Tahiti Infos

“Pugilat conjugal” à Bora Bora


Tahiti, le 17 août 2022 - Un couple vivant à Bora Bora a été présenté en comparution immédiate mardi pour répondre de violences réciproques. La femme était poursuivie pour avoir attrapé la tête de son mari et l’avoir cognée contre un carrelage à plusieurs reprises. Il était reproché à son mari et père de leurs trois enfants d’avoir riposté en la menaçant avec un couteau. Ils ont tous les deux été condamnés à six mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans.
 
“Nous parlons souvent des violences commises par des hommes sur les femmes mais cela est tout aussi interdit dans l’autre sens”. C’est par ces mots que la présidente du tribunal correctionnel s’est adressée à une mère de famille poursuivie pour avoir frappé son mari lors de l’audience de comparution immédiate jeudi. La prévenue était jugée aux côtés de son tāne auquel il était également reproché des violences conjugales.
 
Ce que le procureur a qualifié de “pugilat conjugal” avait eu lieu le 9 août à Bora Bora au sein du domicile du couple où se trouvaient deux de leurs trois enfants. Alors qu’il profitait de son jour de congé et qu’il avait déjà avalé la moitié d’une bouteille de rhum, le prévenu, salarié dans un hôtel de luxe, avait mis de la musique sur son enceinte. Agacée de se faire “gronder” par les mutoi ou les voisins à cause du bruit, sa compagne avait arraché les fils de l’appareil. Elle avait ensuite saisi la tête de son conjoint qu’elle avait cognée contre le carrelage de la terrasse. L’homme avait pris la fuite avant de revenir, en pleurs, muni d’un couteau qu’il lui avait mis sous la gorge. La prévenue avait finalement réussi à désarmer son mari en lui occasionnant une coupure à la main qui avait nécessité six points de suture. L’homme avait été placé en garde à vue alors que sa compagne avait tout d’abord été entendue en qualité de victime. Ce n’est qu’après cette première audition qu’elle avait, elle aussi, été mise en cause pour des violences conjugales.
 
Violences habituelles
 
“Je lui ait dit deux fois d’éteindre sa musique et il n’a pas écouté. En plus, j’étais au téléphone et je n’entendais rien”, a expliqué la prévenue à la barre du tribunal mardi. “Quand quelqu’un ne vous obéit pas, madame, vous frappez ?”. Réponse de l’intéressée : “Il ne faut pas dépasser mes limites.” Interrogé sur le fait d’avoir menacé la mère de ses enfants avec un couteau, le prévenu a affirmé de son côté qu’il avait eu “peur” et qu’il n’en “pouvait plus”. L’homme a d’ailleurs expliqué qu’il devait parfois se mettre en arrêt maladie lorsque sa femme le frappait au niveau du visage et que les stigmates de ces coups l’empêchaient de paraître sur son lieu de travail. 
 
Pour le procureur de la République, qui a requis six mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans à l’encontre du couple, ce dernier n’est “pas passé loin du drame” le 9 août. Si le prévenu n’est pas “forcément un bourreau domestique”, il a manqué de gravement blesser sa femme quant cette dernière a “utilisé la tête de son conjoint comme un punching-ball”. Des violences commises, selon l’avocat du couple, Me Fromaigeat, en raison de l’alcool qui sert de “combustible” pour ce type de passage à l’acte. Alors que l’homme et son épouse ont repris la parole avant la suspension de l’audience pour indiquer qu’ils souhaitaient continuer la vie commune, le tribunal a finalement suivi les réquisitions du ministère public en les condamnant à six mois de prison assortis du sursis probatoire pendant deux ans.
 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 17 Août 2022 à 07:35 | Lu 5224 fois