ces deux enfants Selk’Nam sourient devant l’objectif ; ils sont jeunes, beaux, insouciants et ils pensent avoir la vie devant eux. Ils seront exterminés avec tout leur peuple par les colons qui les chasseront au fusil comme du bétail (photo extraite du livre Genocidio selknam).
TAHITI, le 19 décembre 2019 - Avouez qu’on ne va pas en vacances au bout du bout du monde pour visiter des cimetières. C’est pourtant entre les allées de celui de la ville patagonienne de Punta Arenas que Tahiti Infos vous emmène aujourd’hui, à la découverte d’un des sites les plus étranges de Patagonie.
En Amérique du Sud, tout le monde ou presque ayant un peu voyagé connaît le cimetière de Recoleta à Buenos Aires, extraordinairement « peuplé », renfermant notamment la momie d’Eva Peron, Evita, un cadavre embaumé qui connut une histoire extravagante entre l’Argentine et l’Italie, avant de se retrouver sous des dizaines de tonnes de béton dans la capitale argentine.
Jardiniers surréalistes ?
Le fantastique spectacle qu’offre le cimetière de Punta Arenas : un ballet silencieux d’immenses cyprès patagons…
Un autre lieu de repos éternel mérite indubitablement le détour, le cimetière de la ville chilienne de Punta Arenas, le “Cementerio municipal Sara Braun” qui pose bien des questions au visiteur : exercice de style de la part de jardiniers obsédés par les courants surréalistes ou naturalistes qui ont marqué le XXe siècle (peut-être avec une bonne dose d’abstraction empruntée aux cubistes) ? Caprice de paroissiens argentés soucieux de leurs morts au point d’avoir transformé le cimetière en parc ? Hypertrophie du culte des morts voulant qu’on leur consacre, au sud de la Patagonie, plus de moyens qu’ailleurs ?
Toujours est-il que le cimetière Sara Braun n’a rien d’un sinistre alignement de tombes. C’est en quelque sorte un musée en plein air, à la fois sur le plan historique et sur le plan architectural, sans omettre de mentionner les prouesses des jardiniers.
Toujours est-il que le cimetière Sara Braun n’a rien d’un sinistre alignement de tombes. C’est en quelque sorte un musée en plein air, à la fois sur le plan historique et sur le plan architectural, sans omettre de mentionner les prouesses des jardiniers.
La topiaire dans toute sa majesté
La stèle dédiée aux derniers Indiens Selk’Nam (appelés aussi Onas), victimes de la colonisation. Au départ, il ne s’agissait que d’un simple monument ; c’est devenu aujourd’hui le symbole d’une région et de son petit peuple qui vient s’y recueillir.
Les vivants et les morts s’y livrent en réalité une compétition artistique permanente ; c’est à celui qui disposera en effet du plus beau caveau, du plus riche, du plus orné, dans un environnement étrange, fait d’arbres non pas taillés, mais littéralement sculptés ; l’art de la topiaire a été développé ici dans l’une de ses formes les plus sophistiquées, surtout quand on mesure la patience qu’il a fallu aux jardiniers pour obtenir ces résultats spectaculaires : en Patagonie, l’été ne dure guère plus de deux mois ; la croissance des plantes est certes rapide durant ce court laps de temps, mais ensuite, arbres et arbustes sommeillent dix mois durant. Il faut donc des décennies de persévérance pour parvenir à forger des formes de plusieurs mètres, preuve que ce travail a été mené et l’est encore, par des générations de mains vertes passionnées à Punta Arenas.
Des cyprès en forme de pouce
On doit au gouverneur Senoret l’ouverture de ce cimetière en 1894. Le portique d’entrée est un don de Sara et Elias Braun, en 1923. Entre les cyprès en forme de pouces géants, à faire pâlir le sculpteur César, ont été bâtis les mausolées des grandes familles pionnières de la Patagonie, celles de José Menendez (surnommé “le roi de la Patagonie”), de la famille Braun, de José Nogueira…
Curiosité du site, la construction, dans un coin du cimetière, d’une tombe où se trouvent rassemblés les derniers restes des Indiens Selk’Nam (appelés aussi Onas), nation aujourd’hui éteinte en Terre de Feu ; tous ont été méthodiquement tués par ces riches colons ayant mis en exploitation la Patagonie et dont les mausolées sont à deux pas des restes de leurs ultimes victimes. Une grande et sombre statue représentant un de ces Indiens regarde défiler les visiteurs ; la statue demeure silencieuse, mais curieusement dans ses yeux inexpressifs, on lit tout de même sinon un reproche, du moins un questionnement : pourquoi ce génocide impitoyable ?
Curiosité du site, la construction, dans un coin du cimetière, d’une tombe où se trouvent rassemblés les derniers restes des Indiens Selk’Nam (appelés aussi Onas), nation aujourd’hui éteinte en Terre de Feu ; tous ont été méthodiquement tués par ces riches colons ayant mis en exploitation la Patagonie et dont les mausolées sont à deux pas des restes de leurs ultimes victimes. Une grande et sombre statue représentant un de ces Indiens regarde défiler les visiteurs ; la statue demeure silencieuse, mais curieusement dans ses yeux inexpressifs, on lit tout de même sinon un reproche, du moins un questionnement : pourquoi ce génocide impitoyable ?
Indien inconnu et ex-voto
Toutes les grosses familles coloniales sont présentes dans le cimetière, à travers des tombes qui sont parfois de véritables temples édifiés en hommage à leur gloire passée.
Bien qu’il n’ait pas de sang indien dans le veines, curieusement, le petit peuple de Punta Arenas, confusément, éprouve sans doute une forme de honte pudique pour ce qui s’est passé dans cette région du monde entre 1840 et 1910 environ, à savoir le massacre de tous les peuples indigènes. Ce sont surtout des colons étrangers qui ont mené à son terme cette extermination au profit de leurs exploitations (élevages de moutons essentiellement).
Les Chiliens d’aujourd’hui n’ont donc pas à rougir de cette tragédie, ils n’en sont aucunement responsables, mais quelque part, un désir de rachat sans doute, a poussé et pousse les habitants de Punta Arenas à venir prier sur cette tombe indienne collective et à y déposer en nombre sans cesse grandissant de petits ex-voto, en remerciement de l’accomplissement d’un souhait ; de la guérison d’un cancer à la réussite à un examen, tout est prétexte à rendre hommage à ce que nous pourrions appeler la “tombe de l’Indien inconnu”.
Les Chiliens d’aujourd’hui n’ont donc pas à rougir de cette tragédie, ils n’en sont aucunement responsables, mais quelque part, un désir de rachat sans doute, a poussé et pousse les habitants de Punta Arenas à venir prier sur cette tombe indienne collective et à y déposer en nombre sans cesse grandissant de petits ex-voto, en remerciement de l’accomplissement d’un souhait ; de la guérison d’un cancer à la réussite à un examen, tout est prétexte à rendre hommage à ce que nous pourrions appeler la “tombe de l’Indien inconnu”.
Punta Arenas pratique
Gros plan sur les ex-voto qui ornent les abords de la tombe des derniers Indiens Selk’Nam. Tous les voeux du petit peuple y passent, avec les remerciements d’usage…
Quand y aller ?
Décembre, janvier et février sont les mois les plus indiqués pour affronter le grand sud patagon. Les journées commencent avant six heures et se finissent après onze heures. On a le temps de profiter de la lumière.
Comment y aller ?
Vols Papeete/Santiago/Punta Arenas (nuit à Santiago).
Où loger ?
L’hôtel José Noguiera est une splendide demeure classée monument historique (il s’agit en fait de l’ancien palais Sarah Braun) ; en plein centre ville, le bâtiment a un cachet fou et le salon sous la verrière de la véranda est irrésistible. L’hôtel Cabo Hornos, refait fin 2005, est une merveille de design moderne ; lui aussi est très bien situé en centre-ville. Enfin l’hôtel Best Western Finis Terrae, avec son restaurant panoramique, offre tout le confort. Sinon, nombreux autres hôtels (Hôtel Rey Don Felipe, Dreams del Estrecho, par exemple), boutiques hôtels, pensions de famille et hébergements chez l’habitant.
On s’habille ?
En fait, durant l’été austral, il ne fait pas froid. Sur la place centrale, on bronze même en T-shirt ; mais le temps est toujours incertain et il peut pleuvoir et faire beau le même jour. Il convient donc, avant tout, d’être bien chaussé et de disposer de vêtements coupe-vent imperméables. Température rarement en dessous de 10°C (l’été). L’hiver, il gèle et il neige, mais rien de sibérien compte tenu de l’influence océanique.
On bronze vraiment ?
C’est au-dessus d’une zone Patagonie-Antactique que le trou dans la couche d’ozone est le plus vaste. Les rayons solaires, cancérigènes, sont peu filtrés. Il faut donc éviter les surexpositions, surtout si on a la peau sensible.
On y fait quoi ?
Punta Arenas sera une escale sur d’autres routes. Ce n’est pas une raison pour ne pas profiter de la ville : ses musées, son point de vue, ses monuments.
“Punta” est le point de départ des croisières vers Ushuaia (avec balade au Cap Horn, sur les navires de la compagnie Australis (Stella Australis et Ventus Australis. Site web : www.australis.com). De “Punta, accès également au parc Torres del Paine.
On se balade ?
Plein de balades dans le secteur, à la journée : incontournable, la “pinguineria Otway”, réserve de petits manchots, plantée au milieu de nulle part. Sur la route, moutons (d’élevage) et nandous (sauvages).
Excursions dans le détroit de Magellan (île aux manchots) ou jusqu’à Puerto Natales, au Nord, au pied des derniers contreforts des Andes.
Décembre, janvier et février sont les mois les plus indiqués pour affronter le grand sud patagon. Les journées commencent avant six heures et se finissent après onze heures. On a le temps de profiter de la lumière.
Comment y aller ?
Vols Papeete/Santiago/Punta Arenas (nuit à Santiago).
Où loger ?
L’hôtel José Noguiera est une splendide demeure classée monument historique (il s’agit en fait de l’ancien palais Sarah Braun) ; en plein centre ville, le bâtiment a un cachet fou et le salon sous la verrière de la véranda est irrésistible. L’hôtel Cabo Hornos, refait fin 2005, est une merveille de design moderne ; lui aussi est très bien situé en centre-ville. Enfin l’hôtel Best Western Finis Terrae, avec son restaurant panoramique, offre tout le confort. Sinon, nombreux autres hôtels (Hôtel Rey Don Felipe, Dreams del Estrecho, par exemple), boutiques hôtels, pensions de famille et hébergements chez l’habitant.
On s’habille ?
En fait, durant l’été austral, il ne fait pas froid. Sur la place centrale, on bronze même en T-shirt ; mais le temps est toujours incertain et il peut pleuvoir et faire beau le même jour. Il convient donc, avant tout, d’être bien chaussé et de disposer de vêtements coupe-vent imperméables. Température rarement en dessous de 10°C (l’été). L’hiver, il gèle et il neige, mais rien de sibérien compte tenu de l’influence océanique.
On bronze vraiment ?
C’est au-dessus d’une zone Patagonie-Antactique que le trou dans la couche d’ozone est le plus vaste. Les rayons solaires, cancérigènes, sont peu filtrés. Il faut donc éviter les surexpositions, surtout si on a la peau sensible.
On y fait quoi ?
Punta Arenas sera une escale sur d’autres routes. Ce n’est pas une raison pour ne pas profiter de la ville : ses musées, son point de vue, ses monuments.
“Punta” est le point de départ des croisières vers Ushuaia (avec balade au Cap Horn, sur les navires de la compagnie Australis (Stella Australis et Ventus Australis. Site web : www.australis.com). De “Punta, accès également au parc Torres del Paine.
On se balade ?
Plein de balades dans le secteur, à la journée : incontournable, la “pinguineria Otway”, réserve de petits manchots, plantée au milieu de nulle part. Sur la route, moutons (d’élevage) et nandous (sauvages).
Excursions dans le détroit de Magellan (île aux manchots) ou jusqu’à Puerto Natales, au Nord, au pied des derniers contreforts des Andes.
L’été est très court en Patagonie, surtout à Punta Arenas et les tombes, durant quelques jours, se couvrent de fleurs.