Tahiti Infos

Présidentielle: grand oral devant les chasseurs, sans Jadot ni Mélenchon


Paris, France | AFP | mardi 22/03/2022 - Invités des chasseurs pour un grand oral, les candidats à la présidentielle, sans Yannick Jadot ni Jean-Luc Mélenchon accusés d'"abîmer" la chasse, ont salué mardi le rôle de ces acteurs de la ruralité.

Dès l'ouverture de ce congrès national de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), le président Willy Schraen a mis les choses au clair: "deux des principaux candidats n'ont pas été invités. Sans faire durer le suspense, vous aurez deviné qu'il s'agit de Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot".

L'écologiste et le leader de La France Insoumise ont en effet tous les deux défendu l'interdiction de la chasse les week-ends et pendant les vacances scolaires, une opposition exprimée notamment en février après la mort d'une randonneuse lors d'une battue aux sangliers dans le Cantal.

S'il reconnaît à tout un chacun "le droit d'être critique vis-à-vis de la chasse", M. Schraen "refuse qu'on abîme la chasse et ses millions de pratiquants sous de faux prétextes, qu'ils soient électoralistes voire simplement démagogiques, en omettant soigneusement d'aller rencontrer les principaux intéressés avant de demander la fin de la chasse dans les médias". 

Le président de la FNC s'est montré particulièrement critique envers Yannick Jadot et les écologistes, "notre principal opposant". Une version de l'écologie dénoncée comme "punitive", avec des chasseurs qui font "trop souvent les frais de cette dictature verte et de ses ramifications juridico-médiatiques, qui confond action et interdiction, militantisme et vérité".

Certains sont venus en personne, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont fait représenter. Ce dernier, candidat à sa succession, a permis des "échanges plus réguliers et plus constructifs qu'avec ses prédécesseurs", n'a pas manqué de souligner Willy Schraen, alors que les opposants à la chasse ont souvent accusé le chef de l'Etat de proximité avec le "lobby de la chasse".

Un grand ministère 

Alors que Fabien Roussel et le représentant d'Emmanuel Macron étaient encore attendus dans l'après-midi, la matinée a vu défiler les premiers candidats, tous venus dire aux chasseurs l'importance de leur rôle dans la préservation de la vie rurale et de la biodiversité.

Valérie Pécresse et Eric Zemmour ont ainsi vu leur proposition d'un grand ministère de la ruralité, regroupant notamment agriculture et chasse, chaleureusement accueillie. Cette idée fait directement écho à une revendication de la FNC.

"Il faut remettre l'écologie dans un ensemble qui ne soit plus un ministère isolé qui tire, si j'ose dire, sur toutes les activités traditionnelles: agriculture, pêche, chasse, etc.", a argumenté Eric Zemmour.

La candidate LR et M. Zemmour se sont aussi rejoints sur leur volonté de faire appliquer strictement le délit d'entrave à la chasse.

Le représentant de la candidate du Rassemblement national, Paul-Henry Hansen-Catta, s'est lui montré plus "réservé" sur une telle reconfiguration, arguant du fait que les agriculteurs étaient attachés à un ministère qui leur était consacré.

Autre point particulièrement scruté par les chasseurs, qui ont réservé leurs applaudissements aux propositions les plus concrètes: la question du paiement des dégâts causés par le gibier, actuellement entièrement à la charge des chasseurs. 

Pour le RN, ces charges "ne sauraient être supportées uniquement par les chasseurs". Eric Zemmour veut "mettre un plafond" sur ces indemnités. Valérie Pécresse a suscité l'enthousiasme en réitérant sa proposition selon laquelle l'Etat prendrait en charge 50% du coût.

Le président de la FNC Willy Schraen a menacé, "si aucune solution n’est trouvée avant la fin de l'année", d'arrêter de payer "faute de moyens financiers".

Jean Lassalle, accueilli avec bienveillance par une salle réceptive à son amour du terroir, a quant à lui insisté sur son opposition à l'introduction d'espèces prédatrices (ours, lynx, loup) afin de protéger le pastoralisme et la transhumance. Et s'il a avoué être "moins enthousiaste sur les chasses traditionnelles", celui qui s'est dit "président des véritables chasseurs" a malgré tout été très applaudi.

le Mardi 22 Mars 2022 à 06:35 | Lu 235 fois