la rentrée scolaire 2012, le vice-recteur avait signé 360 CDD qui lui ont été adressés par la DES, quand environ 500 à 600 sont nécessaires habituellement pour combler les effectifs d’enseignants titulaires sur le territoire. «Ce qui provoque la colère des parents, ce sont ces contrats de CDD que je n’ai pas reçus».

Enfin le vice-recteur refuse de faire le parallèle entre les 140 postes d’enseignants supprimés en Polynésie française
, pour la première fois en cette rentrée 2012, et les absences de professeurs constatées sur cette même rentrée scolaire. «Ces suppressions de postes, les premières, se justifient par une baisse constantes des effectifs des élèves aussi bien en second degré qu’au premier degré (…) En dix ans, les effectifs des enfants scolarisés en Polynésie française ont chuté. Il y avait 6 609 élèves de moins en 2011, qu’en 2001». En bon comptable de l’argent public d’Etat, mettant en pratique les dispositions de la Lolf (loi organique relative aux lois de finances) à la lettre, Jean-Claude Cirioni entend appliquer, aussi, au territoire polynésien, les restrictions budgétaires imposées partout en France. Il précise même qu’il a été missionné pour cela, en 2010, ce qui n’était pas le cas de ses prédécesseurs…

EN CHIFFRES

La Polynésie française compte 72 000 élèves scolarisés (premier et second degré et études supérieures). 6 600 personnes sont salariées sur le territoire et payées, par l’Etat, pour cette mission d’éducation, y compris le personnel de la DES. L’éducation (soit le paiement de salaires, les dotations de fonctionnement ou d’équipement des établissements scolaires) représente un budget global annuel de 585 millions d’euros (soit 69,8 milliards de Fcfp). Selon la loi d’autonomie, le système éducatif s’exerce en partenariat entre l’Etat et le Pays. Dans les faits, selon les chiffres du vice-rectorat, 94% des dépenses en matière d’éducation en Polynésie française, sont réglées par le gouvernement central.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 13 Septembre 2012 à 09:42 | Lu 2612 fois