Nouméa, France | AFP | jeudi 20/02/2025 -Sous un soleil accablant, une file de mères d'élèves longe l'école Amélie-Cosnier, à Nouméa. Après les émeutes de mai 2024, les coupes budgétaires de la province Sud et la flambée des tarifs compliquent l'accès à l'école pour les familles les plus fragiles.
Aurélie, 35 ans, est venue à pied du "squat" (bidonville) voisin, dans le quartier de Nouville. Maman d'une petite fille scolarisée dans l'école, elle n'a pas les moyens de l'inscrire à la cantine. "Nous devons marcher tous les jours pour leur apporter à manger parce que le bus est devenu trop cher", souffle-t-elle.
Si elle enchaîne les allers-retours, d'autres mères restent près de l'école toute la journée, à l'ombre des arbres.
Le fils aîné d'Aurélie, inscrit dans un collège du centre-ville, n'a lui pas encore fait sa rentrée, entamée lundi dernier pour les quelque 62.000 élèves de l'archipel océanien. La famille n'a les moyens ni pour la cantine, ni pour le transport jusqu'à son établissement, situé à plus d'une heure de marche.
Comme elle, des dizaines de familles subissent l'explosion des coûts: aujourd'hui, un abonnement de bus coûte environ 70 euros par mois et par enfant dans ce territoire aux fortes disparités sociales.
La province Sud de Nouvelle-Calédonie, la plus riche et la plus peuplée des trois provinces du territoire, a été de loin la plus touchée par les émeutes qui ont éclaté en mai 2024. Une grande partie de son tissu industriel a été détruit et les recettes fiscales sont en chute libre.
En réponse, la province a supprimé l'allocation de rentrée scolaire et l'aide aux frais de transport, et baissé le taux de prise en charge des repas des boursiers. Les bourses allouées aux familles les plus précaires ont aussi diminué de 50%.
Wawa, mère célibataire de deux collégiens dans le quartier de Rivière-Salée, en fait les frais. En raison des nouvelles règles d'attribution, elle a perdu ses bourses. Parallèlement, la réduction de ses heures de travail - le territoire compte 11.600 chômeurs supplémentaires depuis mars 2024 - a fait chuter son revenu, passé de 500 à 400 euros par mois.
Cette perte de revenus l'oblige à trancher: financer le transport de ses fils ou leur acheter de quoi manger, "un morceau de pain et une boîte de pâté".
- Moins d'inscriptions à la cantine -
"Je pense à eux tout le temps: mes fils, leur trajet, mon travail... Il y a trop de soucis", confie Wawa.
Debout dès 05h00, ses garçons marchent une cinquantaine de minutes pour se rendre à leur nouveau collège. L'ancien, sévèrement dégradé lors des violences de mai 2024, ne rouvrira pas.
Cette décision suscite également l'incompréhension des parents d'un des quartiers les plus peuplés de la capitale. La province a fermé cinq établissements scolaires, obligeant près de 2.000 élèves à être déplacés.
Les associations de parents d'élèves redoutent une flambée du décrochage scolaire et de l'absentéisme, déjà élevé en Nouvelle-Calédonie.
Dans certaines communes, l'effet des coupes budgétaires est déjà visible. À Dumbéa, deuxième ville de Nouvelle-Calédonie en nombre d'habitants, le nombre d'inscrits à la cantine a chuté de 10%. Au Mont-Dore, la baisse dépasse 50% chez les boursiers.
Agathe, arrivée de France hexagonale fin 2024, attend toujours une place dans une école pour son enfant et se dit choquée par l'attitude de l'administration.
"Nous sommes face à un mur et il n'y a aucune explication claire. En France, l'éducation dans une école publique est un droit fondamental, je ne comprends pas pourquoi on n'essaye pas d'accélérer le processus", estime-t-elle.
Face à l'urgence, plusieurs associations s'organisent. L'Union des groupements des parents d'élèves (UGPE) tente d'alerter les pouvoirs publics sur la détresse des familles.
Solidarité RS, une association qui récolte et distribue des dons à Rivière-Salée, aide aussi comme elle peut. "Les enfants ne disent rien, ils baissent la tête. Mais ils seront les adultes mis de côté, demain", s'inquiète Francis Maluia, son président.
"Nous faisons remonter ces informations aux responsables politiques pour les faire réfléchir et peut-être aussi, on l'espère, toucher leur cœur".
Aurélie, 35 ans, est venue à pied du "squat" (bidonville) voisin, dans le quartier de Nouville. Maman d'une petite fille scolarisée dans l'école, elle n'a pas les moyens de l'inscrire à la cantine. "Nous devons marcher tous les jours pour leur apporter à manger parce que le bus est devenu trop cher", souffle-t-elle.
Si elle enchaîne les allers-retours, d'autres mères restent près de l'école toute la journée, à l'ombre des arbres.
Le fils aîné d'Aurélie, inscrit dans un collège du centre-ville, n'a lui pas encore fait sa rentrée, entamée lundi dernier pour les quelque 62.000 élèves de l'archipel océanien. La famille n'a les moyens ni pour la cantine, ni pour le transport jusqu'à son établissement, situé à plus d'une heure de marche.
Comme elle, des dizaines de familles subissent l'explosion des coûts: aujourd'hui, un abonnement de bus coûte environ 70 euros par mois et par enfant dans ce territoire aux fortes disparités sociales.
La province Sud de Nouvelle-Calédonie, la plus riche et la plus peuplée des trois provinces du territoire, a été de loin la plus touchée par les émeutes qui ont éclaté en mai 2024. Une grande partie de son tissu industriel a été détruit et les recettes fiscales sont en chute libre.
En réponse, la province a supprimé l'allocation de rentrée scolaire et l'aide aux frais de transport, et baissé le taux de prise en charge des repas des boursiers. Les bourses allouées aux familles les plus précaires ont aussi diminué de 50%.
Wawa, mère célibataire de deux collégiens dans le quartier de Rivière-Salée, en fait les frais. En raison des nouvelles règles d'attribution, elle a perdu ses bourses. Parallèlement, la réduction de ses heures de travail - le territoire compte 11.600 chômeurs supplémentaires depuis mars 2024 - a fait chuter son revenu, passé de 500 à 400 euros par mois.
Cette perte de revenus l'oblige à trancher: financer le transport de ses fils ou leur acheter de quoi manger, "un morceau de pain et une boîte de pâté".
- Moins d'inscriptions à la cantine -
"Je pense à eux tout le temps: mes fils, leur trajet, mon travail... Il y a trop de soucis", confie Wawa.
Debout dès 05h00, ses garçons marchent une cinquantaine de minutes pour se rendre à leur nouveau collège. L'ancien, sévèrement dégradé lors des violences de mai 2024, ne rouvrira pas.
Cette décision suscite également l'incompréhension des parents d'un des quartiers les plus peuplés de la capitale. La province a fermé cinq établissements scolaires, obligeant près de 2.000 élèves à être déplacés.
Les associations de parents d'élèves redoutent une flambée du décrochage scolaire et de l'absentéisme, déjà élevé en Nouvelle-Calédonie.
Dans certaines communes, l'effet des coupes budgétaires est déjà visible. À Dumbéa, deuxième ville de Nouvelle-Calédonie en nombre d'habitants, le nombre d'inscrits à la cantine a chuté de 10%. Au Mont-Dore, la baisse dépasse 50% chez les boursiers.
Agathe, arrivée de France hexagonale fin 2024, attend toujours une place dans une école pour son enfant et se dit choquée par l'attitude de l'administration.
"Nous sommes face à un mur et il n'y a aucune explication claire. En France, l'éducation dans une école publique est un droit fondamental, je ne comprends pas pourquoi on n'essaye pas d'accélérer le processus", estime-t-elle.
Face à l'urgence, plusieurs associations s'organisent. L'Union des groupements des parents d'élèves (UGPE) tente d'alerter les pouvoirs publics sur la détresse des familles.
Solidarité RS, une association qui récolte et distribue des dons à Rivière-Salée, aide aussi comme elle peut. "Les enfants ne disent rien, ils baissent la tête. Mais ils seront les adultes mis de côté, demain", s'inquiète Francis Maluia, son président.
"Nous faisons remonter ces informations aux responsables politiques pour les faire réfléchir et peut-être aussi, on l'espère, toucher leur cœur".