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Pour Nuihau Laurey, être président "peut devenir une réalité"


© Désiré Teivao
© Désiré Teivao
Tahiti, le 16 avril 2023 - Avec 14,53% des suffrages recueillis, la liste A Here ia Porinetia menée par Nuihau Laurey se maintient pour le second tour des élections territoriales. Nuihau Laurey, qui ne veut pas que les électeurs choisissent entre autonomie et indépendance, souhaite représenter une alternative, celle de la troisième voie. Il veut croire que devenir président de la Polynésie "peut devenir une réalité".

Est-ce que vous vous attendiez à un tel score ?
“On souhaitait en tout cas un tel score, c'est tout le travail collectif qui a porté ses fruits. On a aussi un mode de scrutin qui est compliqué, il faut passer la barre des 12,5% pour arriver au second tour. On est vraiment satisfait, et on n'est surtout pas prisonnier d'un choix. On veut surtout offrir une alternative, une troisième voie. Là, les discours que j'entends, c'est 'il faut choisir l'autonomie ou l'indépendance'. Mais on n'a pas à voter pour l'autonomie ou l'indépendance. Nous, on est la 3e voie. On a proposé 50 mesures pour changer le système politique, limiter les mandats, réduire le nombre de représentants à l'assemblée, ce n'est pas pour continuer avec le Tapura comme c'est le cas depuis presque dix ans maintenant. Et de l'autre côté, l'indépendance, on ne sait pas vraiment ce qu'il y a derrière le programme du Tavini. Donc on n'est pas prisonnier d'un choix et on veut offrir à la Polynésie une 3e voie.”
 
Quelle sera votre stratégie pour le second tour ?
“C'est de convaincre ceux qui ne sont pas encore convaincus que nous sommes la 3e voie. Tous disent ce n'était pas le débat de l'autonomie et de l'indépendance, c'est un débat de programmes. Et on est les seuls à proposer un programme qui change vraiment la vie politique et la vie économique. Les questions des tractations et des fusions de liste, on n'est absolument pas dans ça. On va se retrouver avec tout le conseil politique, demain, pour discuter des résultats et élaborer la stratégie pour les deux semaines qui viennent.”
 
La stratégie du Tapura avec Édouard Fritch, c'est de mettre sur sa liste les tāvana...
“On a bien vu que ça ne marchait pas dans toutes les communes où les tāvana qui ont perdu. J'ai entendu le ministre qui est venu porter la parole du Tapura, que soi-disant tout allait bien, que la situation financière était bonne, qu'ils avaient bien géré le Pays. Si c'était le cas, ils n'auraient pas eu ce score ce soir. Donc il y a un vrai rejet. Mais il ne faut pas choisir entre le Tapura et le Tavini, il faut choisir la 3e voix, c'est A Here ia Porinetia.”
 
Le Tavini arrive en tête dans beaucoup de communes, c'était un vote sanction par rapport au Tapura ?
“C'était un vote sanction, mais il ne faut pas oublier non plus que le Tavini existe depuis 46 ans. Nous, on a créé A Here ia Porinetia il y a un peu plus d'un an et on arrive à être au 2nd tour d'une élection comme celle-là. Donc c'est un vrai résultat. Et il nous reste deux semaines pour convaincre que nous sommes la 3e voie, c'est ce qu'on doit faire pendant ces deux semaines. J'entendais Édouard Fritch demander aux autonomistes de se rassembler. Mais se rassembler sur quoi ? On n'a rien de commun. Quand on voit la gestion de la crise sanitaire, le non-respect de la loi, le clientélisme et l'assistanat depuis deux mois, nous on n'a rien à voir avec ça, ce n'est pas ça l'autonomie. Rassembler avec cette vision de la société, nous, jamais.”
 
Ils disent aussi que ça la division des autonomistes qui fait qu'aujourd'hui, le Tavini est en tête dans beaucoup de communes. Qu'en pensez-vous ?
“C'est la gestion du Pays par Édouard Fritch depuis le Covid qui conduit à ça. C'est lui, c'est son bilan, c'est sa responsabilité.”
 
Vous allez rencontrer le Amuitahira'a ou Ia Ora te Nuna'a pour qu'il y ait un report de voix sur vous ?
“On a été confronté à ça aux élections législatives et on a fait le choix de donner la liberté de vote à nos électeurs. On n'est pas propriétaires des voix. Les gens ont voté pour le A Here parce qu'ils croient en notre programme mais on ne va pas demander de mettre telles voix ici ou là, on est contre ce système politique donc on ne va pas négocier ou marchander avec qui que ce soit. Mais les chefs de parti vont donner des consignes de vote, c'est à eux de prendre leurs responsabilités. Les gens doivent être libres d'aller voter selon leurs convictions.”
 
Nuihau président, c'est un rêve ?
“Si on arrive à convaincre la population pendant ces deux semaines, ça peut devenir une réalité.”

Rédigé par Propos recueillis par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 17 Avril 2023 à 01:26 | Lu 4640 fois