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Pōrīnetia Ora aux Marquises sud : Teiva Manutahi et la population, deux discours contradictoires sur les conditions sanitaires


Pōrīnetia Ora aux Marquises sud : Teiva Manutahi et la population, deux discours contradictoires sur les conditions sanitaires
De retour du fenua ènata où il est resté trois jours, le leader du parti Pōrīnetia ora ne cache pas sa préoccupation quant à certaines situations d’ordre sanitaire entre autres, qu’il considère comme critiques, vécues par les marquisiens depuis des décennies. Une vision que ne partage pas la population concernée.

Teiva Manutahi était en tournée dans les îles du sud de l’archipel marquisien : de Hiva oa, Tahuata et Fatu hiva. Une tournée qui, selon lui, « m’a permis de découvrir certaines réalités que je n’imaginais pas dans ces îles.» il développe : « j’étais choqué de voir que des mamans perdaient leurs enfants pendant les longs trajets entre Fatu hiva et Hiva oa. Il y a eu de nombreuses fausses couches durant ces dernières années. Récemment encore, l’exemple d’une jeune maman de 26 ans de Fatu hiva qui a perdu son enfant. C’est inadmissible de voir cela chez nous, en 2013 ! »

Teiva Manutahi a décidé de regrouper des attestations de mères ayant vécues cette douloureuse expérience, dans l’objectif de porter l’affaire devant les tribunaux. « J’attends ces attestations, puis je compte déposer une plainte contre les gouvernements successifs, pour homicide involontaire. » Il justifie son intention : « Le pire dans tout cela, c’est que ces mamans qui ont fait de fausses couches ont du payer leur déplacement, alors que ça devrait pas se passer ainsi. Pourquoi les gouvernements qui ont dirigé notre pays n’ont jamais réglé ces problèmes ? Pour moi, cela s’appelle un homicide involontaire ! »


Pōrīnetia Ora aux Marquises sud : Teiva Manutahi et la population, deux discours contradictoires sur les conditions sanitaires
Mais voilà, ces propos ont surpris plus d’un du côté des Fatu hiviens. Joints par téléphone, l’infirmière de Fatu Hiva, par exemple, ainsi que des habitants de l’île, ont formellement démenti les propos du politicien. « C’est vrai qu’il arrive que nous ayons quelques problèmes de fausses couches, mais ce n’est pas quelque chose de chronique. Il en a toujours été ainsi dans toutes les îles des Marquises. De plus, aucune maman ne paie son déplacement, que ce soit en bateau ou en avion pour aller accoucher à Nuku Hiva ou Papeete. »

En ce qui concerne l’impression de fatalité ressenti par Teiva Manutahi, la contradiction est directe : « Lorsque des futures mères doivent passer leurs visites médicales sur l’île de Hiva oa, située à 4 heures de bonitier, une D.E.P, Demande d’Entente Préalable permet à ces dernières de bénéficier d’une prise en charge totale de leurs déplacements. Cela veut dire qu’un budget forfaitaire de 50 000 francs est réparti sur le nombre de mamans. Lorsqu’elles devront se rendre sur l’île de Nuku hiva pour accoucher, là aussi, la prise en charge par la CPS est totale. Médicalement, nous ne sommes pas en reste. » Comme pour faire taire les mauvaises langues, une habitante précise : « Ce n’est pas parcequ’on est loin, que nous sommes démunis. Notre seule différence, c’est la distance ! »

« La misère est à nos portes » clame Teiva Manutahi

Durant sa visite sur l’île de Tahuata, première île de l’archipel à avoir été découverte par le navigateur espagnol Alvaro de Mendaña en 1595, Teiva Manutahi a déploré l’état des routes : « je ne comprends pas qu’on puisse parler de tourisme et de promotion quand on voit que les routes ne sont pas goudronnées. ».
Outre les accès, les exploitations agricoles ont retenu son attention. Après s’être entretenu avec les agriculteurs, le leader du parti violet s’est dit scandalisé du peu d’intérêt que porte le pays à ces hommes : « Je prends l’exemple des citrons. Comment voulez-vous faire quand on vous achète le kilo à 40 francs ? D’une manière générale, les marquisiens n’exportent pratiquement plus ou peu. » avant d’ajouter une note de pessimisme : « Vous savez, ce déplacement m’a fait percevoir une population qui vit toutes ces situations sans plus rien espérer. Je n’hésite pas à dire que j’ai perçu cela comme une sorte de fatalisme. Je dis non ! »
Le groupe Pōrīnetia ora souhaite alerter l’opinion publique sur ce que son leader qualifie de « scandaleux et inacceptable », à savoir l’enclavement des îles marquises. Bien que les principaux concernés n’entendent pas les choses de la même oreille, Teiva Manutahi campe sur sa position : « Les marquisiens doivent être aidés et soutenus ».
Par ailleurs, il fera un point sur la composition de sa liste marquisienne, via une conférence de presse organisée ce vendredi 22 février à la permanence du parti.

TP

Rédigé par TP le Jeudi 21 Février 2013 à 16:28 | Lu 1813 fois