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Quatre artistes polynésiens en résidence à la Cité des arts à Paris


Orama Nigou, Jonathan Mencarelli, Vashee et Evrard Chaussoy (de gauche à droite) sont les quatre artistes polynésiens sélectionnés pour participer à une résidence d'artistes à la Cité internationale des arts à Paris. © Anne-Laure Guffroy
Orama Nigou, Jonathan Mencarelli, Vashee et Evrard Chaussoy (de gauche à droite) sont les quatre artistes polynésiens sélectionnés pour participer à une résidence d'artistes à la Cité internationale des arts à Paris. © Anne-Laure Guffroy
Tahiti, le 27 avril 2023 – Evrard Chaussoy, Orama Nigou, Jonathan Mencarelli et Vahaeinui Doom alias Vashee sont les quatre artistes polynésiens lauréats du concours de résidence des artistes. Ils s'envoleront début août pour Paris pour effectuer une résidence de trois ou quatre mois à la Cité internationale des arts. Une expérience qu'ils attendent avec impatience pour s'enrichir à la fois sur le plan personnel et artistique.
 
La direction de la culture et du patrimoine a dévoilé, ce jeudi, les quatre artistes qui profiteront d'une résidence à la Cité internationale des arts à Paris, pour une durée de trois à quatre mois, à partir du 3 août prochain. Il s'agit du peintre Evrard Chaussoy, de l'artiste textile spécialisée en plumasserie Orama Nigou, du sculpteur Jonathan Mencarelli et de l'illustrateur Vahaeinui Doom, connu sous le pseudonyme de Vashee. Tous attendent ce moment avec impatience, et notamment de rencontrer les 325 artistes venus du monde entier et issus de toutes disciplines, avec des techniques différentes, en résidence à la Cité des arts. Ils espèrent ainsi s'enrichir humainement et artistiquement. “Ce qui me plaît le plus dans cette perspective de résidence, ce sont les rencontres sur place avec les artistes du monde entier et l'émulation qui va pouvoir en ressortir”, confie Orama Nigou. Mais la jeune artiste de Raiatea souhaite également explorer d'autres facettes de son travail. “J'aimerais explorer un aspect peut-être plus performance, que je ne développe pas beaucoup ici.” Le sculpteur Jonathan Mencarelli souhaite, lui, profiter de cette résidence pour “faire de la recherche plastique, esthétique dans le domaine de la sculpture”. “Ça passe par des rencontres, des discours avec d'autres artistes ou des gens qui sont dans le domaine professionnellement. Ça peut être avec des institutions, que ce soit publiques ou privées, et ça passe aussi par aller voir des expositions, des galeries, et trouver d'autres idées et d'avoir le temps de s'y consacrer pleinement.” Car en étant immergés pendant plusieurs mois à Paris, les artistes sélectionnés seront au cœur de ce que Vashee considère comme “la capitale de l'art”. “Je veux aussi pouvoir me nourrir les yeux. Paris et ses expositions, ce sont ces espaces-là que j'espère aller visiter.

Quête intellectuelle


Pour Evrard Chaussoy, en revanche, il s'agit plutôt d'une quête personnelle et intellectuelle. J'attends de voir où je veux en venir avec ce que j'ai à dire. Ma démarche artistique –ça fait trois ans que j'y travaille–, j'essaye de la remettre en question, d'évoluer vers quelque chose de plus profond, d'essayer de sortir du schéma où je peins un tableau et le tableau est fait. J'aimerais que le tableau ne soit plus une finalité et que mes projections soient un fragment de ma démarche, d'un message global. Je ne sais pas comment je vais y arriver, mais je suis persuadé qu'en étant immergé quatre mois et en étant ouvert aux autres, ça va me changer.”
 
Pour les artistes polynésiens, résider pendant plusieurs mois en France leur permet de s'ouvrir à d'autres horizons. Mais c'est également l'occasion de se faire connaître à l'international. “On attend tous d'avoir des opportunités, de rencontrer des personnes et pourquoi pas de faire des expositions sur Paris”, confie Jonathan Mencarelli. “Je suis en train de construire ma carrière artistique, cette résidence peut devenir une véritable opportunité de lancement de carrière pour moi si je fais ce qu'il faut pour que ça arrive”, ajoute Orama Nigou. Quant à Vashee, il indique qu'“un des objectifs est de pouvoir confronter son travail à l'extérieur et le valoriser. On espère avoir l'occasion aussi de se démarquer au milieu de cet océan d'artistes, qui j'imagine sont aussi chevronnés les uns que les autres.” Evrard Chaussoy, lui, est plus philosophe : “Je me suis déjà posé la question de savoir si j'aimerais exposer et être reconnu à l'étranger. Oui, c'est tentant, mais ça, c'est l'ego qui parle. Pas juste pour le prestige, à moins d'avoir une profonde démarche sincère et un impact plus large qui trouverait tout son sens.”

De nouvelles perspectives


Si les quatre lauréats sont les seuls à s'être présentés cette année à cette troisième édition du concours de résidence, ils ont tout de même dû passer l'épreuve du jury de sélection, présidé par le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu et composé de huit membres, parmi lesquels deux anciennes résidentes de la Cité des arts : Taina Calissi, artiste pluridisciplinaire (peinture, photo, vidéo...) lauréate de la première édition, et Leia Chang Soi, illustratrice et réalisatrice de courts-métrages animés, lauréate de la deuxième édition. Pour ces dernières, l'expérience a été extrêmement enrichissante. “J'ai pu confronter mon travail et me remettre en question en fonction de ma démarche artistique parce que je me suis rendu compte qu'à travailler que sur des commandes ou les projets des autres, je n'avais pas forcément de démarche artistique”, explique Leia Chang Soi. La jeune femme a également beaucoup apprécié les différentes formations qui lui ont été dispensées, que ce soit la sérigraphie, la sculpture ou encore la gravure. “Maintenant, j'ai l'impression d'être perdue parce que j'ai envie de faire plein de choses”, plaisante-t-elle. “Ça m'a nourrie suffisamment pour que j'aie envie de plus. Et j'ai envie de m'essayer et d'expérimenter.”
 
Taina Calissi retient, quant à elle, avoir trouvé des réponses à ses questions. “On se demande toujours est-ce que je suis artiste, qu'est-ce qu'un artiste, est-ce que c'est quelqu'un qui réalise bien, quel que soit son domaine ? Eh oui, effectivement, on l'est. C'est la première réponse que j'ai eue sur le plan personnel. Parce que je suis quelqu'un de très pluridisciplinaire. J'ai rencontré une artiste plasticienne coréenne, j'ai échangé avec des architectes, des photographes, des vidéastes, une comédienne qui faisait des performances... Ça me conforte dans l'idée que l'art ne se résume pas qu'à la peinture et la sculpture.” Elle a également vu des opportunités professionnelles s'ouvrir à elle. “Ça m'a confortée dans l'envie de faire un peu plus à l'international. J'avais déjà donné un go avant avec une expo simultanée Tahiti-Toulouse avec le collectif que j'ai monté un an avant. Et j'ai poursuivi dans cette dynamique avec une expo à Miami et une expo à Dubaï en mars dernier.”
 
Les quatre artistes sélectionnés profiteront d'un accompagnement artistique et professionnel dispensé par la Cité internationale des arts, d'une bourse de vie et de production de 190 000 Fcfp par mois, d'un atelier-logement à la Cité des arts et d'un billet d'avion aller-retour pour Paris.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Jeudi 27 Avril 2023 à 18:06 | Lu 2447 fois