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Professeurs stagiaires: No Oe E Te Nunaa adresse un courrier aux autorités de l'Etat


Professeurs stagiaires: No Oe E Te Nunaa adresse un courrier aux autorités de l'Etat
Nicole Bouteau, en sa qualité de présidente du parti No Oe Te Nunaa, a adressé un courrier au Haut-commissaire de la République: elle sollicite son intervention en faveur des professeurs stagiaires dans le dossier de leur affectation qui oppose en ce moment le ministre de l'éducation Tauiti Nena au Vice Recteur Jean-Claude Cirioni:

"Monsieur le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française

Objet : Affectation des lauréats polynésiens des CAPES et CAPLP.

Le 12 juillet 2011, suite à la commission de suivi pour l’affectation des lauréats polynésiens des CAPES et CAPLP, le Vice-Recteur de Polynésie française a décidé d’affecter 22 d’entre eux, sur un total de 41, dans d’autres académies que celle de Polynésie française.
Outre le fait que cette décision aille à l’encontre d’une politique d’océanisation des cadres, pourtant souhaitée, en tous cas dans les discours, par les autorités de l’Etat et du Pays, elle a de facto des conséquences humaines, morales et financières non négligeables, sans parler des conséquences politiques qu’il n’est pas besoin de décrire dans le contexte que vous connaissez.

Nous souhaitons donc vous alerter et vous solliciter afin de régler au plus vite ce dossier. Pour cela, nous insisterons sur les points suivants, qui montrent le bien-fondé et la légitimité des revendications du collectif des professeurs stagiaires :
1. A notre connaissance, les lauréats des concours de l’enseignement de Nouvelle-Calédonie ont été affectés en Nouvelle-Calédonie. Pourquoi la moitié des lauréats polynésiens ne sont-ils pas affectés en Polynésie française, sachant que ce sont les mêmes textes et les mêmes règles qui s’appliquent pour ces deux collectivités d’outre-mer ? Nous nous interrogeons sur ces différences de traitement, qui devraient également vous interpeller.
2. La décision d’affecter 22 professeurs stagiaires en Métropole, sur 41, a été brutale et inattendue. En effet, outre le fait que les 41 lauréats pensaient légitimement être affectés sur les 41 postes prévus à cet effet par le ministère de l’Education en Polynésie française, la décision du Vice-recteur est intervenue à quelques semaines de la rentrée, alors que certains lauréats revenaient justement de leurs longues années d’étude en Métropole et venaient de se réinstaller en Polynésie. De plus, ils ont appris leur lieu précis d’affectation en Métropole il y a seulement une dizaine de jours. Est-ce une méthode digne de l’institution éducative que de traiter ainsi ces jeunes professeurs ? Nous la trouvons quand à nous fort cavalière.
3. Si l’affectation en Métropole des 22 professeurs stagiaires était maintenue, il y a fort à parier que beaucoup ne pourront rejoindre leur poste. En effet, les billets d’avion pour rejoindre la Métropole sont aux environs de 300.000 Fcfp pour la période. Selon nos informations, il ne reste plus de place disponible entre le 14 août et le 9 septembre 2011. …/…

Sachant qu’aucune disposition n’est prévue pour soutenir financièrement les professeurs polynésiens affectés en Métropole, contrairement aux professeurs venant d’autres académies
vers la Polynésie, il est quasiment certain que beaucoup renonceront et perdront donc le bénéfice de leur réussite au concours. Quand on connaît la difficulté des concours nationaux
de recrutement de professeurs et les efforts, voire sacrifices, consentis pour les réussir, la situation est légitimement révoltante !
4. Si la décision du Vice-Recteur était confirmée par des autorités supérieures, nous pouvons nous inquiéter quant à l’avenir : combien de candidats aux concours de l’enseignement aurons-nous les années suivantes avec ce précédent ? Et quid de l’océanisation des cadres, en pleine année de l’Outre-mer ? Est-ce comme cela que l’on conçoit « la formation d’une élite locale », pour reprendre les mots du Vice-Recteur dans un quotidien de Tahiti il y a quelques semaines.

Vous l’avez compris, nous soutenons fermement et avec vigueur la démarche entreprise par le collectif des professeurs stagiaires de Polynésie française 2011/2012. Leur action nous paraît
légitime et juste, conformes aux règles établies jusqu’à présent. Un homme seul peut-il changer les règles du jeu, et la collectivité que représente notre Etat peut-il lui donner raison ?
Nous voulons croire que non et gardons confiance en la responsabilité des autorités supérieures.
Pour finir, nous souhaitons ici rappeler que nos jeunes lauréats ne sont pas les « enfants gâtés » que certains décrivent. Ils ont passé des concours nationaux, en Polynésie ou en
Métropole pour ceux d’entre eux dont le cursus n’existait pas localement. Cela demande des efforts personnels, comme pour tout candidat, mais aussi des sacrifices que seuls les candidats
du Pacifique ont à consentir : éloignement géographique, contraintes financières (billets d’avion, logement, pour faire ses études ou passer les épreuves d’admission), contraintes
horaires (décalages horaires).

Dans l’attente d’une action rapide de votre part que j’espère favorable aux revendications des professeurs stagiaires de Polynésie française, je vous prie de croire, Monsieur le Haut-
Commissaire, en mes sentiments respectueux."

La Présidente de No Oe E Te Nunaa,
Nicole BOUTEAU

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Rédigé par communiqué NOETN le Mardi 9 Août 2011 à 16:54 | Lu 2533 fois