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Préparateur de vanille : un métier qui s’apprend


Des apprentis préparateurs en atelier de tri.
Des apprentis préparateurs en atelier de tri.
15 apprentis préparateurs de vanille ont participé durant quatre jours (du 28 au 31 août) à une formation organisée par l’Epic Vanille Tahiti, à l’hôtel Intercontinental de Faa’a. C’est la première fois que l’établissement public, Vanille Tahiti, organisait cette session de formation qui est la suite logique de la structuration, de l’organisation et de la professionnalisation de la filière. En effet, afin de garantir un haut niveau de qualité de la vanille de Tahiti, le métier de préparateur de vanille est réglementé et tout préparateur doit être titulaire d’un brevet de préparateur de vanille délivré par le ministère de l’agriculture après réussite d’un examen professionnel. Les stagiaires de cette première session de formation, qui ont notamment été encadrés par Guillaume Lecoz (médaille d’or au concours agricole national en 2011) passeront leur examen le 27 septembre prochain. Hier, les stagiaires ont reçu la visite du président du Conseil d’administration de Vanille Tahiti, Kalani Teixeira, également ministre de l’agriculture. Il n’a pas hésité à se joindre à l’atelier pratique des stagiaires pour masser les gousses de vanille ou les trier en fonction de leur taille. Il entend continuer à soutenir le développement de la filière, en installant durablement la vanille de Tahiti dans le secteur des produits de luxe (lire son interview en encadré).

La diversité des parcours des stagiaires de cette première session est importante : ils sont avocats, retraités, agriculteurs et veulent se lancer dans la commercialisation de la vanille après sa préparation, or selon la réglementation en vigueur, seuls les préparateurs brevetés peuvent en acheter. «Il nous a fallu 10 ans de travail au sein de Tahiti Vanille, créé en 2003 pour arriver à une organisation complète de la filière explique Tatiana Hart, directrice de l’établissement. Nous nous sommes d’abord concentrés sur la production, puis sur des recherches sur les caractéristiques aromatiques de la vanille locale et sur les méthodes de préparation. La dernière phase est l’accompagnement des professionnels vers la qualité souhaitée. Le but est clairement d’avoir une qualité de vanille homogène et particulièrement élevée». La vanille de Tahiti vient, dans cette continuité, d’être inscrite comme appellation d’origine Polynésie française (voir en encadré).

L’atelier pratique installé durant deux jours (jeudi 30 et vendredi 31 août) dans les jardins de l’hôtel Intercontinental Resort Tahiti a été l’occasion d’une promotion et d’une vente de vanille de Tahiti et de produits dérivés aux touristes présents dans l’établissement hôtelier, attirés par le parfum inégalé de centaines de gousses de vanille, en train de sécher au soleil, ou en session de massage (10 passages sont nécessaires) entre les mains des apprentis préparateurs.

Kalani Teixeira «la vanille de Tahiti est un produit de luxe »

Kalani Teixeira (à droite). A gauche, Guillaume Lecoz
Kalani Teixeira (à droite). A gauche, Guillaume Lecoz
La vanille de Tahiti est-elle un bon produit à l’exportation ?

Selon les derniers chiffres de l’IEOM (Institut d’émission d’Outre-Mer) les exportations de vanille de Tahiti ont progressé de 36% entre 2010 et 2011. Une progression qui parle d’elle-même. Il y a un marché qui s’ouvre pour la Polynésie. C’est aussi vrai en terme de prix : les prix à la coupe ont quasiment doublé passant de 2 800 Fcfp à 5 000 Fcfp aujourd’hui. Cela va créer un engouement. J’ai vu, lors d’un séjour dernièrement aux Îles sous le vent, un regain d’activité. Il y a, actuellement environ 900 familles qui vivent de la culture de la vanille, on peut espérer doubler ce chiffre avec une politique claire du Pays.

La vanille pourrait être un palliatif de l’unique ressource touristique de la Polynésie française ?

Non, le développement de la filière de la vanille est lié au tourisme. C’est pourquoi ce n’est pas anodin quand je dis que la vanille de Tahiti est un produit de luxe. Les touristes qui sentent la vanille de Tahiti vont avoir envie de visiter une exploitation, voir comment elle est préparée… Et puis cela génère également du tourisme gastronomique.

Sur le marché mondial, vous avez à combattre la concurrence de gros producteurs. Comment vous positionnez-vous par rapport, par exemple, à la vanille de Madagascar ?

Il faut comparer ce qui est comparable. Nous nous inscrivons dans une démarche tout autre que celle de l’industrialisation de masse. On ne va pas tergiverser : notre vanille est un produit de luxe, haut de gamme et nous visons ces marchés. On ne peut pas se placer sur des marchés trop vastes : notre pays est isolé et il est important que nous gardions notre qualité. Par exemple, les gousses de vanille fraîches doivent être massées à la main dix fois : cela mérite un prix !


Ce qui a été accompli pour la filière vanille peut-il l’être sur d’autres produits ?


On élargira peut-être l’Epic Tahiti Vanille à d’autres produits, en visant là-aussi des produits hauts de gamme. Cela pourrait se faire, par exemple, pour l’huile de coco vierge de Polynésie ou l’huile de tamanu. Avec là aussi un travail de formation, de promotion. Pourquoi ne pas imaginer un outil pluridisciplinaire sur d’autres produits de notre terroir. Nous avons pas mal d’essences rares à mettre en valeur.


La vanille en AOPF

Les gousses sont triées en fonction de leur taille
Les gousses sont triées en fonction de leur taille
La vanille de Tahiti est désormais une appellation d’origine Polynésie française. La publication au journal officiel (JOPF) a été actée le 2 août dernier. Cette AOPF sera officialisée en novembre 2012 car il y a un délai de trois mois à respecter. Une fois cette appellation locale obtenue, l’Epic Vanille Tahiti ira à Paris pour obtenir une reconnaissance nationale de cette appellation, puis une protection du terroir au plan européen.

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 31 Août 2012 à 11:38 | Lu 2534 fois