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Plus de départs que d'arrivées au Fenua


L'ISPF est catégorique : le solde migratoire demeure déficitaire pour la période 2017-2022.
L'ISPF est catégorique : le solde migratoire demeure déficitaire pour la période 2017-2022.
Tahiti, le 23 janvier 2025 - Dans sa dernière étude, l'Institut de la statistique de la Polynésie française fait une nouvelle fois état d'un solde migratoire apparent déficitaire entre 2017 et 2022. En revanche, du côté des arrivants, l'institut constate un retour important des natifs de Polynésie, souvent plus diplômés et bénéficiant d'une meilleure insertion professionnelle. 
 
Le sujet fait débat sur la toile. Entre les ressentis des uns et les convictions des autres, difficile d'y voir clair concernant le nombre de personnes venant s'installer en Polynésie. Pour autant, la dernière étude de l'Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF) est catégorique : Le solde migratoire apparent demeure déficitaire. Julie Pasquier, démographe à l'ISPF explique : “Le solde migratoire, c'est la différence que l'on obtient entre les gens qui sont partis, qui ont quitté le territoire, et les personnes qui arrivent sur le territoire. Les résultats des études dont nous parlons aujourd'hui concernent la période intercensitaire de 2017 à 2022. Ce solde migratoire est déficitaire depuis la période 2002-2007. Cela fait donc un moment. En revanche il ne se creuse pas vraiment, il reste assez stable sur la durée.” Concrètement, l'institut constate qu'entre 2017 et 2022, 20.900 personnes ont quitté le territoire polynésien et 14.050 personnes s'y sont installées, soit un solde migratoire négatif de 1.350 personnes par an. En revanche, l'ISPF souligne : “La population locale continue d'augmenter malgré la baisse du solde migratoire. Le solde naturel [différence entre les naissances et les décès, NDLR] restant supérieur au déficit migratoire.”
 
Des départs toujours plus nombreux
 
Entre 2017 et 2022, ce sont environ 4.150 personnes qui ont quitté la Polynésie française chaque année. Un nombre important puisqu'au cours des différentes périodes intercensitaires [période entre deux recensements, NDLR] ce dernier est passé de 2.400 entre 1996 et 2002, à 3.800 entre 2007 et 2012, pour finalement atteindre plus de 4.000 entre 2017 et 2022. Une hausse des départs largement nourrie par une jeunesse en quête d'ailleurs : “Nous avons des départs qui sont assez massifs entre 18 et 30 ans, en particulier entre 21 et 24 ans puisqu’un quart des jeunes de cette tranche d'âge quitte le territoire”, relève Julie Pasquier. “Et, en effet, si on fait le parallèle avec l'étude qui a été faite sur les élèves de terminal, il y a un désir de départ qui est assez fort. Pas toujours systématique, des retours sont bien souvent envisagés d'ailleurs, donc ces départs s'expliqueraient par les études, la recherche d'emploi ou les départs pour l'armée.”
 
Mais si les résultats et cette analyse pouvaient être attendus, l'étude a également permis de soulever quelques interrogations : “On a une vague de départ parmi les 40-49 ans”, s'étonne presque la démographe de l'ISPF. “Elle est beaucoup moins marquée que chez les jeunes, mais ce sont tout de même 7% des 40-49 ans qui sont partis entre 2017 et 2022. Malheureusement on n'interroge pas les gens à l'aéroport donc il est difficile d'identifier les raisons de ces départs. Aujourd'hui, nous ne sommes pas en mesure de les expliquer.”
 
Les Polynésiens diplômés de retour
 
Si les départs sont plus nombreux, du côté des arrivées quelques résultats interpellent. “On a beaucoup plus d'informations sur les arrivants. On sait qu'ils sont plus diplômés que la population qui se trouve déjà sur le territoire puisque 85% de ces arrivants ont le bac ou un diplôme supérieur au bac. Ces derniers trouvent plus facilement un emploi, ce qui est d'autant plus vrai lorsqu'ils sont natifs de Polynésie.” Des arrivants natifs qui, ces dernières années, sont de plus en plus nombreux. En effet, parmi les 14.050 personnes arrivées en Polynésie française entre 2017 et 2022, 2.150 sont nées au Fenua, soit 15% des arrivants. Ce qui représente une augmentation significative de 32% entre les périodes 2012-2017 et 2017-2022. De plus, ces personnes natives de Polynésie française et largement diplômées ont majoritairement entre 25 et 39 an, et trouvent plus facilement du travail : “Parmi les diplômés du supérieur, la part des cadres atteint 45% des arrivants, de la même façon pour les personnes natives et non-natives”, assure l'ISPF tout en précisant que “pour les mêmes niveaux de diplôme, les personnes natives occupent plus fréquemment des emplois d'artisans, commerçants ou chefs d'entreprise”. Une bonne nouvelle pour l'emploi local.

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 23 Janvier 2025 à 14:32 | Lu 3621 fois