Jakarta, Indonésie | AFP | mercredi 14/02/2024 - L'actuel ministre de la Défense Prabowo Subianto, au passé militaire controversé, a revendiqué mercredi soir "la victoire" dès le 1er tour de l'élection présidentielle en Indonésie, après des premières projections qui le plaçaient largement en tête.
"Tous les décomptes, tous les sondages... ont montré que (le ticket) Prabowo-Gibran avait gagné en un seul tour. Cette victoire devrait être une victoire pour tous les Indonésiens", a déclaré l'ex-général, lors d'un discours prononcé dans une immense salle à Jakarta, au côté de son colistier Gibran Rakabuming Raka, fils aîné du président sortant.
Des projections placent Prabowo Subianto, grand favori avant l'élection, autour de 57% des suffrages, le plaçant ainsi en position d'être élu dès le 1er tour.
Même s'il a revendiqué la victoire pour succéder en octobre prochain à Joko Widodo à la tête de la 3e démocratie au monde, l'ex-général a indiqué qu'il attendrait le "résultat officiel" de la commission électorale, attendu pour mars.
"Nous pensons que la démocratie indonésienne fonctionne bien. Le peuple s'est déterminé, le peuple a décidé", a-t-il déclaré à des journalistes, avant d'appeler à l'unité: "Maintenant que la campagne est terminée, nous devons à nouveau nous unir".
"Je voudrais remercier les jeunes, qui sont des soutiens cruciaux", a-t-il aussi déclaré dans son discours, qu'il a conclu par une danse sur scène, clin d'œil à la scène diffusée sur TikTok qui avait été virale pendant la campagne.
Bien qu'accusé d'atteintes aux droits humains sous la dictature de Suharto (1967-1998), à la fin des années 1990, cet ancien général de 72 ans devrait donc prendre les commandes de la 1ère économie d'Asie du Sud-Est, après dix ans de pouvoir de Joko Widodo, surnommé Jokowi, qui ne pouvait plus se représenter.
Le ministre de la Défense devance largement, dans l'ordre, Anies Baswedan, ancien gouverneur de Jakarta, et Ganjar Pranowo, ex-gouverneur de Java centre.
"Nous attendons que le décompte de la Commission électorale soit terminé. Ne vous précipitez pas, détendez-vous, le chemin est encore long", a réagi Anies Baswedan.
Le camp Ganjar Pranowo a pour sa part dénoncé des fraudes "structurées, systématiques et massives" lors des élections, selon un porte-parole, sans fournir de preuves.
Pour l'emporter au premier tour, il faut obtenir plus de 50% du total des voix et au moins un cinquième des suffrages dans plus de la moitié des provinces du pays.
"Cela dépend de quelles zones proviennent les échantillons, mais avec ce genre de chiffres, je suis relativement sûr qu'il (Prabowo Subianto) n'aura pas besoin d'un deuxième tour", a déclaré Justin Hastings, professeur de relations internationales à l'Université de Sydney.
"Le soutien à Jokowi était massif. De toute évidence, il était là. L'aide sociale était distribuée par l'appareil d'État... c'est le facteur principal", a estimé Yoes Kenawas, analyste politique à l'Université catholique Atma Jaya de Jakarta.
Si une partie de la population est sensible à son discours nationaliste, la perspective de voir Prabowo Subianto accéder à la présidence a suscité des inquiétudes quant à un éventuel recul des acquis démocratiques.
"Je veux avoir un leader qui perpétuera la démocratie", avait indiqué Debbie Sianturi, consultante, avant de voter à Jakarta.
Prabowo Subianto "a été militaire, donc je pense qu'il peut être un vrai leader", a estimé Afhary Firnanda, employé de bureau de 28 ans, vivant dans la capitale.
Outre son président, l'Indonésie, vaste archipel de 17.000 îles, devait élire en une seule journée 580 députés et 20.000 représentants régionaux et locaux.
L'héritage de Jokowi
Candidat pour la troisième fois, Prabowo Subianto a développé une rhétorique nationaliste et populiste et s'est engagé à poursuivre la politique du président Jokowi. Les autres candidats et des mouvements étudiants ont accusé ce dernier d'avoir utilisé les ressources de l'Etat pour tenter d'influencer l'élection en faveur de son ministre.
En tant que chef des forces spéciales, Prabowo Subianto a été accusé par des ONG d'avoir ordonné l'enlèvement de militants pro-démocratie dans les années 1990, vers la fin du régime de Suharto. Il a rejeté ces accusations et n'a jamais été poursuivi.
Pour ces allégations, l'ex-militaire a été longtemps privé de visa par les Etats-Unis et l'Australie.
Mais grâce à une large présence sur les réseaux sociaux, l'homme a adouci son image auprès des jeunes Indonésiens qui ignorent souvent les accusations portées contre lui et apprécient son engagement à poursuivre la politique du très populaire Jokowi.
"Nous avons toujours eu des inquiétudes sur son vrai attachement à la démocratie", analyse Yoes Kenawas, chercheur à l'université catholique Atma Jaya de Jakarta. "S'il est élu, ces questions resteront en suspens".
Prabowo Subianto a décollé dans les sondages avec la désignation à ses côtés pour le poste de vice-président de Gibran Rakabuming Raka, 36 ans, fils aîné de Jokowi.
Théoriquement trop jeune, Gibran Rakabuming Raka n'a pu se présenter qu'à la suite d'une décision controversée de la Cour constitutionnelle, adoptée grâce au vote décisif du président de la cour, Anwar Usman, beau-frère de Joko Widodo.
Après 10 ans au pouvoir, ce dernier laissera à son successeur un pays qui connaît une croissance constante, de 5,05% en 2023, certes en léger recul par rapport aux 5,3% de 2022.
"Tous les décomptes, tous les sondages... ont montré que (le ticket) Prabowo-Gibran avait gagné en un seul tour. Cette victoire devrait être une victoire pour tous les Indonésiens", a déclaré l'ex-général, lors d'un discours prononcé dans une immense salle à Jakarta, au côté de son colistier Gibran Rakabuming Raka, fils aîné du président sortant.
Des projections placent Prabowo Subianto, grand favori avant l'élection, autour de 57% des suffrages, le plaçant ainsi en position d'être élu dès le 1er tour.
Même s'il a revendiqué la victoire pour succéder en octobre prochain à Joko Widodo à la tête de la 3e démocratie au monde, l'ex-général a indiqué qu'il attendrait le "résultat officiel" de la commission électorale, attendu pour mars.
"Nous pensons que la démocratie indonésienne fonctionne bien. Le peuple s'est déterminé, le peuple a décidé", a-t-il déclaré à des journalistes, avant d'appeler à l'unité: "Maintenant que la campagne est terminée, nous devons à nouveau nous unir".
"Je voudrais remercier les jeunes, qui sont des soutiens cruciaux", a-t-il aussi déclaré dans son discours, qu'il a conclu par une danse sur scène, clin d'œil à la scène diffusée sur TikTok qui avait été virale pendant la campagne.
Bien qu'accusé d'atteintes aux droits humains sous la dictature de Suharto (1967-1998), à la fin des années 1990, cet ancien général de 72 ans devrait donc prendre les commandes de la 1ère économie d'Asie du Sud-Est, après dix ans de pouvoir de Joko Widodo, surnommé Jokowi, qui ne pouvait plus se représenter.
Le ministre de la Défense devance largement, dans l'ordre, Anies Baswedan, ancien gouverneur de Jakarta, et Ganjar Pranowo, ex-gouverneur de Java centre.
"Nous attendons que le décompte de la Commission électorale soit terminé. Ne vous précipitez pas, détendez-vous, le chemin est encore long", a réagi Anies Baswedan.
Le camp Ganjar Pranowo a pour sa part dénoncé des fraudes "structurées, systématiques et massives" lors des élections, selon un porte-parole, sans fournir de preuves.
Pour l'emporter au premier tour, il faut obtenir plus de 50% du total des voix et au moins un cinquième des suffrages dans plus de la moitié des provinces du pays.
"Cela dépend de quelles zones proviennent les échantillons, mais avec ce genre de chiffres, je suis relativement sûr qu'il (Prabowo Subianto) n'aura pas besoin d'un deuxième tour", a déclaré Justin Hastings, professeur de relations internationales à l'Université de Sydney.
"Le soutien à Jokowi était massif. De toute évidence, il était là. L'aide sociale était distribuée par l'appareil d'État... c'est le facteur principal", a estimé Yoes Kenawas, analyste politique à l'Université catholique Atma Jaya de Jakarta.
Si une partie de la population est sensible à son discours nationaliste, la perspective de voir Prabowo Subianto accéder à la présidence a suscité des inquiétudes quant à un éventuel recul des acquis démocratiques.
"Je veux avoir un leader qui perpétuera la démocratie", avait indiqué Debbie Sianturi, consultante, avant de voter à Jakarta.
Prabowo Subianto "a été militaire, donc je pense qu'il peut être un vrai leader", a estimé Afhary Firnanda, employé de bureau de 28 ans, vivant dans la capitale.
Outre son président, l'Indonésie, vaste archipel de 17.000 îles, devait élire en une seule journée 580 députés et 20.000 représentants régionaux et locaux.
L'héritage de Jokowi
Candidat pour la troisième fois, Prabowo Subianto a développé une rhétorique nationaliste et populiste et s'est engagé à poursuivre la politique du président Jokowi. Les autres candidats et des mouvements étudiants ont accusé ce dernier d'avoir utilisé les ressources de l'Etat pour tenter d'influencer l'élection en faveur de son ministre.
En tant que chef des forces spéciales, Prabowo Subianto a été accusé par des ONG d'avoir ordonné l'enlèvement de militants pro-démocratie dans les années 1990, vers la fin du régime de Suharto. Il a rejeté ces accusations et n'a jamais été poursuivi.
Pour ces allégations, l'ex-militaire a été longtemps privé de visa par les Etats-Unis et l'Australie.
Mais grâce à une large présence sur les réseaux sociaux, l'homme a adouci son image auprès des jeunes Indonésiens qui ignorent souvent les accusations portées contre lui et apprécient son engagement à poursuivre la politique du très populaire Jokowi.
"Nous avons toujours eu des inquiétudes sur son vrai attachement à la démocratie", analyse Yoes Kenawas, chercheur à l'université catholique Atma Jaya de Jakarta. "S'il est élu, ces questions resteront en suspens".
Prabowo Subianto a décollé dans les sondages avec la désignation à ses côtés pour le poste de vice-président de Gibran Rakabuming Raka, 36 ans, fils aîné de Jokowi.
Théoriquement trop jeune, Gibran Rakabuming Raka n'a pu se présenter qu'à la suite d'une décision controversée de la Cour constitutionnelle, adoptée grâce au vote décisif du président de la cour, Anwar Usman, beau-frère de Joko Widodo.
Après 10 ans au pouvoir, ce dernier laissera à son successeur un pays qui connaît une croissance constante, de 5,05% en 2023, certes en léger recul par rapport aux 5,3% de 2022.