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Progression alarmante des maladies sexuelles en Polynésie


Les cas de maladies sexuellement transmissibles ont doublé en un an
Les cas de maladies sexuellement transmissibles ont doublé en un an
PAPEETE, le 21 mars 2016 - Une multiplication par deux des cas de maladies sexuellement transmissibles détectés en 2015 révèle une évolution préoccupante des pratiques sexuelles en Polynésie française.

Une prise de risque trop élevée dans les pratiques sexuelles des Polynésiens, c'est le constat que dresse le docteur Ngoc Lam Nguyen, en lisant les derniers chiffres des infections sexuellement transmissibles (IST) en Polynésie française. Une synthèse des données de laboratoires relative aux infections sexuellement transmissibles en Polynésie française remise au gouvernement, rapporte une recrudescence alarmante des chiffres de la syphilis, du chlamydia et de la gonococcie (chaude pisse) avec un accroissement par plus de deux des cas identifiés pour chacune de ces maladies.

En un an, le nombre de syphilis décelées en laboratoire est passé de 30 à 83 soit une multiplication par 2,7. Le nombre de chlamydiae détecté à quant à lui connu un bond de 50 % par rapport à l'année dernière. La gonococcie n'est pas en reste, elle enregistre un essor de 130,2 % ce qui équivaut à une multiplication par 2,3 des cas détectés sur un an.

Une évolution sociale inquiétante


source : synthèse des données de laboratoires relatives aux IST en Polynésie Française
source : synthèse des données de laboratoires relatives aux IST en Polynésie Française
Ces hausses liées à des témoignages de cliniciens rendent compte d'une modification préoccupante de la situation épidémiologique des infections sexuellement transmissibles entre 2014 et 2015. Le docteur Ngoc Lam Nguyen tempère néanmoins : " ces chiffres sont des données de laboratoire, nous ne pouvons pas les extrapoler à toute la population, mais il n'empêche que les résultats sont inquiétants". De ce fait le docteur Nguyen révèle un autre problème : "la dernière enquête sur les pratiques sexuelles de la population remonte à 2005, nous n'avons aucun chiffres sur les IST hormis les données des laboratoires. Or pour traiter un mal il est bien de le connaître et d'en connaître l'ampleur."

D'autant que selon l'expert cet accroissement des IST détectées est révélateur d'un relâchement de la population sur le port du préservatif. " Il ne faut pas oublier que dès que l'on est actif sexuellement on entre dans la population à risque. Là, nous avons les chiffres pour le chlamydia, la syphilis et la gonococcie parce que ce sont des maladies faciles à détecter rapidement, mais il y a toutes les autres IST dont nous n'avons pas les chiffres", rappelle ce spécialiste en IST.

Toujours dans cette lignée, un deuxième rapport indique que chez les femmes de moins de 25 ans, qui se rendent au Taone et à qui on a demandé des tests pour les germes d'infections sexuellement transmissibles il y a plus de 27 % qui sont porteuses du germe du chlamydia. Or cette maladie est la première cause de stérilité chez les femmes jeunes. Par ailleurs, près de 40 % des hommes de moins de 25 ans testés se seraient révélés positifs à la gonococcie (aussi appelée « chaude pisse »).

"Ça circule à vadrouille"

source : synthèse des données de laboratoires relatives aux IST en Polynésie Française
source : synthèse des données de laboratoires relatives aux IST en Polynésie Française
Autre fait inquiétant, le centre de transfusion sanguine a également relevé cette augmentation des IST parmi ses donneurs en 2015 avec neuf cas détectés et trois confirmés contre un en 2014 et aucun en 2013. " C'est inquiétant et révélateur d'un relâchement des mœurs de la population ", indique le docteur Julien Broult, directeur du Centre de Transfusion Sanguine, " les donneurs sanguins sont généralement une population à risque très faible, ils ont une vie sexuelle relativement stabilisée, car nous éliminons tout de suite les individus pratiquant le vagabondage social. Alors si nous détectons des IST chez les donneurs c'est que ça circule à vadrouille dans la société. "

Cette hausse peut s'expliquer par, d'une part, un relâchement de la population, mais aussi par une baisse de la prévention de la jeunesse et des campagnes de sensibilisation du public. "Cela doit faire environ deux ou trois ans que nous n'avons plus de campagnes de sensibilisation à la radio et à la télévision. Nous devons marteler le message de prévention au grand public et chez les jeunes. C'est une question de salubrité publique !", Insiste le docteur Nguyen.

Le meilleur moyen de se prémunir des IST et la solution la plus sûre reste l'emploi du préservatif. Comme le martelait la campagne de prévention, " sortez couverts ! "

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Lundi 21 Mars 2016 à 11:23 | Lu 8020 fois