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Réforme des peines: les syndicats de magistrats "consternés" par les annonces de Macron


Céline Parisot, secrétaire générale de l'ASM (à droite).
Céline Parisot, secrétaire générale de l'ASM (à droite).
Paris, France | AFP | mercredi 07/03/2018 - Les syndicats de magistrats ont vivement critiqué mercredi la réforme du système des peines de prison annoncée la veille par le président Emmanuel Macron, accusé d'avoir dit des "inepties" et des "contre-vérités".

Le syndicat majoritaire, l'Union syndicale des magistrats (USM), se dit "consterné" et déplore des "inepties". Il critique "une méconnaissance inquiétante des dispositions actuellement applicables en matière de prononcé et d'exécution des peines" et "un profond mépris pour le travail" des professionnels.
"Non, les aménagements de peine ne sont pas automatiques" pour les condamnations inférieures à un an, écrit le syndicat dans un communiqué. "10.000 détenus purgent actuellement des peines de moins d'un an", précise l'USM. 
Le président a affirmé mardi que "l'aménagement systématique des peines" serait transformé. "Pour les peines inférieures à un an, nous mettrons un terme à l'automaticité", a-t-il dit. Actuellement, tout primo-délinquant condamné à une peine inférieure ou égale à deux ans a la possibilité de demander un aménagement de cette peine. 
"Non, les peines alternatives ou aménagées ne pourront pas être systématiquement prononcées à l'audience", poursuit l'USM. "Cela augmentera encore le travail du juge alors que les audiences se terminent souvent entre 22H00 et minuit. On ne peut pas prendre 15 minutes de plus par dossier", a expliqué à l'AFP Céline Parisot, secrétaire générale de ce syndicat. 
Le président a annoncé le recrutement de 1.500 conseillers d'insertion et de probation, mais ces nouveaux postes sont évoqués depuis 2014, selon le syndicat.
L'USM déplore "le renoncement" d'Emmanuel Macron "à sa promesse de construire 15.000 places de prison". Seulement 7.000 places seront construites pendant le quinquennat, a reconnu le président.
"Il y a des objectifs louables, comme réduire la surpopulation carcérale et élargir les peines en milieu ouvert mais sans effectifs suffisants, cela restera de la communication", ajoute Céline Parisot. 
Le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) dénonce, lui, des "mesures gadgets" et estime que le président "ne fait que reprendre à son compte une rengaine sécuritaire". "Il surfe sur le faux scandale des peines inexécutées", pour ce syndicat: "Il produit de la confusion, des contre-vérités". 
Le syndicat Unité magistrats se dit, lui, "extrêmement déçu" des annonces sur ce "dossier majeur". "Au lieu de réfléchir à la peine, l'objectif est surtout de désengorger les prisons", déplore sa secrétaire générale Béatrice Brugère. Elle met en particulier en avant les bracelets électroniques, appelés à se développer. "C'est une illusion totale, ça ne sert à rien car il n'y a aucun contenu de réinsertion", critique Mme Brugère. 
Les annonces du président n'ont pas convaincu non plus le syndicat des gardiens de la paix Alliance. "Ce projet demeure très flou. Calquer la politique pénale sur la surpopulation carcérale et non sur la criminalité, ce serait envoyer un message inquiétant aux victimes et un signal rassurant aux délinquants", a déclaré à l'AFP Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance. 

le Mercredi 7 Mars 2018 à 07:00 | Lu 454 fois