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Ralentissement ou récession ? Incertitudes sur la croissance française en 2023


Joël SAGET / AFP
Joël SAGET / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 09/09/2022 - Les nuages s’accumulent sur l'économie française, mais quand l’orage éclatera-t-il et quelle sera son ampleur? Plusieurs signaux d'alarme ont été lancés ces derniers jours par les instituts de référence et le gouverneur de la Banque de France a même envisagé vendredi une "récession" en 2023.

"Les économies européenne et française seront confrontées l'an prochain à un ralentissement significatif, et nous ne pouvons exclure une récession limitée", a affirmé François Villeroy de Galhau dans un discours prononcé lors d'un évènement organisé à Prague par le think tank européen Eurofi.

Si l'économie française devait se contracter en 2023, une éventuelle récession n'aurait toutefois "rien à voir" avec le recul historique du PIB français en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19 (-8%), a précisé la Banque de France auprès de l'AFP.

La récession serait également "limitée dans le temps", souligne-t-on de même source.

Les propos du gouverneur n'en sont pas moins un avertissement, moins de 24h après un relèvement historique des taux de la Banque centrale européenne destiné à juguler l'inflation - et susceptible de freiner la croissance par la même occasion.

La dernière prévision de croissance du gouvernement français est de 1,4% pour 2023, mais elle pourrait être revue en baisse dans les prochains jours, à l'occasion de la présentation du projet de loi de finances pour 2023 et de la trajectoire budgétaire du gouvernement jusqu'à la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Les propos du gouverneur de la Banque de France tranchent avec la "résistance" de l'économie française vantée par le gouvernement ces dernières semaines, en particulier depuis la progression inattendue d'un demi-point du PIB au deuxième trimestre. 

Ces derniers jours, plusieurs prévisionnistes avaient d'ailleurs reconnu que malgré leurs anticipations initialement plus pessimistes que celles de l'exécutif, la croissance devrait finalement bel et bien atteindre l'objectif gouvernemental de 2,5% en 2022, voire le dépasser légèrement.

"Le printemps et l'été ont permis les voyages, le retour des touristes", ce qui a soutenu l'activité, soulignait fin août Charlotte de Montpellier, économiste chez ING. 

"Mais on n'a plus de moteur pour l'économie française, on est en bout de course", anticipait-elle déjà dans un entretien à l'AFP. Dans une note publiée vendredi, l'économiste table d'ailleurs sur une croissance de seulement 2,2% en 2022 et une contraction de l'économie de 0,2% du PIB en 2023. Le Fonds monétaire international, lui, prévoit une croissance d'1% l'an prochain.

"Résistance, ralentissement, rebond"

En 2022, l'Insee anticipe de son côté une décélération progressive de l'activité, avec une très faible croissance au 3e trimestre (0,2%) et une croissance nulle en fin d'année (0,0%).

Moteur économique français, "la consommation continuerait à progresser au 3e trimestre au même rythme qu'au trimestre précédent puis ralentirait en fin d’année avec l'atténuation des effets de rattrapage" post-Covid-19, détaille l'Institut national de la statistique dans son point de conjoncture publié mercredi.

En début de semaine, S&P Global avait déjà relevé pour le mois d'août la croissance la plus faible de l'activité du secteur privé depuis 17 mois en France.

Sur BFM Business, le gouverneur de la Banque de France a détaillé les raisons de l'essoufflement de la croissance française. 

"Les entreprises disent que les commandes tiennent, que les Français ont toujours envie de consommer, que les entreprises ont toujours envie d'investir", s'est d'abord félicité M. Villeroy de Galhau. Mais les entreprises avouent aussi avoir "de grandes difficultés à suivre, ce que les économistes appellent des problèmes d'offre: les difficultés d'approvisionnement, même si elles diminuent; l'inflation, en particulier sur l'énergie, et puis les difficultés de recrutement, qui durent depuis des années".

A quelques jours de la publication des projections macro-économiques de la Banque de France pour la période 2022-2024, le gouverneur résume le cycle économique à venir en "3R": "résistance en 2022, ralentissement en 2023 et rebond en 2024".

Non sans rappeler, alors que la guerre en Ukraine a fait bondir l'inflation, que les temps "sont extraordinairement incertains".

Rédigé par RB le Vendredi 9 Septembre 2022 à 06:24 | Lu 316 fois