Johannesburg, Afrique du Sud | AFP | jeudi 10/08/2017 - "Après son opération des pieds, ses anti-douleurs n’avaient aucun effet. Il n’arrêtait pas de hurler. A l’instant même où j’ai déposé une goutte d’huile de cannabis sur sa langue, il s’est calmé".
Depuis plusieurs mois, Susanne (prénom modifié) donne un nouveau traitement à son fils de sept ans atteint du syndrome de Costello, une maladie rare qui provoque malformations physiques et déficit intellectuel.
"Ca a vraiment changé notre vie", affirme cette habitante de Johannesburg à l'AFP.
Le débat sur la légalisation du cannabis fait rage en Afrique du Sud, où un tribunal de la province du Cap-Occidental (sud) a considéré fin mars sa criminalisation comme inconstitutionnelle. Le Parlement sud-africain a deux ans pour décider d’adapter ou non la législation.
Susanne, jeune maman célibataire, et ses proches sont convaincus de son utilité: ils ont été médusés par l’effet du cannabis sur la santé du petit garçon. Selon eux, après un mois de traitement, "il était désormais capable de jouer seul et ne perturbait plus les autres enfants à l’école".
Quand Susanne a entendu parler du cannabis "thérapeutique" pour la première fois, elle affichait pourtant un profond scepticisme. "Ça m’a fait rire", explique-t-elle, "je pensais que les gens fumaient juste pour se défoncer".
Ses a priori sont balayés lorsqu'elle croise la route de Gerd Bader, un fervent défenseur des bénéfices de la "dagga", surnom donné à la plante en Afrique du Sud.
Lui-même atteint de sclérose en plaques, il utilise l’huile de cannabis pour soulager ses douleurs et conseille à Susanne d’en faire autant avec son fils.
A 49 ans, Gerd Bader produit du cannabis et la transforme en huile pour une vingtaine de personnes dans un endroit qu’il préfère garder secret par peur des descentes de la police.
"Les gens qui souffrent et meurent en ce moment même ne peuvent pas attendre deux ans que le Parlement se décide éventuellement à légaliser le cannabis. Ils en ont besoin maintenant".
Aujourd’hui en fauteuil roulant, Gerd affirme que l’huile de cannabis lui "a sauvé la vie", comme aucun autre médicament n’a pu le faire selon lui.
Il vend aujourd'hui ce remède peu conventionnel 600 rands (40 euros) le flacon de 2 grammes à d’autres malades qu’il considère comme ses "patients".
"Je viens en aide à ceux que les médecins ont laissé tomber. Et pour ça, je suis considéré comme un criminel", s’indigne-t-il.
La possession, la culture et la consommation de marijuana – même en petite quantité – sont interdites en Afrique du Sud et peuvent conduire les contrevenants à la prison.
Le procès d'un couple arrêté pour possession de marijuana en 2010 a d'ailleurs débuté fin juillet à Pretoria. Connu comme le "couple dagga", Myrtle Clarke et Julian Stobbs entendent prouver les vertus médicinales du cannabis devant la justice.
La communauté scientifique demeure elle divisée sur les bienfaits médicaux du cannabis.
En janvier, l’Académie américaine des sciences a proposé une synthèse de plus de 10.000 travaux parus sur les effets de la plante. Si elle est efficace pour réduire la douleur dans certains cas, trop de zones d’ombre demeurent encore pour ces experts.
Le conseil de recherches médicales sud-africain a de son côté lancé plusieurs essais cliniques, selon les médias locaux.
Pour Shaun Shelly, spécialiste des politiques liées aux drogues et chercheur à l’université de Pretoria, le cannabis peut être considéré comme une alternative lorsque les médicaments traditionnels ont été inefficaces.
"Comme pour n’importe quelle autre substance, il peut être un remède pour certaines personnes, et un poison pour d’autres", nuance-t-il.
"Pour des personnes qui ont des problèmes d’addiction, prendre du cannabis avec un fort taux de THC (principe actif de la marijuana) n’est pas recommandé", ajoute-t-il.
Mais il est catégorique sur un point. "La loi doit changer. Il est évident que pour le moment la politique de prohibition ne fonctionne pas", explique-t-il à l’AFP.
Un constat que l’ONU avait déjà fait en 2016 lors d’un sommet sur la drogue à New York.
Après quarante ans de répression, l’organisation internationale avait appelé les Etats à "réexaminer leurs politiques et leurs pratiques" en matière de cannabis.
Plusieurs pays ont modifié leurs lois anti-drogues qui dataient pour certains des années 1970.
Au début du mois de juillet, l’Uruguay est devenu le premier pays au monde à avoir complètement légalisé la production, la distribution et la consommation du cannabis.
Depuis plusieurs mois, Susanne (prénom modifié) donne un nouveau traitement à son fils de sept ans atteint du syndrome de Costello, une maladie rare qui provoque malformations physiques et déficit intellectuel.
"Ca a vraiment changé notre vie", affirme cette habitante de Johannesburg à l'AFP.
Le débat sur la légalisation du cannabis fait rage en Afrique du Sud, où un tribunal de la province du Cap-Occidental (sud) a considéré fin mars sa criminalisation comme inconstitutionnelle. Le Parlement sud-africain a deux ans pour décider d’adapter ou non la législation.
Susanne, jeune maman célibataire, et ses proches sont convaincus de son utilité: ils ont été médusés par l’effet du cannabis sur la santé du petit garçon. Selon eux, après un mois de traitement, "il était désormais capable de jouer seul et ne perturbait plus les autres enfants à l’école".
Quand Susanne a entendu parler du cannabis "thérapeutique" pour la première fois, elle affichait pourtant un profond scepticisme. "Ça m’a fait rire", explique-t-elle, "je pensais que les gens fumaient juste pour se défoncer".
Ses a priori sont balayés lorsqu'elle croise la route de Gerd Bader, un fervent défenseur des bénéfices de la "dagga", surnom donné à la plante en Afrique du Sud.
Lui-même atteint de sclérose en plaques, il utilise l’huile de cannabis pour soulager ses douleurs et conseille à Susanne d’en faire autant avec son fils.
- Considéré comme un criminel -
A 49 ans, Gerd Bader produit du cannabis et la transforme en huile pour une vingtaine de personnes dans un endroit qu’il préfère garder secret par peur des descentes de la police.
"Les gens qui souffrent et meurent en ce moment même ne peuvent pas attendre deux ans que le Parlement se décide éventuellement à légaliser le cannabis. Ils en ont besoin maintenant".
Aujourd’hui en fauteuil roulant, Gerd affirme que l’huile de cannabis lui "a sauvé la vie", comme aucun autre médicament n’a pu le faire selon lui.
Il vend aujourd'hui ce remède peu conventionnel 600 rands (40 euros) le flacon de 2 grammes à d’autres malades qu’il considère comme ses "patients".
"Je viens en aide à ceux que les médecins ont laissé tomber. Et pour ça, je suis considéré comme un criminel", s’indigne-t-il.
La possession, la culture et la consommation de marijuana – même en petite quantité – sont interdites en Afrique du Sud et peuvent conduire les contrevenants à la prison.
Le procès d'un couple arrêté pour possession de marijuana en 2010 a d'ailleurs débuté fin juillet à Pretoria. Connu comme le "couple dagga", Myrtle Clarke et Julian Stobbs entendent prouver les vertus médicinales du cannabis devant la justice.
- Médicament ou poison ? -
La communauté scientifique demeure elle divisée sur les bienfaits médicaux du cannabis.
En janvier, l’Académie américaine des sciences a proposé une synthèse de plus de 10.000 travaux parus sur les effets de la plante. Si elle est efficace pour réduire la douleur dans certains cas, trop de zones d’ombre demeurent encore pour ces experts.
Le conseil de recherches médicales sud-africain a de son côté lancé plusieurs essais cliniques, selon les médias locaux.
Pour Shaun Shelly, spécialiste des politiques liées aux drogues et chercheur à l’université de Pretoria, le cannabis peut être considéré comme une alternative lorsque les médicaments traditionnels ont été inefficaces.
"Comme pour n’importe quelle autre substance, il peut être un remède pour certaines personnes, et un poison pour d’autres", nuance-t-il.
"Pour des personnes qui ont des problèmes d’addiction, prendre du cannabis avec un fort taux de THC (principe actif de la marijuana) n’est pas recommandé", ajoute-t-il.
Mais il est catégorique sur un point. "La loi doit changer. Il est évident que pour le moment la politique de prohibition ne fonctionne pas", explique-t-il à l’AFP.
Un constat que l’ONU avait déjà fait en 2016 lors d’un sommet sur la drogue à New York.
Après quarante ans de répression, l’organisation internationale avait appelé les Etats à "réexaminer leurs politiques et leurs pratiques" en matière de cannabis.
Plusieurs pays ont modifié leurs lois anti-drogues qui dataient pour certains des années 1970.
Au début du mois de juillet, l’Uruguay est devenu le premier pays au monde à avoir complètement légalisé la production, la distribution et la consommation du cannabis.