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Quatre ans ferme pour le “forcené” de Bora Bora


Tahiti, le 7 août 2024 – Déjà condamné à 27 reprises, un homme de 50 ans a écopé, mardi en correctionnelle, de quatre ans de prison ferme pour des violences commises sur plusieurs gendarmes et policiers à Bora Bora. Alors que cinq ans ferme avaient été requis contre le prévenu, le tribunal a indiqué qu’il avait tenu compte du fait que sa responsabilité pénale était “atténuée”.
 
Le tribunal correctionnel a jugé, mardi en correctionnelle, un homme de 50 ans qui était poursuivi pour avoir frappé des gendarmes et policiers municipaux ainsi que pour les avoir menacés de mort avec une arme. Déjà condamné à 27 reprises dont 21 fois pour des vols et quatre fois pour des violences, l’individu était donc jugé en état de récidive légale.
 
Les faits s’étaient déroulés le 28 juillet 2022 à Bora Bora lorsque le prévenu, placé en garde à vue dans le cadre d’une énième affaire de vols, avait profité d’une pause cigarette pour prendre la fuite. Après s’être réfugié au domicile de sa mère et avoir jeté des pierres aux mūto’i qui tentaient de l’interpeller, le quinquagénaire avait de nouveau pris la poudre d’escampette. Retrouvé quelques heures plus tard par les gendarmes, l’homme avait menacé l’un de ces derniers avec un coupe-coupe et avait tenté de lui porter un coup. Après avoir vainement essayé de neutraliser l’individu avec son taser, le militaire avait dû faire feu avec son arme de service, touchant ainsi l’intéressé au pied.
 
Personnalité “psychopathique”
 
Lors de l’audience qui s’est déroulée mardi, le prévenu a choisi de garder le silence face aux questions du président du tribunal qui est donc revenu sur son casier judiciaire en rappelant qu’à l’époque des faits, l’homme venait de sortir de prison. Le magistrat a également indiqué que le quinquagénaire, issu d’une fratrie de 11 enfants, avait été examiné par trois experts psychiatres dans le cadre de cette affaire.
 
Si l’entre eux avait même conclu à l’irresponsabilité pénale du prévenu, les trois spécialistes avaient communément conclu que l’homme présente les traits d’une “personnalité psychopathique” démontrés par une entrée “précoce” dans la délinquance. Atteint d’une “déficience mentale” et de “troubles modérés du développement intellectuel”, il a “cinq ans d’âge mental” sur le plan psychomoteur.
 
“Professionnalisme” des forces de l’ordre
 
Face à la violence des faits, l’avocate des parties civile de ce dossier, Me Lorna Oputu, a déclaré que le prévenu était un “individu dangereux, instable et agressif” en assurant que le “calme était revenu à Bora Bora” depuis son interpellation. Lors de ses réquisitions, le procureur de la République a, pour sa part, qualifié le mis en cause de “forcené”. Après avoir salué le “calme et le professionnalisme” des gendarmes et des mūto’i face à un individu qui avait la “volonté farouche d’en découdre”, le représentant du ministère public a insisté sur la “gravité certaine et évidente” des faits. Il est également revenu sur le fait que le quinquagénaire, qui “venait de sortir de prison”, n’était pas “atteint d’une maladie psychiatrique” mais de “troubles de la personnalité”. “C’est un individu qui n’a pas intégré les interdits”, a-t-il conclu avant de requérir cinq ans de prison ferme assortis du maintien en détention.
 
Pour la défense du prévenu, un homme de “50 ans avec un âge mental de cinq ans”, Me Diana Kintzler a ensuite demandé au tribunal de tenir compte du fait que son client n’avait jamais “acquis le sens du discernement”. “Vous devez tenir compte du fait que son discernement était altéré et envisager une mesure de protection en transmettant le dossier à un juge des tutelles”, a-t-elle poursuivi.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal est finalement allé en-deçà des réquisitions du parquet. Tenant compte du fait que la “responsabilité” du prévenu était “diminuée”, il l’a condamné à quatre ans de prison ferme et a assorti cette peine du maintien en détention.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 7 Août 2024 à 17:34 | Lu 2284 fois