Un vieux dossier impliquant René Taputu, patriarche tout puissant sur l'atoll isolé de Scilly, a permis au parquet de rappeler les conditions de vie préoccupantes de "sa" communauté.
PAPEETE, le 12 janvier 2016 - Six mois de prison avec sursis ont été requis ce mardi matin contre le patriarche de cet atoll isolé des îles Sous-le-Vent pour la rétention arbitraire d'une baleinière de la flottille administrative, à l'occasion d'un ravitaillement en 2009. Des faits anciens mais qui ont donné au parquet l'occasion de mettre à nouveau la lumière sur le climat "particulier" qui règne actuellement sur cet anneau de corail perdu, où une enquête pour "esclavage moderne" est toujours en cours.
En l'absence du principal intéressé, le procureur de la République a requis 6 mois de prison avec sursis ce mardi contre René Taputu avec "interdiction de reparaître sur l'atoll de Scilly". Le Pays, partie civile, réclamant pour sa part 3,4 millions de francs d'indemnités pour le vol puis la perte d'une baleinière que le "patriarche" de l'atoll avait "empruntée" à la flottille administrative lors d'une opération de ravitaillement en 2009. René Taputu, isolé par une panne de bateau à l'époque, avait arbitrairement confisqué l'embarcation, propriété du Pays, au nom de "son obligation de service public". Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 26 janvier prochain.
De "l'esclavage moderne" pour le parquet
Une affaire vieille de plus de six ans, mais dont le parquet s'est emparé afin de rappeler les "conditions de vie déplorables" qui sévissent depuis plusieurs années sur cet atoll particulièrement isolé, soumis à la toute-puissance parfois limite du chef de cette communauté "à part" : "René Taputu s'est érigé en roitelet de Scilly depuis plus de trente ans, il y a créé une communauté sur laquelle il règne en profitant de son éloignement et des difficultés à accéder à cet atoll", a martelé le procureur de la République José Thorel. "Il y vit avec un harem, des enfants naissent là-bas sans même être déclarés, dans des conditions déplorables, sans électricité ni soins. Il cultive du paka et pêche la tortue ce qui est illégal. Il exploite dans sa cocoteraie des travailleurs qu'il fait venir de l'extérieur sans jamais les payer, du lever du soleil à la tombée de la nuit. Je rappelle qu'une procédure pour "esclavage moderne" est toujours en cours contre lui".
"Le Pays devra un jour ou l'autre prendre ses responsabilités"
Alertés de cette situation "préoccupante" et des divers trafics de perles et de tortues qui auraient cours sur l'atoll, une opération quasi militaire associant services de l'Etat et du Pays avait été montée l'année dernière pour faire les constatations sur place. L'atoll de Scilly, dépourvu de piste d'atterrissage et de toute forme d'équipement, est accessible par une passe à la navigation difficile. Réserve du Pays, cet atoll situé à l'ouest de Maupiti est occupé depuis les années 50 par le clan Taputu. Une trentaine de personnes vivrait sur place.
Des médecins, des agents des services sociaux et de l'éducation nationale avaient accompagné les militaires, gendarmes et douaniers dans cette mission. Des vivres avaient été laissées sur place et une enquête ouverte pour trafic de tortues, de perles, non déclaration et non présentation d'enfants à l'obligation scolaire ou encore travail forcé.
"Le Pays devra un jour ou l'autre prendre ses responsabilités et organiser le rapatriement de cette communauté. Il pourra compter sur le concours du haut-commissariat", a également déclaré le procureur pendant son réquisitoire.
En l'absence du principal intéressé, le procureur de la République a requis 6 mois de prison avec sursis ce mardi contre René Taputu avec "interdiction de reparaître sur l'atoll de Scilly". Le Pays, partie civile, réclamant pour sa part 3,4 millions de francs d'indemnités pour le vol puis la perte d'une baleinière que le "patriarche" de l'atoll avait "empruntée" à la flottille administrative lors d'une opération de ravitaillement en 2009. René Taputu, isolé par une panne de bateau à l'époque, avait arbitrairement confisqué l'embarcation, propriété du Pays, au nom de "son obligation de service public". Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 26 janvier prochain.
De "l'esclavage moderne" pour le parquet
Une affaire vieille de plus de six ans, mais dont le parquet s'est emparé afin de rappeler les "conditions de vie déplorables" qui sévissent depuis plusieurs années sur cet atoll particulièrement isolé, soumis à la toute-puissance parfois limite du chef de cette communauté "à part" : "René Taputu s'est érigé en roitelet de Scilly depuis plus de trente ans, il y a créé une communauté sur laquelle il règne en profitant de son éloignement et des difficultés à accéder à cet atoll", a martelé le procureur de la République José Thorel. "Il y vit avec un harem, des enfants naissent là-bas sans même être déclarés, dans des conditions déplorables, sans électricité ni soins. Il cultive du paka et pêche la tortue ce qui est illégal. Il exploite dans sa cocoteraie des travailleurs qu'il fait venir de l'extérieur sans jamais les payer, du lever du soleil à la tombée de la nuit. Je rappelle qu'une procédure pour "esclavage moderne" est toujours en cours contre lui".
"Le Pays devra un jour ou l'autre prendre ses responsabilités"
Alertés de cette situation "préoccupante" et des divers trafics de perles et de tortues qui auraient cours sur l'atoll, une opération quasi militaire associant services de l'Etat et du Pays avait été montée l'année dernière pour faire les constatations sur place. L'atoll de Scilly, dépourvu de piste d'atterrissage et de toute forme d'équipement, est accessible par une passe à la navigation difficile. Réserve du Pays, cet atoll situé à l'ouest de Maupiti est occupé depuis les années 50 par le clan Taputu. Une trentaine de personnes vivrait sur place.
Des médecins, des agents des services sociaux et de l'éducation nationale avaient accompagné les militaires, gendarmes et douaniers dans cette mission. Des vivres avaient été laissées sur place et une enquête ouverte pour trafic de tortues, de perles, non déclaration et non présentation d'enfants à l'obligation scolaire ou encore travail forcé.
"Le Pays devra un jour ou l'autre prendre ses responsabilités et organiser le rapatriement de cette communauté. Il pourra compter sur le concours du haut-commissariat", a également déclaré le procureur pendant son réquisitoire.