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Présidentielle: Macron ou Le Pen? La France vote pour un choix historique


CHANDAN KHANNA / AFP
CHANDAN KHANNA / AFP
Paris, France | AFP | dimanche 24/04/2022 - Les Français ont commencé à voter dimanche pour élire leur prochain président et choisir, comme en 2017, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le premier est favori pour un deuxième mandat. Mais jamais l'extrême droite n'a paru si proche du pouvoir, sur fond de participation en berne.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 en métropole pour ce second tour de la présidentielle et fermeront à 19h00 voire 20h00 dans les grandes villes.

Et les 48,7 millions de Français appelés à voter ne se sont pas bousculés vers les urnes, alors que les trois zones scolaires du pays sont en vacances scolaires et que l'abstention pourrait être le grand arbitre du scrutin.

Le taux de participation à midi s'élevait à midi à 26,41% soit près de deux points de moins qu'en 2017 (28,23%), lors de la première édition du duel entre M. Macron et Mme Le Pen.

Ce chiffre marque également un recul par rapport au deuxième tour des scrutins de 2012 (30,66%) et 2007 (34,11%), et tutoie celui de 2002 (26,19%), quand Jean-Marie Le Pen (FN) affrontait Jacques Chirac (RPR).

Illustration à l'école maternelle Edouard-Herriot de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), où le petit bureau de vote résonnait creux: "Les gens sont venus voter tôt, vers 08H00, pour partir en vacances dans la foulée", explique une assesseure à l'AFP.

Marine Le Pen a glissé son bulletin vers 11H00 dans son fief de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Emmanuel Macron a pris un bain de foule à la mi-journée avant de voter au Touquet (Pas-de-Calais).

Dans la matinée, Edouard Philippe au Havre, les ex-candidates Anne Hidalgo (PS) à Paris et Valérie Pécresse (LR) à Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines, ou encore le Premier ministre Jean Castex à Prades (Pyrénées-orientiales) ont été parmi les premières personnalités politiques à se rendre dans l'isoloir.

Arrivé en troisième position du 1er tour avec près de 22% des voix, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon a voté dans sa circonscription de Marseille vers 10H30, remerciant longuement tous les assesseurs présents dans cette école du IIe arrondissement.

Certains territoires d'outre-mer et Français de l'étranger ont voté dès samedi. A Saint-Pierre-et-Miquelon, la participation s'est établie à 57%, contre 54,96% lors du premier tour.

En Nouvelle-Calédonie, où l'abstention avait atteint un taux record au premier tour (66,65%), le second tour s'annonce sous les mêmes auspices. 

A 17H00, la participation était de 34,87% contre 45,44% en 2017 à la même heure, selon des chiffres du haut-commissariat de la République.

Les Français sont devant un choix historique: reconduire le président sortant, ce qui n'a encore jamais été fait, hors cohabitation, depuis l'adoption du vote au suffrage universel direct en 1962.

Ou élire une femme, ce qui serait une première, et propulser ainsi l'extrême droite à l'Elysée pour une déflagration qui résonnerait bien au-delà des frontières hexagonales, comparable au Brexit britannique et à l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis en 2016.

Une réélection d'Emmanuel Macron, 44 ans, représenterait la continuité, même si le président-candidat a promis de se renouveler en profondeur, assurant vouloir placer l'écologie au cœur de son second - et dernier - mandat.

Il doit s'exprimer devant ses partisans dimanche soir, à l'issue du scrutin, sur le Champ de Mars, au pied de la tour Eiffel.

L'arrivée de Marine Le Pen, 53 ans, aux commandes d'une puissance nucléaire, dotée d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, et force motrice de l'Union européenne serait un séisme, d'une magnitude d'autant plus élevée qu'elle s'inscrirait dans le contexte lourd d'une guerre aux portes de l'Europe.

Les derniers sondages publiés vendredi soir, avant l'entrée en vigueur de la période de réserve électorale, donnaient Emmanuel Macron favori, au-delà de la marge d'erreur. Mais très loin de son score de 2017 où, au bout d'une ascension météorique, il avait battu sa rivale par 66,1% des voix contre 33,9%.

Front contre front 

Les programmes des deux candidats proposent une vision radicalement différente sur l'Europe, l'économie, le pouvoir d'achat, les relations avec la Russie, les retraites, l'immigration, l'environnement...

Pour contrer son adversaire, Emmanuel Macron, arrivé en tête au premier tour (27,85%) avec plus de quatre points d'avance, a réactivé le "front républicain" qui semble toutefois avoir perdu de sa vigueur par rapport à 2017 et 2002.

La candidate du Rassemblement national, pour sa troisième tentative, a misé sur un autre front, le "Tout sauf Macron".

Dans l'entre-deux tours, les deux candidats ont courtisé les 7 millions d'électeurs de M. Mélenchon, en insistant sur les aspects sociaux ou populaires de leurs programmes. 

Mais les bulletins blancs et nuls pourraient aussi rebattre les cartes: 4 millions de Français avaient déjà en 2017 refusé de choisir entre les deux finalistes.

Le record d'abstention pour un second tour date de 1969 avec 31,1%.

Les électeurs seront de nouveau appelés aux urnes les 12 et 19 juin pour les législatives où le nouveau président cherchera à obtenir la majorité nécessaire pour gouverner.

Un autre "troisième tour" se prépare dans la rue où risquent de converger, sur fond d'inflation galopante, tous les insatisfaits du scrutin présidentiel, sur les braises encore chaudes de la crise des "gilets jaunes".

le Dimanche 24 Avril 2022 à 02:08 | Lu 311 fois