À Puka Puka, quatorze familles attendent depuis plusieurs années la construction de leur fare, en vain, et se plaignent des services de l'OPH. Le directeur de l’établissement public oppose un problème de respect du contrat par les allocataires de ces logements sociaux. Explications.
On peut parler d'incompréhension. D'un côté, quatorze familles de l'atoll des Tuamotu, 167 âmes, qui attendent désespérément la construction de quatorze fare promis par l'Office polynésien de l'habitat (OPH). La porte-parole des familles, Irma Porutu, a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, le week-end dernier, reprochant, en résumé, à l'Office de les avoir abandonnées.
De l'autre côté, l'OPH, établissement public du Pays, 196 employés, qui n'apprécie pas les critiques virulentes des habitants de Puka Puka. Et qui s’en explique…
On peut parler d'incompréhension. D'un côté, quatorze familles de l'atoll des Tuamotu, 167 âmes, qui attendent désespérément la construction de quatorze fare promis par l'Office polynésien de l'habitat (OPH). La porte-parole des familles, Irma Porutu, a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, le week-end dernier, reprochant, en résumé, à l'Office de les avoir abandonnées.
De l'autre côté, l'OPH, établissement public du Pays, 196 employés, qui n'apprécie pas les critiques virulentes des habitants de Puka Puka. Et qui s’en explique…
Les familles révoltées
Irma Porutu s'est donc emportée dans une vidéo virale contre l'Office. Pendant 26 minutes et dans un langage peu châtié, elle explique que quatorze familles de l’atoll attendent depuis 20 ans leur logement social... On leur aurait même promis qu'en décembre dernier, elles y "fêteraient Noël". Mais depuis, "plus de nouvelles de l'OPH", s'énerve la porte-étendard des îliens. Irma Porutu explique que "au tout début, on nous a demandé de payer une somme et c'est ce que tout le monde a fait. Et tāvana a proposé de garder cet argent pour éviter que les familles ne le gaspillent". Selon Irma Porutu, leur tāvana, Raphaël Villant, serait venu à Tahiti pour représenter ses administrés auprès de l'OPH. Mais rien...
Irma Porutu raconte ensuite que l'OPH leur aurait dit "on ne peut pas venir faire trois maisons car ce serait une perte de temps et d'argent pour l'OPH". L'Office aurait en effet été obligé de revenir pour monter les autres fare.
Mais pourquoi l'OPH aurait-il eu à se déplacer pour seulement trois maisons sur les quatorze prévues ? Irma Porutu poursuit ses explications : "Cela a mis au moins un an, et entretemps les familles ont eu besoin de cet argent (...) et on l'a repris". Irma Porutu précise que depuis mars 2020, elle a arrêté de payer le terrain à hauteur de 7 200 Fcfp par mois. "Pourquoi je vais payer pour un truc dont je ne vois pas la couleur ?". Si la question peut paraître légitime, la réponse est pourtant dans le contrat avec l'OPH.
C'est quand certains bénéficiaires du programme ont cessé leurs paiements que de nouvelles complications ont vu le jour. "Les conséquences sont très lourdes" assure Irma Porutu. Elle a reçu un mail de son employeur de Tahiti précisant qu'une saisie sur salaire allait être effectuée pour le compte de l'OPH, ce qu'a refusé son employeur. "Et ils ont dit qu'ils vont faire une saisie sur compte bancaire (...). Ils ont réussi à le faire alors qu'une famille ne vit qu'avec les allocations (...). À l'OPH on lui dit 'c'est normal tu nous dois de l'argent'".
Ce qui la révolte encore plus, c'est que si ces familles arrêtent de payer leurs échéances, elles ne seront pas remboursées. "Ce n'est pas remboursable, c'est écrit dans le contrat (...). En plus mon tane est allé à l'OPH en janvier février pour payer notre maison. On lui a dit qu'ils ne pourront venir faire nos maisons car il faut que les autres familles paient aussi la leur".
Irma Porutu raconte ensuite que l'OPH leur aurait dit "on ne peut pas venir faire trois maisons car ce serait une perte de temps et d'argent pour l'OPH". L'Office aurait en effet été obligé de revenir pour monter les autres fare.
Mais pourquoi l'OPH aurait-il eu à se déplacer pour seulement trois maisons sur les quatorze prévues ? Irma Porutu poursuit ses explications : "Cela a mis au moins un an, et entretemps les familles ont eu besoin de cet argent (...) et on l'a repris". Irma Porutu précise que depuis mars 2020, elle a arrêté de payer le terrain à hauteur de 7 200 Fcfp par mois. "Pourquoi je vais payer pour un truc dont je ne vois pas la couleur ?". Si la question peut paraître légitime, la réponse est pourtant dans le contrat avec l'OPH.
C'est quand certains bénéficiaires du programme ont cessé leurs paiements que de nouvelles complications ont vu le jour. "Les conséquences sont très lourdes" assure Irma Porutu. Elle a reçu un mail de son employeur de Tahiti précisant qu'une saisie sur salaire allait être effectuée pour le compte de l'OPH, ce qu'a refusé son employeur. "Et ils ont dit qu'ils vont faire une saisie sur compte bancaire (...). Ils ont réussi à le faire alors qu'une famille ne vit qu'avec les allocations (...). À l'OPH on lui dit 'c'est normal tu nous dois de l'argent'".
Ce qui la révolte encore plus, c'est que si ces familles arrêtent de payer leurs échéances, elles ne seront pas remboursées. "Ce n'est pas remboursable, c'est écrit dans le contrat (...). En plus mon tane est allé à l'OPH en janvier février pour payer notre maison. On lui a dit qu'ils ne pourront venir faire nos maisons car il faut que les autres familles paient aussi la leur".
L'OPH réexplique
La complainte des Pa'umotu a fait du bruit sur les réseaux sociaux, avec l'OPH dans le rôle de l'accusé. Son directeur général, Moana Blanchard, a tenu à rétablir certaines vérités par voie de communiqué, dans le but "de rappeler certains faits, droits et obligations des bénéficiaires d’aides sociales au logement".
Ainsi, Moana Blanchard reconnaît que "peut-être qu'il y a eu une mauvaise communication (...). Ce qui n'a pas été bien saisi, c'est qu'il y a la partie terrain dont ils vont devenir propriétaire au bout de trois ans à raison de 7 000 Fcfp par mois. Et il y a la partie de la maison pour laquelle ils doivent payer une participation pour que les travaux puissent commencer".
Moana Blanchard précise que "pour l'instant, il n'y a que deux personnes qui sont à jour de ce dossier (...). Après, peut-être qu'il y avait des malentendus". Il rappelle surtout que le terrain est payable depuis avril 2019, date de la signature de la convention. "Je ne peux pas, en tant que directeur de l'OPH, engager la construction d'un fare OPH s'il n'y a pas le paiement complet de la participation". Il précise également que le fare revient à une famille entre 254 000 et 755 000 Fcfp alors qu'il coûte en réalité entre 10 et 15 millions de Fcfp. Avec de telles conditions, "si une personne ne paie, pas je ne peux envoyer une entreprise".
Moana Blanchard admet que si cinq familles avaient été à jour de paiement, "on aurait envoyé l'entreprise, mais on n'avait que deux attributaires à jour. Une des familles est à jour et du terrain et de la maison. Donc pour elle, dans les semaines à venir, il faut que l'entreprise aille pour construire la maison. Le second est à jour pour sa maison seulement. Si les deux sont à jour, j'engage les travaux pour deux maisons. Il faut espérer qu'en avril ils aient leur maison".
Concernant les saisies sur salaire ou sur compte, Moana Blanchard souligne qu'il est à la tête d'un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) soumis aux règles administratives. "Lorsqu'on ne paie pas pendant un certain temps, même après des rappels par courrier ou par téléphone, l'agent comptable engage des poursuites. Sinon c'est lui qui paie (...). Il y a toujours moyen de discuter et j'ai l'impression que cela n'a pas été le cas. Cela nous a valu ce résultat aujourd'hui". Il précise que les personnes en difficulté peuvent demander un étalement de leurs échéances.
Moana Blanchard refuse également d'endosser la responsabilité de cet imbroglio. "Je ne suis pas comptable des opérations de l'OPH d'il y a 20 ans. (…) Je comprends la fâcherie à Puka Puka car ils attendent depuis tant et tant d'années. Je suis aujourd'hui en charge de ce dossier. Il y a un accident de parcours et c'est à moi de le gérer. Mais je ne peux répondre sur ce qui s'est passé avant 2016".
Ainsi, Moana Blanchard reconnaît que "peut-être qu'il y a eu une mauvaise communication (...). Ce qui n'a pas été bien saisi, c'est qu'il y a la partie terrain dont ils vont devenir propriétaire au bout de trois ans à raison de 7 000 Fcfp par mois. Et il y a la partie de la maison pour laquelle ils doivent payer une participation pour que les travaux puissent commencer".
Moana Blanchard précise que "pour l'instant, il n'y a que deux personnes qui sont à jour de ce dossier (...). Après, peut-être qu'il y avait des malentendus". Il rappelle surtout que le terrain est payable depuis avril 2019, date de la signature de la convention. "Je ne peux pas, en tant que directeur de l'OPH, engager la construction d'un fare OPH s'il n'y a pas le paiement complet de la participation". Il précise également que le fare revient à une famille entre 254 000 et 755 000 Fcfp alors qu'il coûte en réalité entre 10 et 15 millions de Fcfp. Avec de telles conditions, "si une personne ne paie, pas je ne peux envoyer une entreprise".
Moana Blanchard admet que si cinq familles avaient été à jour de paiement, "on aurait envoyé l'entreprise, mais on n'avait que deux attributaires à jour. Une des familles est à jour et du terrain et de la maison. Donc pour elle, dans les semaines à venir, il faut que l'entreprise aille pour construire la maison. Le second est à jour pour sa maison seulement. Si les deux sont à jour, j'engage les travaux pour deux maisons. Il faut espérer qu'en avril ils aient leur maison".
Concernant les saisies sur salaire ou sur compte, Moana Blanchard souligne qu'il est à la tête d'un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) soumis aux règles administratives. "Lorsqu'on ne paie pas pendant un certain temps, même après des rappels par courrier ou par téléphone, l'agent comptable engage des poursuites. Sinon c'est lui qui paie (...). Il y a toujours moyen de discuter et j'ai l'impression que cela n'a pas été le cas. Cela nous a valu ce résultat aujourd'hui". Il précise que les personnes en difficulté peuvent demander un étalement de leurs échéances.
Moana Blanchard refuse également d'endosser la responsabilité de cet imbroglio. "Je ne suis pas comptable des opérations de l'OPH d'il y a 20 ans. (…) Je comprends la fâcherie à Puka Puka car ils attendent depuis tant et tant d'années. Je suis aujourd'hui en charge de ce dossier. Il y a un accident de parcours et c'est à moi de le gérer. Mais je ne peux répondre sur ce qui s'est passé avant 2016".