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Prix de l’huile raffinée : les producteurs de monoï dénoncent un abus de position dominante


Prix de l’huile raffinée : les producteurs de monoï dénoncent un abus de position dominante
Alors que le prix de vente du kilo d’huile raffinée a déjà connu une augmentation de 13% en décembre 2011, en passant de 230 Fcfp à 260 Fcfp, les opérateurs de la filière viennent d’être avisés, par un courrier du PDG de l'huilerie de Tahiti, d’une nouvelle augmentation de 20% au 1er décembre 2012. L’huile de coprah raffinée sera alors à 310 Fcfp le kilo. Le syndicat des fabricants de Monoï de Tahiti dénoncent une décision unilatérale, qui s’apparente à un abus de position dominante de la part de l’Huilerie de Tahiti.

L’ensemble des producteurs réunis au sein du Groupement interprofessionnel Monoï de Tahiti (GIMT) et du Syndicat des fabricants de Monoï de Tahiti avait déjà chiffré que la hausse de décembre 2011 entrainerait assez rapidement une chute des exportations de 20 à 30 tonnes l’an, soit près de 10% des ventes de Monoï de Tahiti Appellation d'Origine. L’huile raffinée est la matière première qui représente 50 à 60% du prix de revient du Monoï de Tahiti AO.

« Cette nouvelle hausse et les propositions associées sont injustifiables, incompréhensibles et confirme l’abus de position dominante de la S.A. Huilerie de Tahiti, entreprise dont la Pays est actionnaire à 99% », fustige Olivier Touboul, le président du syndicat des fabricants de Monoï de Tahiti. « On n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Cela fait 10 mois que l’on tente de faire entendre nos arguments. A aucun moment nous n’avons senti la volonté de nous écouter, ni de la part du pays, ni de la part du conseil d’administration de l’Huilerie de Tahiti. (…) La perte de 10% des volumes à l’export que l’on prévoit consécutivement pour 2012/2013 représente l’anéantissement de 3 ans d’effort de promotion ».

«En pleine grève de l'Huilerie de Tahiti, vendredi, on reçoit un courrier qui nous annonce cette augmentation comme inévitable», ajoute Eric Vaxelaire, directeur de l'Institut du Monoï. «Et qui nous propose de suggérer au ministre des Finances de réduire moitié la taxe parafiscale à l'export de 100 Fcfp, que nous acquittons sur chaque litre de monoï en vrac exporté. De manière à compenser l'augmentation de coût de la matière première. Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est pas sérieux ! Et de toute manière on refuse de diminuer cette taxe parafiscale : on en a besoin pour financer la protection légale de l'appellation d'origine, pour la promotion du produit à l'international, de manière à maintenir le niveau de vente. On est encore une des rares activités locales qui connaît une croissance annuelle à l'international. Veut-on vraiment suicider la filière monoï de tahiti ?»

En 2011, la Polynésie française a exporté 298 tonnes de monoï de Tahiti en vrac. L’appellation d’origine impose que l’huile soit issue de coprah cultivé sur le territoire de Polynésie française et qu’on y ait fait macérer une certaine quantité de fleurs de Gardenia tahitensis récoltées au stade de bouton. Plus de 90% du monoï Tahiti fabriqué en Polynésie est destiné à l’exportation. Six entreprises se partagent ce marché.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 21 Mai 2012 à 15:56 | Lu 1659 fois