Paris, France | AFP | dimanche 19/06/2022 - En n'obtenant dimanche soir qu'une petite majorité relative des sièges à l'Assemblée nationale (220 à 240 sièges selon les instituts de sondage), la macronie est confrontée à un scénario catastrophe, contrainte de rechercher en permanence des alliances lors de la législature qui s'ouvre.
Loin de la majorité absolue (289 sièges) que certains proches d'Emmanuel Macron espéraient toujours obtenir ces derniers jours, La République en marche et ses alliés MoDem et Horizons ont enregistré une contre-performance inédite: la plus petite majorité de la Ve République, si faible qu'elle ouvre des questionnements institutionnels.
Comment, avec environ 220 députés, Emmanuel Macron peut-il espérer faire voter les réformes de son programme présidentiel?
La lame de fond a même failli emporter sa Première ministre, Elisabeth Borne, mal élue dans le Calvados en recueillant 52,46% des suffrages dimanche soir.
Est-elle sur la sellette? Personne, dans la majorité, n'imaginait son départ avant dimanche soir, tant la symbolique d'une cheffe du gouvernement débarquée à peine un mois après sa nomination semblait désastreuse auprès de l'opinion.
Le gouvernement est déjà promis à un remaniement: certains de ses membres, candidats malheureux dimanche, sont démissionnaires d'office selon une règle tacite imposée par l'Élysée, à l'image des ministres de la Transition écologique Amélie de Montchalin et de la Santé Brigitte Bourguignon, ou encore de la secrétaire d'État chargée de la Mer, Justine Bénin, toutes trois battues.
Coup de tonnerre: Le président sortant de l'Assemblée, Richard Ferrand, est battu, tout comme Christophe Castaner, président sortant du groupe LREM, ainsi que son homologue du MoDem.
Les membres du gouvernement Olivier Dussopt, Damien Abad, Marc Fesneau, Gérald Darmanin et Franck Riester ont en revanche été réélus députés.
Selon deux sondages Ifop, les ministres Stanislas Guerini et Clément Beaune sont donnés gagnants à Paris.
Pari également réussi pour plusieurs proches d'Edouard Philippe, dont Agnès Firmin-Le Bodo, Frédéric Valletoux et Thomas Mesnier, de même qu'Eric Woerth, le marcheur Sacha Houlié et les anciens ministres Joël Giraud et Brigitte Klinkert.
L'enjeu pour la macronie est désormais de constituer une équipe gouvernementale capable de remporter un vote de confiance devant la nouvelle Assemblée. "On composera avec tous ceux qui veulent faire avancer le pays", a déjà commenté la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire.
Olivier Véran, le ministre des Relations avec le Parlement, donné réélu dans l'Isère par un sondage Ifop, a par ailleurs assuré sur TF1 pouvoir "construire très vite une majorité pour qu'elle devienne absolue à l'Assemblée nationale".
Reste que les seuls élus divers gauche, divers centre et divers droite, même avec l'appui de parlementaires UDI, ne pourraient permettre d'atteindre le seuil des 289, laissant entrevoir une négociation à venir avec Les Républicains, qui se rêvent faiseurs de roi. A moins que la coalition de gauche (Nupes) n'explose prématurément, qui pourrait conduire des élus du Parti socialiste à participer à une nouvelle majorité - un scénario toutefois jugé fort improbable en l'état.
Dissolution
Si la claque est sévère pour la macronie, elle était redoutée par nombre de ses lieutenants, qui avaient mis en garde contre une campagne jugée défensive, sans éléments de programme identifiables, si ce n'est l'impopulaire réforme des retraites.
En retardant la nomination du gouvernement à la mi-mai, trois semaines après sa réélection, Emmanuel Macron avait pris le risque de laisser un espace considérable à Jean-Luc Mélenchon, candidat auto-proclamé à Matignon, et dont la dynamique de campagne n'a cessé de croître jusqu'au jour du scrutin.
Si les plus optimistes de la macronie pariaient sur un sursaut emmené par le président de la République, notamment entre les deux-tours, le déplacement d'Emmanuel Macron en Ukraine n'a pas eu l'effet escompté.
La fin de campagne, électrisée par les invectives et une dramatisation du scrutin, marquée par le cafouillage des consignes de vote lors des duels RN/Nupes, renvoyés dos-à-dos par certains pontes de la macronie, a achevé de créer le trouble au sein de la majorité, autant que chez un électorat qui s'est illustré dimanche par un très fort taux d'abstention.
La nouvelle Assemblée nationale s'annonce difficilement gérable, avec un cartel des gauches et le Rassemblement national qui, à eux deux, pourraient représenter la moitié de l'Hémicycle. Et donc voter une motion de censure qui obligerait à la démission du gouvernement.
Loin de la majorité relative de Michel Rocard de 1988 (275 députés), qui était parvenue à faire voter ses textes grâce à l'appoint de députés centristes ou ultra-marins, quitte à recourir à l'article 49.3, la nouvelle majorité étriquée de la macronie devra rivaliser d'ingéniosité et de conviction pour espérer faire voter ses textes.
A défaut, il reste à Emmanuel Macron une dernière arme, hautement risquée: la dissolution de l'Assemblée nationale, prérogative que lui garantit l'article 12 de la Constitution.
Loin de la majorité absolue (289 sièges) que certains proches d'Emmanuel Macron espéraient toujours obtenir ces derniers jours, La République en marche et ses alliés MoDem et Horizons ont enregistré une contre-performance inédite: la plus petite majorité de la Ve République, si faible qu'elle ouvre des questionnements institutionnels.
Comment, avec environ 220 députés, Emmanuel Macron peut-il espérer faire voter les réformes de son programme présidentiel?
La lame de fond a même failli emporter sa Première ministre, Elisabeth Borne, mal élue dans le Calvados en recueillant 52,46% des suffrages dimanche soir.
Est-elle sur la sellette? Personne, dans la majorité, n'imaginait son départ avant dimanche soir, tant la symbolique d'une cheffe du gouvernement débarquée à peine un mois après sa nomination semblait désastreuse auprès de l'opinion.
Le gouvernement est déjà promis à un remaniement: certains de ses membres, candidats malheureux dimanche, sont démissionnaires d'office selon une règle tacite imposée par l'Élysée, à l'image des ministres de la Transition écologique Amélie de Montchalin et de la Santé Brigitte Bourguignon, ou encore de la secrétaire d'État chargée de la Mer, Justine Bénin, toutes trois battues.
Coup de tonnerre: Le président sortant de l'Assemblée, Richard Ferrand, est battu, tout comme Christophe Castaner, président sortant du groupe LREM, ainsi que son homologue du MoDem.
Les membres du gouvernement Olivier Dussopt, Damien Abad, Marc Fesneau, Gérald Darmanin et Franck Riester ont en revanche été réélus députés.
Selon deux sondages Ifop, les ministres Stanislas Guerini et Clément Beaune sont donnés gagnants à Paris.
Pari également réussi pour plusieurs proches d'Edouard Philippe, dont Agnès Firmin-Le Bodo, Frédéric Valletoux et Thomas Mesnier, de même qu'Eric Woerth, le marcheur Sacha Houlié et les anciens ministres Joël Giraud et Brigitte Klinkert.
L'enjeu pour la macronie est désormais de constituer une équipe gouvernementale capable de remporter un vote de confiance devant la nouvelle Assemblée. "On composera avec tous ceux qui veulent faire avancer le pays", a déjà commenté la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire.
Olivier Véran, le ministre des Relations avec le Parlement, donné réélu dans l'Isère par un sondage Ifop, a par ailleurs assuré sur TF1 pouvoir "construire très vite une majorité pour qu'elle devienne absolue à l'Assemblée nationale".
Reste que les seuls élus divers gauche, divers centre et divers droite, même avec l'appui de parlementaires UDI, ne pourraient permettre d'atteindre le seuil des 289, laissant entrevoir une négociation à venir avec Les Républicains, qui se rêvent faiseurs de roi. A moins que la coalition de gauche (Nupes) n'explose prématurément, qui pourrait conduire des élus du Parti socialiste à participer à une nouvelle majorité - un scénario toutefois jugé fort improbable en l'état.
Dissolution
Si la claque est sévère pour la macronie, elle était redoutée par nombre de ses lieutenants, qui avaient mis en garde contre une campagne jugée défensive, sans éléments de programme identifiables, si ce n'est l'impopulaire réforme des retraites.
En retardant la nomination du gouvernement à la mi-mai, trois semaines après sa réélection, Emmanuel Macron avait pris le risque de laisser un espace considérable à Jean-Luc Mélenchon, candidat auto-proclamé à Matignon, et dont la dynamique de campagne n'a cessé de croître jusqu'au jour du scrutin.
Si les plus optimistes de la macronie pariaient sur un sursaut emmené par le président de la République, notamment entre les deux-tours, le déplacement d'Emmanuel Macron en Ukraine n'a pas eu l'effet escompté.
La fin de campagne, électrisée par les invectives et une dramatisation du scrutin, marquée par le cafouillage des consignes de vote lors des duels RN/Nupes, renvoyés dos-à-dos par certains pontes de la macronie, a achevé de créer le trouble au sein de la majorité, autant que chez un électorat qui s'est illustré dimanche par un très fort taux d'abstention.
La nouvelle Assemblée nationale s'annonce difficilement gérable, avec un cartel des gauches et le Rassemblement national qui, à eux deux, pourraient représenter la moitié de l'Hémicycle. Et donc voter une motion de censure qui obligerait à la démission du gouvernement.
Loin de la majorité relative de Michel Rocard de 1988 (275 députés), qui était parvenue à faire voter ses textes grâce à l'appoint de députés centristes ou ultra-marins, quitte à recourir à l'article 49.3, la nouvelle majorité étriquée de la macronie devra rivaliser d'ingéniosité et de conviction pour espérer faire voter ses textes.
A défaut, il reste à Emmanuel Macron une dernière arme, hautement risquée: la dissolution de l'Assemblée nationale, prérogative que lui garantit l'article 12 de la Constitution.