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Quel avenir pour l’agence 'Ōpua ?


Tahiti, le 18 novembre 2024 - Lancée avec fanfare et trompettes par Jean-Christophe Bouissou, alors ministre du Logement et de l’aménagement en 2020, l’agence 'Ōpua, montée sous l’égide des associations de loi de 1901, ayant une assemblée générale, un conseil d’administration et un bureau, peine toujours à trouver son rythme. Des élus de la majorité souhaitent mettre un terme à son expérience.

L’agence 'Ōpua d’aménagement et de développement durable des territoires, bâtie pour être l’organisme central dans l’élaboration du Schéma d’aménagement général (Sage) et le suivi de dossier d’aménagements majeurs dans les communes qui font appel à elle, est sous le feu des critiques.
 
Cette association régie par la loi de 1901, créée en septembre 2020, a pour vocation de rassembler les institutions du Pays, les communes et leurs groupements, l’État, ses établissements publics et financiers tels que l’Agence française de développement ou la Banque des territoires. ‘Ōpua propose à ses membres une expertise pluridisciplinaire, un lieu de dialogue, de conseils, d’accompagnement technique, de réflexion et d’élaboration de stratégies cohérentes d’aménagements, à l’échelle territoriale. Tout un programme et de nombreuse vertus attendues, mais quatre ans plus tard, élus de Tarahoi et élus municipaux se demandent s’il est toujours utile de participer à son financement.

Un outil sans direction

Dès le départ, son directeur, Olivier Solari, était contesté, autant pour ses capacités managériales que professionnelles, en interne, comme à l’extérieur des murs de l’agence. De plus, de nombreux conflits sont nés entre ce dernier et sa directrice adjointe, Emmanuelle Thenot. Pour une toute jeune agence, un audit sur les conditions de travail a même dû être lancé afin de calmer les choses. Des dossiers ont malgré tout avancé. Une note sur les locations saisonnières, une autre sur l’agence immobilière sociale, des propositions pour le développement de Arue, de Mahina, de Bora Bora entre autres.
 
En juillet dernier, l’agence s’est retrouvée à poursuivre ses missions, mais sans direction. En effet, Olivier Solari a fini par plier bagage pour tenter une autre aventure outre-mer à Mayotte. Sa directrice adjointe, a été licenciée dans la foulée, alors que de nombreux élus interrogés préféraient travailler avec elle qu’avec Solari.
 
La recherche d’un nouveau directeur général a bien été entreprise, mais la seule candidature retenue a finalement décliné l’offre et depuis le mois d’août, c’est la météorologue Victoire Laurent, la présidente du bureau, qui dirige le bateau, malgré une qualification professionnelle bien éloignée du sujet.
 
Même le gouvernement semble ne pas s’intéresser plus que cela à ‘Ōpua, malgré le versement d’une subvention de 72 millions de francs en février 2024 et une autre à venir de 88 millions de de francs inscrite au budget 2025 pour l’élaboration du schéma d'aménagement général de la Polynésie française. Tevaiti Pomare, qui n’est plus ministre de l’Économie depuis le mois d’août, est toujours membre du collège des institutions pour le gouvernement selon le Journal officiel. Tahiti Infos a bien sûr voulu poser la question de l’avenir réservé à cette structure au président du Pays, en charge de l’Aménagement, mais ce dernier, comme à son habitude, n’a pas souhaité nous répondre.
 
Pour certains élus à l’assemblée, l’établissement serait “en mort cérébrale”. Les communes de Mahina, de Pirae et de Papeete se disent prêtes à se désengager de son financement.
 
On va attendre 2025, mais nous sommes nombreux à se poser la question de la poursuite du financement de cet organisme”, confiait jeudi dernier un élu de la majorité à l’assemblée de la Polynésie française. “Même la DCA [Direction de la construction et de l’aménagement, NDLR] rechigne à travailler avec. On se demande si on ne ferait pas mieux de fermer la structure et de demander aux agents qui y sont de venir renforcer les agents des services de l’Urbanisme qui ne sont pas assez nombreux. On se demande enfin si c’est vraiment à eux d’étudier les PGA.”

Redresser la barre

Pour sa part, Victoire Laurent, présidente du bureau de l’association, défend, quant à elle, la poursuite des travaux. “Nous continuons à honorer nos contrats et sommes à la recherche de nouveaux”, explique-t-elle. “Nous sommes aussi sur le point d’accueillir un nouvel ingénieur projets, nous venons de signer une convention avec Faa’a sur son PGA, mais aussi avec Papeete. Il faut savoir que nous sommes une association, donc nous ne pouvons pas répondre aux appels d’offres comme les bureaux d’études.”
 
Sur la fin souhaitée par certains élus, y compris de la majorité, Victoire Laurent est directe. “Ce ne sont que des bruits de couloirs, et c’est un peu agaçant. Demandez au président – on aimerait. On a encore fait un conseil d’administration récemment pour valider la convention 2024. Nous travaillons sur la programmation des fiches projets de la convention 2025.”
 
Et Victoire Laurent de conclure par une volonté de redresser la barre en 3C : “Communication, cadrage des missions, construction de ponts entre ‘Ōpua et les différents services du Pays.”

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 18 Novembre 2024 à 16:14 | Lu 892 fois