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Présidentielle: Macron défend l'État de droit européen, l'opposition l'étrille


BERTRAND GUAY / POOL / AFP
BERTRAND GUAY / POOL / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 19/01/2022 - La campagne présidentielle française a rattrapé Emmanuel Macron au Parlement de Strasbourg mercredi où sa défense de l'État de droit au sein de l'Europe a suscité de vives réactions du RN et d'Éric Zemmour, tandis que le candidat écologiste Yannick Jadot lui a reproché son action "climaticide".

Le débat qui a suivi le discours du chef de l'État dans l'hémicycle pour marquer le début de la présidence française du Conseil de l'Union européenne s'est rapidement transformé en joute avec les eurodéputés français présents, qui ont attaqué frontalement le président français. 

D'autant que s'ouvre désormais la période durant laquelle Emmanuel Macron, toujours pas candidat déclaré, pourrait franchir le pas, des responsables de la majorité ayant indiqué qu'il ne le ferait pas avant ce discours très attendu.

A l'eurodéputé et président du RN Jordan Bardella qui l'accusait de "faire de l'Europe l'arrière-cour de Washington, la proie de Pékin, le paillasson d'Erdogan et l'hôtel de l'Afrique", Emmanuel Macron a rétorqué que "ce n'est pas en disant méthodiquement n'importe quoi qu'on peut dire à la fin des vérités".

"Vous avez dit que l'Union européenne ne doit pas être un marchepied électoral et je pense que vous avez raison", a-t-il aussi lancé, ironique, à l'eurodéputée LFI Manon Aubry.

"Règne de l'arbitraire" 

Peu avant, il avait d'emblée mis en garde dans son discours contre les attaques visant l'État de droit, et souligné la nécessité de "partout reconvaincre les peuples qui s'en sont éloignés".

Intégration du droit à l'avortement et de la protection de l'environnement dans la Charte des droits fondamentaux de l'UE mais aussi "nouvel ordre de sécurité" avec l'Otan face à la Russie, réforme de l'espace Shengen, "révolution numérique": il a déroulé ses priorités pour une Europe ayant "les moyens de décider pour elle-même de son avenir", avant une conférence de presse dans l'après-midi.

La réaction de l'extrême droite ne s'est pas fait attendre.

"L'État de droit est devenu aujourd'hui le paravent du gouvernement des juges", a contre-attaqué le candidat d'extrême droite Reconquête! Eric Zemmour, en déplacement à Calais, reprochant à Emmanuel Macron de vouloir "imposer les valeurs du progressisme occidental" à des pays comme la Pologne et la Hongrie.

"Ce qui dérange" Emmanuel Macron, c'est que ces pays "refusent les diktats bruxellois, l'immigration massive et l'activisme LGBT", a abondé le député européen RN Nicolas Bay, alors que la candidate du RN à la présidentielle, Marine Le Pen, veut inscrire la primauté du droit français sur le droit européen dans la Constitution.

L'écologiste Yannick Jadot, seul candidat à la présidentielle à siéger à Strasbourg, a étrillé le chef de l'État sur le terrain du climat: "Vous promouvez le gaz pour sauver un nucléaire condamné à la faillite" et "vous resterez dans l'Histoire comme le président de l'inaction climatique".

Il tiendra en soirée un meeting à Strasbourg, de même que le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, qui s'est dit "déçu" par l'intervention de M. Macron, "un discours usé d'un homme usé", "pauvre" dans le contenu, "au plan social inexistant et au plan climatique à peu près autant".

Montebourg jette l'éponge 

Cette journée européenne devait pourtant pour Emmanuel Macron être l'occasion de sortir du chaudron français, où la gestion de la crise sanitaire à l'école a viré à la polémique mardi avec la révélation par Mediapart que le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, avait annoncé le protocole décrié de la rentrée de janvier depuis son lieu de villégiature à Ibiza.

Le ministre regrette "la symbolique" et "peut-être un peu une erreur", la majorité assure qu'il était tout à sa tâche, mais l'opposition continue de l'accabler, la gauche réclamant sa démission.

L'affaire tombe au plus mal pour l'exécutif, après une mobilisation massive des enseignants, avant un nouvel appel à la grève jeudi et à moins de trois mois du premier tour du 10 avril.

A gauche, le chantre de la "Remontada" Arnaud Montebourg a confirmé son retrait de la course présidentielle, actant son échec à "réunir dans un programme commun" les cinq autres candidats de gauche, au moment où la tension monte autour de la primaire populaire.

Les Insoumis ont fermement demandé mardi soir à ses organisateurs de ne plus impliquer Jean-Luc Mélenchon dans cette initiative citoyenne dont le vote est prévu du 27 au 30 janvier. Ils dénoncent une démarche "insincère" qui "instrumentalise les aspirations au rassemblement" de la gauche.

A droite, la candidate LR Valérie Pécresse continue, elle, de labourer le terrain, à Cahors (Lot) ce mercredi.

le Mercredi 19 Janvier 2022 à 06:27 | Lu 286 fois