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Protection de l’océan : Les peuples du Pacifique lancent leur appel


Tahiti, le 29 mars 2005 - Te Reo o te Moana 2025, tel est le nom de la journée de rassemblement qui a eu lieu vendredi à la présidence. Les participants ont partagé leurs expériences et affiné leurs objectifs en termes de protection de l’environnement. Ils se sont entendus sur un appel qui a été remis aux dirigeants polynésiens, sera présenté au Président de la République puis énoncé lors de la Conférence des Nations unies sur les océans à Nice en juin.
 
La Fédération des associations de protection de l’environnement de Polynésie française (Fape) et Pew Bertarelli Ocean Legacy, en partenariat avec le ministère de l’Environnement, l’assemblée de la Polynésie française, The Pew Charitable Trusts et Blue Cradle Foundation, ont organisé le rassemblement Te Reo o te Moana 2025, vendredi à la présidence.
 
Des représentants d’une vingtaine de pays du Pacifique et du triangle polynésien ont pu échanger à cette occasion, consolidant leurs objectifs communs. Tout au long de la journée, ils ont pu dresser un état des lieux, réfléchir à une protection plus efficace, partager des expériences et savoirs sur les aires marines protégées, les initiatives de conservation marine réussies et pratiques traditionnelles ou encore la pêche artisanale. Les jeunes leaders du Pacifique, réunis, ont encouragé à renforcer les efforts de conservation marine en intégrant les connaissances autochtones et la science interdisciplinaire.
 
Une marche de plus vers l’Unoc
 
L'événement s’est déroulé dans dans la continuité du Tiaki Moana Summit & Workshop sur les autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCEZ) marines dans la région du Pacifique, organisé à Tahiti et Moorea du lundi 24 au jeudi 27 mars, par Blue Cradle Foundation. Le rassemblement Te Reo o te Moana 2025 s’est inscrit dans la préparation de la Conférence des Nations unies sur les océans (Unoc) en juin 2025.
 
Winiki Sage, le président de la Fape, s’est réjoui de cette journée, et même de la semaine qui s’est écoulée. “Nous avançons ensemble, nous portons un même message vers l’extérieur. Nous avons pu, une nouvelle fois, constater nos points communs, nous avons les mêmes dieux, les mêmes noms d’espèces, notre océan n’a pas de frontière, nous avons un bien commun qu’il faut protéger.”

Il a rappelé que la Polynésie, à ce propos, est “exemplaire”, citant la protection à grande échelle des requins ou encore des mammifères marins. Il a insisté sur “la sagesse des savoirs ancestraux” et sur l’énergie affichée de la nouvelle génération. En s'appuyant sur la culture traditionnelle et les pratiques de conservation contemporaines, les participants ont cherché à inspirer des actions concrètes pour renforcer la conservation et l'utilisation durable des océans, pour encourager des engagements politiques afin de créer de nouvelles aires marines protégées ou d'autres outils de gestion par zone dans l'océan Pacifique, en Polynésie française et même dans les eaux internationales. Ces dernières sont menacées par le deep sea mining (l’exploitation minière des fonds marins) et la surpêche “sous prétexte qu’elles n’appartiennent à personne”, a commenté Winiki Sage. “Mais l’océan n’est pas un bien ! C’est un héritage dont nous avons la responsabilité !”
 
‘Ava et tapa
 
Un message commun d’appel à l’action a été rédigé et présenté vendredi à l’issue de la journée à l’assemblée de la Polynésie. Au cours d'une cérémonie solennelle de 'ava, un tapa symbolisant l'appel unifié des peuples du Pacifique “Une voix, un peuple, un océan” a été remis aux dirigeants polynésiens. Les représentants des peuples du Pacifique (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Nouvelle-Zélande, Tonga, Samoa, Saipan, îles Mariannes, Niue, Rapa Nui, îles Cook, Fidji, Hawaii, Guam) se sont réunis pour lancer leur appel à l'action.
 
Cet appel se décline en six points : vivre, honorer et préserver les liens autochtones, communautaires et ancestraux profonds avec l'océan qui servent de fondement à notre identité commune ; créer de nouvelles aires marines protégées et conservées en tant que sanctuaires pour l'avenir ; protéger la vie marine, symboles vivants de nos cultures ; promouvoir la pêche artisanale locale, un patrimoine vivant ; prévenir l'exploitation minière des grands fonds : protéger le ventre de notre terre mère, de qui nous descendons ; et soutenir l’Accord BBNJ : protéger la haute mer pour tous. L'Accord, au titre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer sur la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale (Accord BBNJ), est une étape décisive pour la préservation de la biodiversité de la haute mer.
 
Ce message sera porté au Président de la République Emmanuel Macron et aux hauts délégués lors de l'événement “SOS pour l'Océan” à Paris les 30 et 31 mars 2025, événement précurseur de la Conférence des Nations unies sur les océans de 2025 (UNOC3) à Nice, en France. Puis, la One Oceania Coalition le présentera lors de la séquence “Peuple de l'océan” de l'Unoc pendant la Journée mondiale de l'océan le 8 juin 2025 à Nice. Une journée qui, selon le ministre de l’Environnement Taivini Teai, “ne sera qu’une étape”, “une pierre de plus”. Il faudra, ensuite, poursuivre les efforts.
 

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Dimanche 30 Mars 2025 à 09:51 | Lu 624 fois