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Pomare demande à Hollande la "libération" des détenus polynésiens


Wilfrid Pomare avec le courrier qu’il destine au Président Hollande pour demander la remise gracieuse de peine des détenus polynésiens condamnés à moins de 10 ans de prison.
Wilfrid Pomare avec le courrier qu’il destine au Président Hollande pour demander la remise gracieuse de peine des détenus polynésiens condamnés à moins de 10 ans de prison.
PIRAE, 1er février 2016 - Un courrier adressé par Wilfrid Pomare au Président de la République demande la remise gracieuse de peine pour les détenus polynésiens condamnés à moins de 10 ans de prison.

Le lieu de rendez-vous est inhabituel, à l’ombre sur le bas-côté de la route qui longe l’hippodrome de Pirae. Les deux avant-bras posés sur l’arrière de la benne de son vieux pick-up, chemise rouge à fleurs, t-shirt vert pâle, Wilfrid Pomare attend la presse, un bloc-notes en main. L'invitation a été fixée par email trois heures plus tôt, vers 7 heures du matin lundi. En langage télégraphique : "Accueil François Hollande. Point presse 10h. Objet : Elargissement grâce présidentielle à la Polynésie au même titre que Jacqueline Sauvage".

Jacqueline Sauvage, femme battue reconnue coupable du meurtre de son mari, et condamné à 10 ans de prison en 2012, a obtenue d'être en partie graciée par François Hollande, dimanche soir, après que cette demande ait été soutenue par plus de 350 000 pétitionnaires.

Pour Tahiti, l’invitation est insolite. Arrivé sur place, la presse ne se bouscule pas. Un outil de jardinage à moteur va imprimer un bourdonnement tenace pendant toute l’entrevue. Mais Wilfrid Pomare est souriant et d’assez bonne humeur. On entre vite dans le cœur du sujet : Qu’entend-il lorsqu’il évoque un élargissement de la grâce présidentielle à la Polynésie ? En réponse, il lit la "lettre ouverte", manuscrite à l'encre bleue sur une page de son calepin : "(…) d’accorder à tous les Polynésiens pensionnaires de Nuutania ou incarcérés en métropole, condamnés à 10 ans de prison ou moins, la même grâce. C’est-à-dire leur libération conditionnelle immédiate, pour mettre fin à leur privation de liberté ; ainsi que de l’ensemble de la période de sûreté qu’il leur reste à accomplir. Leur retour près de leur famille, dans le respect de l’autorité judiciaire. Faisons honneur à votre humanité. Je vous prie de croire, M. le Président de la République, l’assurance de ma considération distinguée. Wilfrid Pomare".

L’instant est solennel. L'homme a l’air très sérieux. Il a pris la peine, dès le début de l’entrevue, de préciser que c’est ainsi – plaqué dans une écriture acérée, sans égard pour le lecteur, au stylo sur une feuille de bloc-notes format A5 – que le courrier serait transmis au Président de la République. On lui demande donc s’il croit en sa démarche : "Je ne suis pas inscrit chez le docteur Amadeo (psychiatre, ndlr), moi hein ?!", rétorque-t-il. "Je ne tire pas sur le paka, comme euh, comme… La police française me connait très bien. Non, je pense qu’il n’y a pas de souci à ce niveau-là. (…) Je suis Prince quand même de mon pays, pour ne pas dire héritier de la couronne tahitienne. Je ne veux pas signer « Prince » parce qu’on est en République : c’est plus que sérieux. C’est plus que sérieux ! Moi, je défends à ma manière mon pays et le Polynésien. Je respecte les institutions et c’est la raison pour laquelle je vous ai invité à venir. (…) Les élections présidentielles approchent et il est vrai que… il faut faire bouger les choses. Pour ma part j’estime que j’ai mon mot à dire pour ce qui arrive à mon pays, qui est la Polynésie".

A l'invitation de la journaliste du quotidien de la Fautaua, la discussion a ensuite assez vite été orientée sur l'avenir de l'hippodrome de Pirae, l'habituel "dada" de Wilfrid Pomare.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 1 Février 2016 à 14:48 | Lu 2829 fois