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Recyclage et créations de mode avec Vairea


Vairea Cheung Piou nous présente certaines de ses créations, ici deux petits hauts créés à partir d'une seule robe XL.
Vairea Cheung Piou nous présente certaines de ses créations, ici deux petits hauts créés à partir d'une seule robe XL.
PAPEETE, le 2 mai 2017 - La société Tahiti Customize récupère de vieux vêtements bradés sur les marchés ou prêts à être jetés, et réutilise leur tissu pour des créations modernes et originales. Une belle vision de l'économie circulaire et du développement durable qui lui a permis de recevoir un prix de 1,5 million de francs du gouvernement.

Tahiti Customize est une société à responsabilité limitée (SARL) récemment créée par Vairea Cheung Piou et son mari. Elle récupère de vieux vêtements sur les marchés ou directement chez les particuliers, ce qui permet d'éviter qu'ils ne soient jetés. Il faut ensuite les transformer : "Pour certains il suffit d'à peine customiser ; pour d'autres, on va complètement les déstructurer et ils deviennent des vêtements complètement différents. J'ai eu l'occasion d'acheter une robe XXL que j'ai transformé en deux petites robes pour petites filles, et je trouve ça magnifique !" se ravit la jeune femme, des étoiles dans les yeux.

Vairea Cheung Piou travaille aujourd'hui depuis la maison de ses parents, à Faa'a, et va peut-être bientôt ouvrir un petit atelier. Elle a aussi trouvé sa première salariée, une mère de famille qui travaillera de chez elle. Son rêve aujourd'hui : que l'activité décolle et qu'elle puisse consacrer tout son temps à la couture, au recyclage de vieux vêtements et au partage de sa passion avec le plus grand nombre !



Des vêtements pour petites filles créés à partir de vieux jeans et de différents tissus locaux.
Des vêtements pour petites filles créés à partir de vieux jeans et de différents tissus locaux.
Vairea Cheung Piou, couturière et entrepreneuse
"Je n'arrive pas à m'arrêter de coudre !"


Comment est née l'idée de Tahiti Customize ?
"Ma maman m'a appris très jeune à faire du crochet, de la broderie, le macramé et les bracelets brésiliens… Mais pour Tahiti Customize, cette idée est née il y a deux ans, quand j'ai commencé à faire un peu de couture avec de vieux vêtements, de la customisation. J'ai très rapidement pris une patente pour être en règle avec mes employeurs en tant que salariée, et, à l'occasion du concours, j'ai même créé la SARL pour bien séparer l'entreprise, qui a reçu le prix, et ma gestion personnelle. Dans ma famille, on est assez entrepreneurs. Une de mes sœurs s'était déjà lancée dans l'entrepreneuriat, et ce qui l'a bloquée, c'était de ne pas avoir un fonds de roulement, avoir ce qui faut pour payer les factures tous les mois pour que l'entreprise perdure dans le temps. Donc je vais mettre tout le prix dans le fonds de roulement."

Tu comptes également recruter ?
"Oui, dans le projet, comme je suis salariée et que je ne peux pas produire autant que je le voudrais, j'ai décidé d'embaucher une personne. Je l'ai déjà trouvée, elle travaille très bien, elle est sérieuse et en plus elle m'a demandé elle-même d'être à mi-temps et à domicile pour sa vie de famille. J'ai envie de travailler avec des mères de famille qui ne travaillent pas mais veulent avoir un revenu, mais je ne veux pas les obliger à se déplacer. Ça a un coût, il faut une voiture ou c'est compliqué avec les bus."

Qu'est-ce qui te plaît dans cette activité ?
"C'est vraiment beaucoup de créativité ! J'ai une vraie passion pour la couture depuis trois ans, j'ai même pris des cours de couture au Grepfoc [le Groupement des établissements de Polynésie pour la formation continue, NDLR] et chez des couturières. Je suis allée voir quatre couturières différentes qui m'ont appris chacune leurs méthodes et façons de faire… Aujourd'hui, je peux rentrer d'une journée de huit heures et me mettre à coudre jusqu'à 10 heures du soir ! Je n'arrive pas à m'arrêter ! J'aime aussi l'idée que c'est du recyclage. Dans ma famille, on répare tout, mon père est le roi du bricolage et de la récupération !"

Tu penses que Tahiti Customize te permettra un jour de vivre de ta passion ?
"Sur le territoire, il faut être franc, je ne sais pas. Il faut voir si les gens seront réceptifs à ces vêtements recyclés. Mais je vois grand et loin, à l'export. Ce sont des produits qui deviennent uniques, associés à des tissus locaux et qui ont cette touche polynésienne qui peut marcher. En Polynésie, j'ai déjà deux dépôts, un sur Taravao qui s'appelle Mahine Shop, l'ancien Titeina Shop repris par sa fille, et un sur Punaauia, l'institut de beauté Instant bien-être où je vais souvent et que j'adore [rires] !"

Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui veut customiser de vieux vêtements qui traînent chez lui ?
"Il y a beaucoup d'informations sur le net pour apprendre à customiser. D'ailleurs, au début, Tahiti Customize était une page Facebook où je partageais toutes ces idées, justement. Donc j'encourage les gens à essayer, à pratiquer. Il ne faut pas avoir peur de couper les vieux vêtements, parce qu'avec un peu de couture on peut tout rattraper ! Donc, demain, tout le monde peut faire de la customisation ! J'espère juste qu'ils aimeront aussi ce que nous ferons avec Tahiti Customize."


Tahiti Customize gagne un prix de création d'entreprise du gouvernement
La petite entreprise de Vairea s'est faite remarquer dans les plus hautes sphères polynésiennes, puisqu'elle a été lauréate du prix spécial du gouvernement au concours de création et développement économique des entreprises. Elle y a remporté 1,5 million de francs, remis par Jean-Christophe Bouissou et le président Edouard Fritch. Une somme qu'elle compte placer dans le fonds de roulement de son entreprise afin de pouvoir s'installer tranquillement dans le paysage économique polynésien.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 2 Mai 2017 à 17:54 | Lu 7373 fois