LA HAYE, 17 nov 2012 (AFP) - Deux sexologues néerlandais ont proposé de légaliser la pédopornographie virtuelle, pour canaliser les pulsions sexuelles de certains pédophiles, une idée qui a suscité de vives critiques et sur laquelle le ministre de la Justice est appelé à se prononcer.
Erik van Beek et Rik van Lunsen, sexologues de l'hôpital universitaire d'Amsterdam (AMC), ont suggéré, fin octobre dans les pages du quotidien protestant Trouw, d'ouvrir un débat sur le sujet.
"Si l'on produit de la pédopornographie virtuelle sous le strict contrôle du gouvernement avec une sorte de label montrant de manière claire qu'aucun enfant n'a été abusé, on peut offrir aux pédophiles une manière de réguler leurs pulsions sexuelles", soutient à l'AFP M. Van Beek.
Illégale aux Pays-Bas depuis 2002, la création, diffusion et possession de pédopornographie virtuelle, qui comprend aussi bien des dessins animés que des images de synthèse et des montages photos, est passible d'une peine de quatre ans de prison, tout comme la pédopornographie traditionnelle.
La Plateforme de signalement de la pédopornographie sur internet aux Pays-Bas a transmis aux autorités 4.600 signalements susceptibles de concerner des faits illégaux en 2011, quatre fois plus qu'en 2010 (plus de 1.200).
"Je pense que mettre ses fantasmes sous pression peut mener à de la frustration et, au final, pour certains groupes de pédophiles, à de plus grandes chances de faire quelque chose de mal", assure Erik van Beek.
Dans les médias ou sur les blogs internet, les réactions ont été nombreuses, allant de la désapprobation, la plupart du temps, aux remarques empruntes d'un pragmatisme tout néerlandais, plus rarement.
"Je trouve que ce n'est vraiment pas une bonne idée", a martelé Gerdi Verbeet, ancienne présidente du parlement néerlandais, lors d'un débat sur le sujet à la télévision publique néerlandaise. "Cela représente une responsabilité énorme pour le gouvernement".
Face à elle, le journaliste spécialiste de la criminalité Peter de Vries a affirmé penser que la proposition "pourrait fonctionner", tout en y voyant certaines épineuses questions pratiques: "jusqu'où cela devra-t-il aller (pour fonctionner, ndlr)? A quel point les images doivent-elles être réalistes?"
Sur les forums de discussions, les nombreux commentaires témoignent souvent d'un rejet, voire d'un dégoût, vis-à-vis de la proposition. "Ne faites pas cela à nos enfants!", "Proposition absurde", s'emportent certains. "Pourquoi le pédophile n'utilise-t-il tout simplement pas son imagination pour créer dans sa tête son fantasme préféré?", s'interroge un autre.
"La proposition n'apporte pas grand-chose et pour certaines personnes, cela augmente clairement la probabilité qu'elles passent à l'acte (abus sexuel, ndlr)", explique à l'AFP le psychothérapeute spécialisé Jules Mulder, de la clinique De Waag.
Il avait précédemment assuré dans les médias néerlandais que les pédophiles ont des goûts très spécifiques, certains cherchant des "enfants ayant des rapports sexuels" et d'autres "des photos d'un garçon de huit ans aux cheveux noirs qui a regard particulier". "On ne peut pas satisfaire tous ces différents goûts avec un peu de pornographie virtuelle".
Une députée a officiellement demandé son opinion sur ce sujet controversé au ministre de la Justice Ivo Opstelten, qui devrait s'exprimer par écrit dans les prochains jours dans une lettre aux députés.
"On est responsable de nos actes, pas de nos pensées"
Les deux sexologues ont conscience d'avoir jeté un pavé dans la mare et voient mal comment leur proposition pourrait être acceptée et mise en place à court ou moyen terme, mais ils souhaitent briser certains tabous.
"Dans le cadre du débat public, on ne fait pas assez la différence entre les pédophiles +sains+, des personnes qui ne sont pas pédosexuellement actives, et d'un autre côté (...) les pédosexuels délinquants", affirme à l'AFP Rik van Lunsen.
La plupart des pédophiles qui viennent le consulter ont un "grand sentiment de culpabilité", ont parfois tenté de se suicider et lui demandent de faire en sorte qu'ils ne seront jamais tentés d'abuser des enfants, assure-t-il.
Environ 1% des quelque 16,5 millions de Néerlandais a des préférences pédophiles, principalement des hommes, estime Erik van Beek, mais seule une infime partie d'entre eux commettront des abus sexuels sur des enfants.
"C'est une proposition courageuse. (...) Ils brisent un tabou énorme", a réagi l'anthropologue néerlandais Jos de Mul, de l'Université Erasme de Rotterdam, interrogé dans le quotidien Trouw quelques jours après la proposition des deux sexologues.
La branche néerlandaise de l'ONG Defence for Children s'est pour sa part prononcée contre la proposition de MM. Van Beek et Van Lunsen. "Il est préférable d'apprendre aux pédophiles à se contrôler d'une autre manière".
Erik van Beek et Rik van Lunsen, sexologues de l'hôpital universitaire d'Amsterdam (AMC), ont suggéré, fin octobre dans les pages du quotidien protestant Trouw, d'ouvrir un débat sur le sujet.
"Si l'on produit de la pédopornographie virtuelle sous le strict contrôle du gouvernement avec une sorte de label montrant de manière claire qu'aucun enfant n'a été abusé, on peut offrir aux pédophiles une manière de réguler leurs pulsions sexuelles", soutient à l'AFP M. Van Beek.
Illégale aux Pays-Bas depuis 2002, la création, diffusion et possession de pédopornographie virtuelle, qui comprend aussi bien des dessins animés que des images de synthèse et des montages photos, est passible d'une peine de quatre ans de prison, tout comme la pédopornographie traditionnelle.
La Plateforme de signalement de la pédopornographie sur internet aux Pays-Bas a transmis aux autorités 4.600 signalements susceptibles de concerner des faits illégaux en 2011, quatre fois plus qu'en 2010 (plus de 1.200).
"Je pense que mettre ses fantasmes sous pression peut mener à de la frustration et, au final, pour certains groupes de pédophiles, à de plus grandes chances de faire quelque chose de mal", assure Erik van Beek.
Dans les médias ou sur les blogs internet, les réactions ont été nombreuses, allant de la désapprobation, la plupart du temps, aux remarques empruntes d'un pragmatisme tout néerlandais, plus rarement.
"Je trouve que ce n'est vraiment pas une bonne idée", a martelé Gerdi Verbeet, ancienne présidente du parlement néerlandais, lors d'un débat sur le sujet à la télévision publique néerlandaise. "Cela représente une responsabilité énorme pour le gouvernement".
Face à elle, le journaliste spécialiste de la criminalité Peter de Vries a affirmé penser que la proposition "pourrait fonctionner", tout en y voyant certaines épineuses questions pratiques: "jusqu'où cela devra-t-il aller (pour fonctionner, ndlr)? A quel point les images doivent-elles être réalistes?"
Sur les forums de discussions, les nombreux commentaires témoignent souvent d'un rejet, voire d'un dégoût, vis-à-vis de la proposition. "Ne faites pas cela à nos enfants!", "Proposition absurde", s'emportent certains. "Pourquoi le pédophile n'utilise-t-il tout simplement pas son imagination pour créer dans sa tête son fantasme préféré?", s'interroge un autre.
"La proposition n'apporte pas grand-chose et pour certaines personnes, cela augmente clairement la probabilité qu'elles passent à l'acte (abus sexuel, ndlr)", explique à l'AFP le psychothérapeute spécialisé Jules Mulder, de la clinique De Waag.
Il avait précédemment assuré dans les médias néerlandais que les pédophiles ont des goûts très spécifiques, certains cherchant des "enfants ayant des rapports sexuels" et d'autres "des photos d'un garçon de huit ans aux cheveux noirs qui a regard particulier". "On ne peut pas satisfaire tous ces différents goûts avec un peu de pornographie virtuelle".
Une députée a officiellement demandé son opinion sur ce sujet controversé au ministre de la Justice Ivo Opstelten, qui devrait s'exprimer par écrit dans les prochains jours dans une lettre aux députés.
"On est responsable de nos actes, pas de nos pensées"
Les deux sexologues ont conscience d'avoir jeté un pavé dans la mare et voient mal comment leur proposition pourrait être acceptée et mise en place à court ou moyen terme, mais ils souhaitent briser certains tabous.
"Dans le cadre du débat public, on ne fait pas assez la différence entre les pédophiles +sains+, des personnes qui ne sont pas pédosexuellement actives, et d'un autre côté (...) les pédosexuels délinquants", affirme à l'AFP Rik van Lunsen.
La plupart des pédophiles qui viennent le consulter ont un "grand sentiment de culpabilité", ont parfois tenté de se suicider et lui demandent de faire en sorte qu'ils ne seront jamais tentés d'abuser des enfants, assure-t-il.
Environ 1% des quelque 16,5 millions de Néerlandais a des préférences pédophiles, principalement des hommes, estime Erik van Beek, mais seule une infime partie d'entre eux commettront des abus sexuels sur des enfants.
"C'est une proposition courageuse. (...) Ils brisent un tabou énorme", a réagi l'anthropologue néerlandais Jos de Mul, de l'Université Erasme de Rotterdam, interrogé dans le quotidien Trouw quelques jours après la proposition des deux sexologues.
La branche néerlandaise de l'ONG Defence for Children s'est pour sa part prononcée contre la proposition de MM. Van Beek et Van Lunsen. "Il est préférable d'apprendre aux pédophiles à se contrôler d'une autre manière".