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René Temeharo s'alarme de la chute des recettes du Port Autonome de Papeete


René Temeharo s'alarme de la chute des recettes du Port Autonome de Papeete
René Temeharo a réagi au nom du Groupe Tahoeraa Huiraatira au projet de délibération portant approbation du compte financier 2010 du Port autonome de Papeete et affectation de son résultat. Il exprime son inquiétude sur la détérioration soudaine et impressionnante des recettes d'exploitation du site:


"Monsieur le président
Mesdames et Messieurs les ministres,
Chers collègues,

L’étude du compte financier du port autonome offre une photographie de l’activité économique de la Polynésie puisque la moitié des recettes de l’établissement sont liées au trafic portuaire et à l’importation des marchandises.

Dans son rapport d’activité, le port note une chute inquiétante de ses recettes d’exploitation qui se sont dégradées de 530 millions en 2009 et 62 millions en 2010. Selon l’agent comptable, entre 400 et 500 millions de recettes en moins seraient imputables au ralentissement de l’économie.

En commission ce même agent comptable a estimé que les recettes devraient s’améliorer pour 2011 en raison d’une reprise du tourisme de croisière, mais aussi, et c’est ce qui est plus inquiétant pour notre économie, de l’inflation importée qui renchérit la valeur CAF des produits et donc génère mécaniquement des recettes supplémentaires, la taxe de péage étant de 1,25% de la valeur CAF.

Donc tant mieux pour le port, mais tant pis pour les consommateurs et les entreprises, sachant comme l’a encore indiqué récemment l’indice des prix à la consommation que le prix du pétrole impacte très sérieusement le coût de la vie.

Il convient également d’être attentif à l’effet de mirage économique puisqu’il s’agit surtout d’une augmentation des importations en valeur et non en nombre, ce qui n’est pas un bon signe pour l’activité économique.

Ceci étant, pour faire face à une baisse de ses recettes, le port s’est engagé dans une restriction de ses dépenses de fonctionnement, même si l’on note une explosion des dépenses de personnel qui ont augmenté de près de 180 millions depuis 2008, mais qui semble-t-il correspondent pour la majeure partie à la liquidation des primes de départ, très avantageuses au niveau de l’établissement.

Il serait bon, sans doute, dans le cadre du plan de redressement, de chercher à harmoniser les avantages statutaires de nos différents satellites qui sont pour l’heure pour le moins disparates.

Du côté des investissements, les travaux de la gare maritime et des aménagements de Vaiare ont eu un effet d’entraînement sur l’économie du BTP. Mais là aussi il faut être prudent puisque si sur la dernière décennie le port autonome a injecté 17 milliards dans l’économie, ce montant devrait être réduit à 7 milliards pour la décennie qui vient de débuter.

Au chapitre de ces investissements récents et à venir, il faut bien noter un manque de transversalité de nos politiques publiques qui amène à certaines incohérences. L’exemple des parkings en est un révélateur flagrant.

Ainsi, alors que le port se satisfait que la réalisation de la gare maritime ait coûté moins cher que la prévision initiale - 2,5 milliards contre 4,5 prévus – il faut bien souligner que cette gare ne comporte pas de parking puisque le projet de l’EAD avec le rachat de l’immeuble du Royal Papeete n’a pas été pour l’heure mené à terme, alors que cet édifice avait été acquis pour économiser sur les parkings souterrains.

Nous avons donc là un investissement immobilier de 600 millions qui ne sert à rien.

De l’autre côté du chanel, à Moorea, le port autonome envisage, après le doublement de capacité du parking du débarcadère de Vaiare de créer un nouveau parking de 700 places de l’autre côté de la darse. Bien sûr, le coût de ces investissements sera répercuté sur les usagers avec les conséquences polémiques que nous connaissons.

D’évidence, le port cherche à répondre à la prospective de la demande en matière de parkings, sans même entrer en concertation avec les autorités communales et territoriales en vue du développement d’un transport en commun fiable et régulier qui permettrait de limiter les investissements tout en satisfaisant les usagers.

A l’heure de la restructuration, il apparaît impératif de donner plus de cohérence aux politiques publiques plutôt que de laisser agir chacun dans son coin, que ce soit l’EAD, le port autonome, ou tout autre structure alors que le gouvernement n’impulse pas une politique d’ensemble en matière d’équipements publics.

Voilà mes chers collègues les quelques réflexions que je souhaitais partager avec vous.

Je vous remercie de votre attention."
René TEMEHARO

le Jeudi 11 Août 2011 à 11:33 | Lu 1718 fois