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Pour les soignants venus en renfort en Martinique, la "peur que cela continue"


ALAIN JOCARD / AFP
ALAIN JOCARD / AFP
Fort-de-France, France | AFP | mercredi 01/09/2021 - "On a peur que cela continue". Comme plusieurs autres soignants venus en renfort, Léa, interne en médecine au centre hospitalier de Lyon, quitte la Martinique secouée par ce qu'elle y a vu et inquiète pour la suite sur l'île antillaise, frappée de plein fouet par l'épidémie de Covid-19.

Avant de repartir en métropole mardi, la professionnelle de santé de 27 ans décrit le chaos dans lequel elle a été plongée à son arrivée quinze jours plus tôt. "Les patients qui arrivaient dans mon service, ils étaient presque tous aux urgences depuis au moins 36 heures. Il y avait des patients très lourds qui avaient énormément besoin d'oxygène, qui auraient dû aller dans des services plus lourds mais qui ne pouvaient pas, car il n'y avait pas de place. Être autant submergé de patients graves, moi je n'avais jamais vu ça."

Dans son service qui dispose de 18 lits, elle a assisté, impuissante, à de nombreux drames familiaux. "J'ai vu une famille où il y avait 3 générations malades, la grand-mère qui est décédée, la mère qui était malade et le petit-fils de 24 ans qui était hospitalisé", se souvient-elle.

François, médecin généraliste à Angers, avoue être "un peu sidéré" après son séjour. "C'était éprouvant humainement parlant, de voir des gens dans une telle détresse familiale. Il y a eu des clusters familiaux, avec plusieurs membres d'une même famille concernés par la question de la mort".

Le médecin de 51 ans a été affecté à l'hôpital Mangot Vulcin au Lamentin, dans un service d'accueil Covid de 29 lits, avec "un turnover important" et "pas de lits vides", explique-t-il.

Sébastien Couraud, chef du service de pneumologie à l'hôpital Lyon Sud, était chargé de mettre en place des lits d'oxygénothérapie haut débit, une technique qui permet de traiter les personnes qui n'ont pas immédiatement accès à la réanimation. 

Alors qu'il s'apprête à prendre l'avion, le médecin partage sa satisfaction. "Maintenant, il faut tenir dans la durée. Il faut des renforts, car premièrement on a augmenté les capacités du CHU, deuxièmement les collègues du CHU ont besoin de repos, ils travaillent sans relâche depuis 6 semaines", dit-il.

Réservistes, solidarité nationale, pompiers: le ministre de la Santé, Olivier Véran, a lancé dimanche un nouvel appel aux professionnels de santé vivant en métropole pour venir soutenir les équipes locales en Outre-mer. De nouveaux renforts étaient attendus en Martinique mercredi.

le Mercredi 1 Septembre 2021 à 08:30 | Lu 399 fois