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“Redonner de la fierté aux Polynésiens”


Tahiti, le 12 mars 2025 – Le projet “Te ohuraa o te tau” ou tout simplement “le cycle du temps et de l’espace” se fait fort d’aider nos enfants à “se réapproprier le vaa mata’eina’a” pour que tous respectent finalement l’environnement qui les entoure. Un projet initié par la fédération Tahei Auti ia Moorea et qui a pour objectif de “redonner de la fierté aux Polynésiens”.  
 
Les professeurs d’école de Moorea ont été invités à participer, ce mercredi, à une formation donnée par la fédération Tāhei Auti ia Moorea. À l’ordre du jour, “Te ohuraa o te tau” ou tout simplement “le cycle du temps et de l’espace”, explique la responsable culturelle de la fédération, Turia Kora. Il s’agit notamment pour les enseignants et les élèves de “s’approprier notre temps polynésien et donc notre environnement”.
 
Selon Turia Kora, dans chaque adulte sommeille un enfant “qu’il doit retrouver et réveiller”. Ce travail fait, elle appelle ensuite les enseignants, “au moment de l’équinoxe soit le 22 septembre, à prendre des repères : l’observation du soleil, voir où il se lève, définir où il se couche… Ainsi l’enfant va se rappeler où est son est, son ouest, son sud et son nord (…). Ainsi, ce n’est plus uniquement l’enseignant qui aura le savoir, tout va venir de l’enfant aussi. Et il faudra que l’enseignant fasse confiance à l’enfant et à son ressenti.” Elle considère que le projet “Te ohuraa o te tau (…) va redonner de la fierté aux Polynésiens”.

“Se réapproprier son vaa mata’eina’a”

Qu’ils soient à l’école, à la maison où n’importe où au Fenua, l’objectif est que les enfants “se réapproprient leur vaa mata’eina’a et se rendent compte qu’on est lié à cette montagne, à cette rivière, cette passe et à tout ce qui nous entoure. Et notre devoir, c’est de protéger tout cela”.
 
Ce projet va également inclure les parents et les inciter à partager avec leurs enfants leurs savoirs, savoir-faire et savoir-être en leur communiquant par exemple le nom de telle ou telle passe, de telle ou telle montagne, ou tout simplement le nom de tel ou tel arbre et ses différentes utilisations. 
 
“Cela ne se passe plus seulement à l’école”, insiste la responsable culturelle de la fédération Tāhei Auti ia Moorea. Chaque personne qui fait partie du cercle de l’enfant va ainsi devenir actrice de son éducation en lui transmettant ses savoirs.Ce sera un travail communautaire car dans chaque école, les enfants feront leurs observations avec leur famille et ensuite on peut tous se retrouver pour partager car d’une commune à l’autre, ce n’est pas la même chose.”  
 
Selon Turia Kora, ce projet est destiné à durer dans le temps “on ne peut pas juste observer (…). L’observation de cette année ne sera peut-être pas la même l’année prochaine. Et c’est là, d’année en année, qu’ils vont se rendre compte de l’importance des rahui, et pourquoi on doit protéger à tel moment”.
 
Elle regrette d’ailleurs que “l’on ne connaisse pas du tout notre course du soleil”. Les Matarii i ni’a et raro peuvent nous aider “à nous réapproprier notre environnement et notre temps polynésien (…). Le soleil définit toutes ces variations de notre environnement”. Et quand tout cela est maîtrisé, précise Turia Kora, des formations pourront être faites sur les étoiles.    
 
La responsable culturelle de la fédération Tāhei Auti ia Moorea insiste sur le fait que “notre but final, c’est l’enfant de demain”.

“Nos jeunes sont de plus en plus déconnectés du monde actuel”

“Le rappel aux sources, le retour à la culture polynésienne est important, surtout pour nos jeunes qui sont de plus en plus déconnectés du monde actuel”, déclare quant à lui le professeur documentaliste à Arue, Tuarai Tihopu.  
 
Ce dernier explique que la mise en pratique de ce qu’il a appris ce mercredi se fera aisément. En effet, il est enseignant dans une classe dédiée à l’art traditionnel. “C’est une classe dédiée à la culture. Et l’objectif sera d’intégrer ce qu’on a vu aujourd’hui à ce qu’on fait déjà.” Il explique qu’il pourra désormais, avec ses élèves, comparer ce que les uns et les autres ont comme plantes ou plantations chez eux. “On n’a pas forcément les mêmes plantes selon si tu habites au fond d’une vallée ou au bord d’une plage. Cela permettra également aux uns et aux autres de partager avec leurs camarades sur ce qu’ils ont dans leur jardin.”
 
Maire Bopp Dupont, membre de la fédération Tahei Auti ia Moorea et également professeure de reo au collège de Afareaitu, souligne que ce projet “Te ohuraa o te tau” va “aider l’enfant à grandir avec cette nature autour de lui et retrouver un équilibre (…) qui fait qu’on est bien ancré (…). Nos racines sont tellement bien profondes que cela ne va pas bouger.”  

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 13 Mars 2025 à 05:00 | Lu 1126 fois