Tahiti Infos

Port : des revendications salariales impossibles à satisfaire


Port : des revendications salariales impossibles à satisfaire
PAPEETE, vendredi 16 août 2013. Mario Banner le directeur du port autonome révèle que des revendications de hausse des salaires font partie des demandes des grévistes. La sécurité des usagers du port ne serait pas le seul motif de mobilisation. Depuis quinze jours que le port est en situation de blocage, son directeur ne peut que constater que tout reste au point mort. «Pour l’instant il n’y a aucune négociation en cours» expliquait Mario Banner ce vendredi à la mi journée.

Selon le tout dernier comptage qu’il a effectué, la grève sur la zone portuaire repose sur une poignée de personnes : quinze grévistes dans les rangs des personnels du port autonome et 170 grévistes également dans les rangs du personnel des trois sociétés privées d’acconage qui travaillent sur place. Le directeur du port n’a véritablement sous sa responsabilité que les discussions avec les agents du port autonome. Mais celles-ci sont toujours aussi mal engagées après deux semaines passées à jouer au chat et à la souris.

D’autant que les revendications que le personnel du port entend négocier au cours de ce conflit social ne s’appuieraient pas uniquement sur des questions de sécurité. La mise en avant de la prévention «des dangers réels qui menacent les usagers et l’environnement du port de Papeete» selon la formulation utilisée par le syndicat CSTP/FO dans un courrier envoyé au haut-commissaire le 7 août dernier, cacherait d’autres exigences, plus matérielles. «Ils ne le disent pas publiquement, mais ils réclament 30% de leurs émoluments alors que les agents du port disposent d’une grille salariale très confortable qui a déjà mis en alerte la Chambre territoriale des comptes. Jamais je ne leur donnerai satisfaction sur de telles demandes».

En octobre 2012, dans un rapport sur la gestion du port autonome de Papeete pour les années 2004 et 2010, la Chambre territoriale des comptes (CTC) avait noté une augmentation annuelle de la masse salariale de 7,6% en moyenne au cours de ces six années. La CTC mettait en avant les dérives «des mécanismes de revalorisation des bases de rémunération» à corriger absolument pour ne pas dégrader les finances du port. Or, en 2012, les frais de personnel ont encore augmenté de 9,96% (au total 1,1 milliard de Fcfp), en raison des indemnités de départ versées à 14 agents quittant le port et en raison du versement d’une provision pour congés payés.

Les agents du port autonome ont cependant sans doute entendu que le port autonome de Papeete est en bonnes conditions financières. De fait, l’exercice 2012 a terminé avec un excédent de 445 millions de Fcfp et le fonds de roulement augmente d’autant. Il passe désormais à 2,5 milliards de Fcfp. «C’est la 2e année consécutive que nous terminons l’exercice avec un excédent. Le port est l’un des rares établissements publics du Pays –avec l’OPT- à être dans cette situation» se félicite Mario Banner. Le compte financier 2012 du port autonome a été approuvé par le gouvernement et sera présenté sous peu aux élus de l’assemblée territoriale.

Un satisfecit qui ne met pas cependant en relief certaines difficultés du port. Certes, le résultat financier est positif car l’établissement est désormais désendetté. Mais le résultat d’exploitation de 2012 diminue quand même d’un bon tiers par rapport à 2011 : 187 millions de Fcfp en moins dans les caisses du port du fait du ralentissement général de l’activité économique. Bref le port se porte encore bien, et va pouvoir financer, sur ses fonds propres, dès 2014-2015 son nouveau dock flottant. Mais l’équilibre reste fragile et les revendications salariales portées par certains agents ne cadreront pas avec ce besoin de maintenir la ligne de flottaison, au moins à son niveau actuel.



Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 16 Août 2013 à 16:10 | Lu 2523 fois