Tahiti Infos

Projection à Paris du film " L'élu du peuple - Pouvanaa, te metua", « Prix spécial du public » au FIFO 2012


Projection à Paris du film " L'élu du peuple - Pouvanaa, te metua",  « Prix spécial du public » au FIFO 2012
Paris, le 29 mai 2012 - La Délégation de la Polynésie française à Paris a l'honneur d'annoncer qu'elle présentera ce vendredi 1er juin à Paris le film L'élu du peuple - Pouvanaa, te metua, « Prix spécial du public » au FIFO 2012, en hommage à Pouvanaa a Oopa, figure emblématique du mouvement anticolonialiste, et premier des combattants antinucléaires de Polynésie française. Cette présentation aura lieu en présence de la réalisatrice, Marie-Hélène Villierme. L'entrée est libre.


Vendredi 1er juin à 19h
28, boulevard St Germain - 75005 PARIS, Métro Maubert-Mutualité

Réservation souhaitée : [email protected] / 01 55 42 66 36
ou [email protected] / 06 12 56 70 07

« L'élu du peuple - Pouvanaa, te metua »,
Polynésie Française- 2011- 90 mn
Réalisation : Marie Hélène Villierme
Production : Tuatau Production / Polynésier 1er
Mis en images à partir d'archives, le destin de Pouvanaa a Oopa, le Metua, illustre une page peu connue et pourtant décisive de l'histoire contemporaine polynésienne. De nombreuses interviews et des commentaires éclairent le contexte dans lequel le Metua passa devant la justice coloniale française.

Sur Pouvanaa a Oopa (le texte suivant est de Julien Gué, journaliste spécialiste de l'Océanie, publié sur Suite101 - Tous droits réservés)

Pouvanaa a Oopa, le modèle politique de Polynésie française

Profondément intègre, mu par des convictions inébranlables, Pouvanaa a Oopa est incontestablement le plus grand homme politique polynésien du XXe siècle.

À ce jour, Pouvanaa a Oopa Tetuaapua est le seul homme politique polynésien contemporain à avoir été honoré par la population et, de son vivant, du titre de metua, le "père" (de la nation). Un titre que d'autres après lui ont vainement tenté de s'attribuer.

Figure emblématique du mouvement anticolonialiste, il est aussi le premier des combattants antinucléaires de Polynésie française. Il est généralement considéré comme le père du nationalisme polynésien.

Pouvanaa a Oopa, une vie hors du commun

Pouvanaa a Oopa naît le 10 mai 1895 sur l'île de Huahine, dans l'archipel des Îles-sous-le-Vent. Il décède à Papeete (Tahiti) le 10 janvier 1977, après avoir profondément marqué de son empreinte l'histoire de son pays.

Il quitte l'école avant même d'avoir dix ans pour apprendre, avec son père, le métier de charpentier.
Issu d'une famille protestante où la lecture de la Bible et la fréquentation du temple sont fondamentales, il tire de cette éducation un talent d'orateur incomparable.

En janvier 1918, il s'engage comme volontaire (les indigènes ne sont pas soumis à l'obligation du service national) dans le bataillon mixte du Pacifique au sein duquel il participe à la Seconde Guerre mondiale sur le front de Champagne.

À son retour en 1919, il reprend son métier de charpentier, mais à Tahiti cette fois.

C'est en 1940 qu'il commence à faire parler de lui. Il joue à cette époque un rôle majeur dans le ralliement des Établissements français de l'Océanie(EFO) à la France libre. Mais, en s'opposant à l'administration qu'il accuse de ne pas respecter les droits des autochtones, il est condamné à la prison et à l'exil dans les îles les plus éloignées de Tahiti.

Pouvanaa a Oopa, l'engagement nationaliste

À son retour, dès 1945, il crée le Comité Pouvanaa qui réclame de profondes modifications des rapports entre la France et le territoire polynésien. En 1947, il est de nouveau arrêté et accusé, en 1947 dans le cadre de l'affaire dite "du Ville d'Amiens", de complot contre la sûreté de l'État et d'obstruction à la venue de fonctionnaires métropolitains. Cette fois, il est acquitté en novembre.

En août 1949, il est élu député et, dès le mois d'octobre, il crée le RDPT (Rassemblement démocratique des populations tahitiennes). Ce parti qui va dominer la politique locale jusqu'en 1958.

Sans prôner ouvertement l'indépendance, les objectifs du RDPT sont clairs : il s'agit d'obtenir l'autonomie et de lutter contre les capitalistes. Dans ce combat, ses meilleurs soutiens sont les coopératives et les syndicats. La principale motivation de Pouvanaa a Oopa repose sur la conviction, largement partagée (encore aujourd'hui) par une grande majorité de la population que les Polynésiens ne sont pas maîtres chez eux.

Il est brillamment réélu en 1951 avec 72 % des voix, puis de nouveau en 1956 avec 58 % des voix.

En décembre 1957, grâce au nouveau statut découlant de la loi-cadre due à Gaston Deferre, il est élu vice-président du Conseil de gouvernement. Dès lors, il devient réellement gênant pour le gouvernement français...

L'éviction de Pouvanaa a Oopa par Paris

Pendant que Pouvanaa a Oopa accédait à la vice-présidence du gouvernement de la colonie polynésienne, la France était confrontée à un choix compliqué qui lui était imposé par la situation en Algérie : où aller pour faire les essais du programme nucléaire ?

Dès 1957, la solution polynésienne est très sérieusement envisagée...

En 1958, Pouvanaa mène campagne pour le non au référendum portant sur la modification de la Constitution du 28 septembre 1958... et, le 11 octobre, il est arrêté avec plusieurs dirigeants du RDPT, sur ordre du gouverneur, au motif qu'il aurait, avec ses partisans, tenté d'incendier la ville de Papeete.

Lors du procès, en octobre 1959, il est condamné à huit ans de réclusion criminelle et à quinze ans d'interdiction de séjour en Polynésie. Grâce à une remise de peine exigée et obtenue par le député Francis Sanford, Pouvanaa a Oopa retrouve le sol tahitien le 30 novembre 1968.

Amnistié en 1971, il est élu sénateur le 26 septembre de la même année et le reste jusqu'à sa mort, le 10 janvier 1977, au cœur de la crise politique marquée par l'occupation des locaux de l'Assemblée territoriale, à laquelle il participe. Son dernier acte militant.

La réhabilitation du metua

Le jour même de son retour à Tahiti, Pouvanaa a Oopa avait entamé les démarches en vue de sa réhabilitation, en vain.

Le combat a été poursuivi par ses enfants, toujours sans résultat.

Ses descendants directs étant tous décédés, seul le ministère de la Justice français peut maintenant entamer cette procédure.

Toutefois, le 7 juillet 2009, l'Assemblée territoriale de la Polynésie a voté à l'unanimité une motion en faveur de cette révision. Cette décision s'appuyant sur les travaux de l'historien Jean-Marc Régnault.

Rédigé par Délégation de Polynésie française le Mardi 29 Mai 2012 à 11:11 | Lu 774 fois