Tahiti Infos

Rentrée des classes : 69 000 élèves sur les bancs polynésiens


PAPEETE, le 12 août 2014- 69 000 écoliers, collégiens et lycéens reprennent cette semaine –ou lundi prochain- le chemin de leurs établissements scolaires après leurs enseignants dont la pré rentrée est en cours. Petit aperçu des nouveautés de cette rentrée 2014-2015, revue d’effectifs et points chauds.

Cette semaine, ce sont tout d’abord les collégiens et les lycéens qui reviennent dans les salles de classe : à peine une journée de cours le plus souvent pour signaler aux élèves la répartition des classes, assurer la distribution des emplois du temps et des livres, prévoir un accueil particulier pour les petits nouveaux : les 6e en collège et les 2nd au lycée. Les vraies choses sérieuses débuteront lundi prochain, date à laquelle les écoles du premier degré reprennent vie également.

A compter du 18 août, il faudra de nouveau compter dans la vie quotidienne, des Tahitiens particulièrement, avec les inévitables embouteillages aux heures de pointe, c’est-à-dire aux heures d’entrée et de sortie des écoles. L’éducation fait travailler sur le territoire près de 5 000 personnes (enseignants, personnel administratif et techniques, agents d’entretien et de maintenance etc.), c’est le plus gros employeur de Polynésie : aussi quand tout ce personnel reprend le travail après six semaines de vacances pour encadrer l’apprentissage de 69 000 enfants et adolescents, cela a des conséquences sur tous les autres, y compris les personnes qui ne comptent plus d’enfants scolarisés.

Cette rentrée scolaire s’annonce sans heurts majeurs si l’on en croit les syndicats d’enseignants eux-mêmes ; en 2013, il manquait des enseignants à l’heure de la rentrée scolaire, «cette année les postes ont été mieux pourvus. Nous espérons qu’il y a aura moins de problèmes et que les remplaçants seront en nombre suffisant» explique une représentante du SNES. Mais la vraie mesure de cette amélioration ne sera effective qu’en fin de semaine prochaine, une fois la rentrée achevée avec la comparaison entre les effectifs d’élèves réellement en classe et les postes d’enseignants prévus et pourvus pour assurer leur éducation. Car parfois la distorsion est importante.

Sur ces questions d’effectifs scolaires, la vigilance des enseignants et de leurs représentants syndicaux est particulièrement tournée cette année vers le collège de Taravao. Déjà en surpopulation depuis quelques années, le collège de la presqu’île –qui est le plus peuplé de Polynésie avec environ 1400 élèves- accueille cette rentrée une centaine d’élèves supplémentaire. Or, les travaux du futur collège de Teva i Uta n’ont pas avancé d’un pouce car le terrain choisi initialement, à proximité du golf d’Atimaono, ne devrait plus accueillir ce nouvel établissement scolaire censé désencombrer les collèges de Taravao et Papara.

40% des nouveaux collégiens en grande difficulté

C’est le résultat de l’évaluation nationale de fin d’année en CM2, réalisée en juin 2014, dans toutes les écoles de Polynésie qui le démontre. 40% des élèves qui sortent de l’école élémentaire et font leur rentrée au collège ne maîtrisent pas les fondamentaux nécessaires en français et en mathématiques. Ce sont donc des élèves en grande difficulté pour lesquels il va falloir réagir avec une stratégie politique adaptée : il semblerait qu’une réforme éducative soit en cours au ministère local de l’éducation.

L’an dernier le réseau ORS (Objectif réussite scolaire) avait émergé dans certaines écoles ciblées pour proposer notamment des aides aux devoirs vers ce public en difficulté. Des extensions de ce dispositif ORS sont à prévoir cette année scolaire pour déployer plus largement ce réseau là où le besoin est le plus crucial : notamment vers les archipels.

Combattre l’échec scolaire passera également cette année par une nouveauté en direction des parents. L’un des objectifs prioritaires du vice-rectorat est d’instituer une école des parents par le biais d’activités péri-scolaires. C’était l’un des objectifs de la Loi Peillon sur la refondation de l’école et c’est une thématique que la Polynésie doit traiter.

Les espoirs de l’Espé

L’école supérieure du professorat et de l’éducation (Espé) est la nouvelle entité qui va former les enseignants polynésiens dont l’ouverture officielle est programmée pour le 1er septembre prochain. Elle remplace l’ancien IUFM (Institut de formation des maîtres). Basée sur le campus universitaire d’Outumaoro au sein de l’UPF, l’école accueille notamment les enseignants stagiaires qui poursuivent au cours de leur première année d’exercice professionnel une formation pratique au sein de cette structure. L’Espé assure la formation initiale de ces enseignants stagiaires (qui ne sont devant les élèves durant leur première année d’exercice seulement 9 heures par semaine) mais sera chargée aussi de la formation continue, ce qui est une nouveauté.

Car, en Polynésie française formation initiale des enseignants et formation continue sont des compétences partagées. La première revient à l’Etat, mais la seconde au territoire. Il semble que les négociations préalables à la mise en place de cette école supérieure du professorat aient permis d’aplanir les difficultés relationnelles avant même qu’elles ne surgissent. La réalité pour les enseignants de cette franche collaboration est encore à tester sur le terrain. Les syndicats restaient en effet en défaut d’informations sur la formation continue des enseignants pour cette rentrée 2014-2015.

Cette année, une centaine d’enseignants stagiaires sera en formation à l’Espé d’Outumaoro. En 2014 le nombre d’admis aux concours du professorat a doublé en Polynésie. La très grande majorité d’enseignants stagiaires est affectée dans des établissements de Tahiti pour pouvoir suivre les enseignements de l’Espé à l’université.

Rédigé par M.L le Mardi 12 Août 2014 à 05:51 | Lu 1367 fois