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Réinscription : "M. Temaru souhaite-t-il que l’Etat se fâche avec nous ?" interroge Edouard Fritch


Réinscription : "M. Temaru souhaite-t-il que l’Etat se fâche avec nous ?" interroge Edouard Fritch
Le député Edouard Fritch,Tahoeraa apparenté UDI, réagit fermement à la démarche d’Oscar Temaru dans le cadre de la réinscription de la Polynésie sur la liste des pays non autonomes. Une action jugée "désastreuse au lendemain des déclarations on ne peut plus claires de François Hollande, et surtout à la veille de la visite en Polynésie du ministre des outre-mer".

Tahiti infos : Comment se positionne le Tahoeraa Huiraatira à l’égard de la démarche visant la réinscription de la Polynésie sur la liste des pays non autonomes de l’ONU, engagée par le président Oscar Temaru ?

Edouard Fritch : Notre position est inchangée, tant sur la forme que sur le fond : nous disons que cette action est inutile et inappropriée. Pour l’heure en tous les cas, parce que les urgences ne sont pas là. Et je ne vois pas l’intérêt que peut avoir le Président de mettre à mal nos bonnes relations avec l’Etat français.

Le sénateur Richard Tuheiava explique que la réinscription donnerait lieu à un régime transitoire au terme duquel les polynésiens auraient à se positionner sur un choix : départementalisation ; indépendance ; association. Il n’y a finalement pas de quoi brouiller les relations avec l’Etat français, dans un tel contexte.

Edouard Fritch : J’espère que vous vous êtes demandé pour quelle raison François Hollande, tout dernièrement lors des vœux adressés aux français de l’outre-mer, s’est interrogé sur le sens d’une telle action, alors que nous sommes dans la République. Les pays d’outre-mer aujourd’hui, ne trouveront de solution à leurs problèmes que dans le cadre d’un partenariat bien engagé, entendu et respectueux avec l’Etat français. Au Tahoeraa, nous percevons 5 sur 5 le messa ge de François Hollande. A quoi rime aujourd’hui imaginer une situation transitoire ? Concernant la départementalisation, M. Tuheiava le sait – et Oscar Temaru à fortiori – les polynésiens ne souhaitent pas d’un tel statut pour leur pays. Reste en effet le problème de l’indépendance. Et je suis consterné de voir un parlementaire qui siège dans une assemblée comme le Sénat, qui représente l’Etat français, aller avec son attaché-case, faire du porte-à-porte à New York pour montrer aux yeux du monde que le comportement de l’Etat français, chez nous, justifie une telle réinscription.
Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que Richard Tuheiava, n’a pas mission des maires qui l’ont élu de remettre en cause les liens qui unissent les communes polynésiennes à l’Etat français et encore moins notre Pays et l’Etat. Ce n’est pas la mission d’un sénateur. Nous sommes surpris de ce genre de comportement. Mais c’est vrai que les élections territoriales approchent…


Comment percevez-vous la position des Eglises sur la question de la réinscription, et notamment celle du CEO (Comité central du Conseil œcuménique des Églises) qui a émis un avis très favorable à la démarche d’Oscar Temaru, en septembre dernier ?

Edouard Fritch : Je n’ai pas très bien compris ce que souhaitent exprimer les églises vis-à-vis de l’Etat français, en se positionnant comme cela. Il y a surement des reproches à faire à l’Etat sur son attitude et son administration, mais je ne pense pas que c’est à l’Eglise de le faire. C’est le rôle des politiciens. Oscar Temaru s’est naturellement adressé à ces différents organismes, très anglosaxons, et qui n’ont jamais été très favorables à la présence française dans la Pacifique. (…)

Quelle est votre attitude concernant la résolution adoptée le 18 août 2011 par l’assemblée de Polynésie française, demandant au président de la République et au secrétaire général de l’ONU de bien vouloir entendre le souhait des élus polynésiens de voir le pays sur la liste des états non autonomes ?

Edouard Fritch : Ce texte est classé nul et non avenu. Le Tribunal administratif s’est prononcé là-dessus : ce n’est pas de la compétence de la Polynésie française de prendre de telles résolutions. Qu’Oscar Temaru demande un vrai référendum, qu’il utilise ses relations avec ses amis à Paris. Il suffit de demander aux populations l’avenir souhaité pour ce pays. Là on utilise des voies indirectes, pas très claires pour les polynésiens, pour arriver à ses fins. Il utilise la pression, malgré la position de ses amis en France. La déclaration que viennent de faire Oscar Temaru et Richard Tuheiava est faite au lendemain des déclarations on ne peut plus claires de François Hollande, et surtout à la veille de la visite en Polynésie du ministre des outre-mer. Que se passe-t-il ? M. Temaru souhaite-t-il que l’Etat se fâche avec nous, que ses amis l’abandonnent ? Des amis qui, très récemment, l’ont sauvé de la catastrophe financière, alors que le Pays était en cessation de paiement. Nous ne comprenons pas. Il s’agit d’un comportement irrespectueux envers ses amis et envers l’Etat qui nous tend en permanence la main pour nous accompagner dans les difficultés que nous traversons.

Dans l’hypothèse d’un retour aux affaires en mai prochain, comment le Tahoeraa huiraatira traitera cette démarche de réinscription ?

Edouard Fritch : Cette affaire pour nous est classée : nous ne nous pencherons pas là-dessus. Il est évident que pour nous la réinscription n’est pas à l’ordre du jour : si la prochaine majorité du Pays continue à agacer la diplomatie française avec cette histoire de la réinscription de la Polynésie française sur la liste des pays à décoloniser, cette opération ne pourra que gêner l’action que mène l’Etat au plan international. Il y a d’autres questions autrement plus importantes à régler au plan international.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 11 Janvier 2013 à 17:26 | Lu 1918 fois